AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 1991 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout est dit dans ce récit, dévoré d'une traite. Etre une fille ou une femme : toute une aventure.

Même ce que peut en dire notre langue est remarquable, dans sa pauvreté lexicale pour définir une bonne moitié de l'humanité, et dans le machisme des règles grammaticales. Camille Laurens ne laisse passer aucun manquement, tant les mots sont le reflet de la place accordée aux femmes dans la société. C'est l'occasion de pointer du doigt des anomalies que l'on ne relèverait pas, tant l'habitude et les automatismes nous en cachent le sens profond.

Dans ce récit qui débute à la fin des années cinquante, on découvre l'univers de Laurence, ni pitoyable ni exceptionnel, père médecin, mère au foyer. Mais dès le départ, à sa naissance, c'est clair que la déception est là « une fille, c'est bien aussi. », même si l'ainée a hérité d'un prénom épicène. Laurence naît sous le signe la double déconvenue.

De l'enfance à la maturité et à la condition de mère à son tour, l'auteur décline tous les chapitres qui marquent l'évolution d'un destin ordinaire mais aussi du regard de la société sur le statut de la femme. Et les contradictions et ambiguïtés que masque un progrès paradoxal.

Etre fille, femme, mère, autant d'étapes cruciales que certains événements ont marquées au fer rouge : agressions sexuelles, perte d'un enfant, déconvenues amoureuses.

La génération née au 21è siècle saura-t-elle faire la part des choses et affirmer bien haut sa liberté et son indépendance. C'est ce que laisse entendre la dernière partie.


Très belle écriture, et magnifique récit, premier coup de coeur de 2021 !

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          1251
Laurence Barraqué naît dans les années soixante dans une famille où un garçon est attendu.
Camille Laurens nous livre son parcours de "fille" et elle nous en donne tous les sens du terme avec émotion et humour, dans un style étonnant, très agréable à lire.
Dans sa petite enfance, elle emploie la première personne pour présenter sa famille.
Son père, médecin, a peu de respect pour sa mère.
Sa mère, ménagère, coquette et infidèle, est entourée affectivement et financièrement par sa mère et sa grand-mère.
Les deux filles, Claude et Laurence évoluent dans un milieu rassurant jusqu'au jour où, à la campagne, Laurence vit un évènement traumatisant.
Elle pourra le raconter mais les femmes de la famille veulent absolument taire le fait.
A partir de ce moment, le monde devient plus réel et Laurence utilise la narration à la troisième personne en parlant d'elle.
Se déroule alors son adolescence où elle se rapproche de Claude, sa soeur et aussi des garçons.
J'ai beaucoup aimé le moment où le père des deux filles leur fait une leçon d'éducation sexuelle avec le seul but qu'elles se préservent pour le mariage. Il m'est devenu soudain beaucoup plus sympathique de par son implication envers ses filles.
La réflexion de l'auteure au sujet des filles qui se préservent et des garçons qui se forgent une expérience, sur le rôle de la femme aussi qui a sans cesse besoin de la protection de son mari ressortent très fort dans le livre.
On chemine dans le livre jusqu'au point fort où Laurence , devenue femme, dialogue avec sa fille : un point très important du livre.
Un très beau roman qui a prolongé ma réflexion sur ma condition de "femme" .
Commenter  J’apprécie          982
Laurence est née dans les années 50. Ses parents, enfin surtout son père, auraient préféré un garçon. Normal Laurence a déjà une soeur. Mais est-ce si normal ? Comme le dira plus tard Christian, le mari de Laurence, devant leur nouveau-né fille : Une fille c'est bien aussi, pour se reprendre aussitôt et ajouter : une fille c'est aussi bien...

Une fille née à une époque où les femmes sont par la loi (insupportablement) dépendantes de leur mari (pour ouvrir un compte en banque, travailler etc.) est presque par force en porte-à-faux avec son statut de fille. Un statut qui s'il a évolué n'est pas à l'égal de celui des hommes aujourd'hui encore. C'est ce que raconte Camille Laurens, avec tout le talent qu'on lui connaît, irrésistiblement crue, incisive, émouvante et drôle.

« Parfois je trouve un homme qui comprend qu'être à quatre pattes dans un lit ne signifie pas qu'on l'est dans la vie. Mais c'est rare. »
Commenter  J’apprécie          836
En toute décontraction, j'ai commencé la lecture de fille de Camille Laurens… pourtant une amie babéliote, m'avait prévenue !

Tout d'abord, j'ai été subjuguée par l'écriture de cette auteure, sa précision, sa maîtrise, elle joue avec les mots, elle bouscule et elle nous amène au goût amer d'une mère et surtout d'un père qui aurait préféré au moins un garçon.

Quand la vie, donne deux filles à la famille Barraqué, on imagine vu le portrait du père médecin, qu'il n'aurait pas été gêné que la cadette s'enroule le cordon autour du cou…

Laurence va prendre cher, d'être née fille, abusée par son oncle en toute impunité, elle va être en quête d'absolu pour vivre son enfance pour plaire à ses parents, elle est sous la domination de ce père si imposant et face à cette mère, si tolérante qui banalise. Laurence oscille entre l'empreinte protectrice et destructrice de ce père.

Elle va d'abord engendrer la mort avant de pouvoir donner la vie. Je n'en dévoilerai pas plus.

Cette histoire a été pour moi pesante, j'ai fait un saut dans mon passé auquel je ne m'attendais pas.

Alors oui, je dois en convenir je suis sortie de ma zone de confort, et j'ai bu ses paroles dans la deuxième partie du livre, bouleversée aux larmes.

Je me suis interrogée sur la transmission à nos enfants, sur le poids de notre passé qui peut rejaillir sur notre descendance et ses conséquences pour leur vie.

Il n'y a pas de parents parfaits, la difficulté réside dans notre capacité à s'affranchir de l'emprise, du joug qui nous fait courber l'échine, de la culpabilité de vouloir être libre d'être une femme.

L'admiration de nos parents se mêle souvent à la colère de ne pas avoir été l'enfant que nous aurions voulu être à leur yeux. C'est un long chemin d'acceptation et de deuils.

C'est pointure souffrance, mais à un moment il faut parvenir à retirer nos souliers qui nous enserrent pieds et poings liés. La fille en attente d'un père, d'une mère est prête à tout pour transformer ce lien en cordage d'amour.

Etre libre de l'amour de nos parents, c'est se délivrer de toutes nos attentes, de cet héritage de les avoir idéalisés au regard duquel nous devions être une fille parfaite à défaut d'être née garçon.
Commenter  J’apprécie          7614

'J' ai lu Fille de Camille Laurens il y a plus d'un mois déjà, j'ai vu passer beaucoup de posts à son sujet alors qu'en dire de plus ?

Juste que si ma fille était un peu plus âgée, je mettrai ce livre sur le pouf qui est juste à côté de son lit et je lui dirai :

"Lis le, pour comprendre quelle était la place de la femme dans les années 60 et comment en se battant, elle peut évoluer. Pas de compte bancaire, pas de possiblité de faire un chèque, la nécessité de demander l'autorisation de son mari pour travailler il n'y a pas si longtemps;"

" Lis le, parce que la plume de Camille Laurens est à la fois drôle et juste, parce qu'elle sait si bien souligner l'importance du langage et de l'éducation sur la position des filles dans la société. "

"Lis le, parce que si l'histoire se répète souvent, ce roman raconte l'émancipation des femmes et que je compte sur toi pour continuer à affirmer ta liberté et ne jamais te laisser dicter ta tenue, ton comportement ou ton rôle."

Peut être qu'elle le lira dans quelques années et qu'elle se souviendra de ce conseil...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          732
Pour être parfaitement honnête, je ne suis pas une fan de Camille Laurens:Ces bras-là, lu il y a longtemps me l'avaient assez injustement fait cataloguer dans les auto biographies ou auto fictions narcissico-exhibitionnistes dans le goût du jour, qui généralement m'exaspèrent parce qu'elles me donnent un sentiment de voyeurisme et, si elles se lisent effectivement facilement, n'apportent pas grand chose à la littérature. Mais il ne faut jamais juger un écrivain sur un livre. J'ai trouvé Fille dans une librairie comme je les aime, où les livres sur les étagères et sur les présentoirs sont les fruits d'un choix et d'une passion et dessinent le portrait en creux du ou de la libraire. La boutique, attenante à un café alternatif lui aussi très sympa, allait fermer. Fille me tendait les bras, au milieu de plein de titres rares, peu connus mais que j'avais lus et adorés. Un signe ! J'ai donc redonné sa chance à Camille Laurens et ne l'ai pas regretté.

Fille est un très bon bouquin. L'autofiction y sert plus de trame que de sujet. L'entrée de lecture principale est le féminin dans tous ses états. de la naissance à l'âge adulte, du bébé à la femme, de la fille à la mère, de la vierge à l'amante, de la jeune à la vieille, de la solitaire à l'abandonnée, de la fidèle à la libertine.

Et l'ecrivain, avec rigueur, humour, cruauté et intransigeance, élabore tout un lexique, toute une grammaire de la féminité.

Rien que la polysémie du mot- titre est tout un programme.

La fille à force de servir à tout ne se définit par rien. Sa naissance est une déception, un pis aller. Son parcours, une série d'épreuves qu'elle est contrainte par son entourage d' intérioriser- l'agression sexuelle patente , tout enfant, par un proche coutumier du fait , l'avortement tardif et traumatisant, la perte d'un enfant à cause de l'erreur médicale d'un médecin imposé par ses parents- sans espérer en obtenir réparation, sans même avoir le droit d'en parler.

Certes le constat est à présent très légèrement obsolète... Et être fille, ici, depuis quelque temps est sans doute un peu plus facile ou plus gratifiant.. Mais les filles nées à la fin des années 50 sont les grands mères d'aujourd'hui. Tout cela n'est pas si loin. Et pour parodier Aragon, rien n'est jamais acquis à la fille et quand elle croit ouvrir ses ailes, patatras !.. Voyez les femmes américaines contraintes de repartir pour un combat qu'elles ont cru gagné depuis des décennies !

J'ai lu Fille d'une traite, avec intérêt, avec empathie, avec joie et parfois avec colère.

Non, il ne faut pas juger un écrivain sur un livre, et celui-ci, intelligent, sensible, critique m'a réconciliée avec son auteure dont j'ai depuis découvert d'autres facettes. Mais chaque chose en son temps, Fille est un livre que toutes les filles devraient lire...et pas mal de garçons aussi !

Commenter  J’apprécie          6710
« C'est une fille. »
« Il y a quelques secondes, elle ou il, tout restait possible, la grammaire rêvassait toujours son paysage, à présent on t'a coupé les ailes. »

Ce roman inclassable (Autofiction? Roman à thèse? Roman d'apprentissage?) déploie, à partir d'une subjectivité assumée, une authentique réflexion sur ce qu'implique le fait de naître fille à l'aube des années soixante. Ça implique, et ce quel que soit le potentiel de départ, un avenir tronqué, une existence étriquée, diminuée, ça implique d'être du côté de l'attente et de l'obéissance (aux règles, à la nature, aux parents, aux hommes), bref, ça implique d'être plus déterminée que libre.

Déjà, pour commencer, le sexe du nouveau-né est une incommensurable source de déception pour l'entourage. Juste avant sa sortie du ventre maternel, tous les espoirs étaient permis. La seconde d'après, c'est fini. Les dés en sont jetés. Ça n'est qu'une fille et on se console comme on peut : « Les filles, c'est bien aussi. »
Tout le monde est déçu, mais le plus déçu de tous, c'est de loin et sans conteste le père, personnage qui, sous des dehors bonhommes, est d'une insupportable condescendance à l'égard des femmes, de la sienne pour commencer, et de ses filles comme il se doit. Misogyne, même si le mot n'est jamais prononcé. C'est par lui, essentiellement et avant tout autre, que Laurence, double de l'auteure, intériorise très tôt le fait d'être « moins » :
« Tout ce qui est féminin déçoit, déchoit, elle le sait désormais. »
C'est lui qui, à la question « Vous avez des enfants? », livre cette réponse édifiante : « Non. J'ai deux filles. » C'est encore lui qui, évoquant ses filles avec des inconnus, affirme que ce sont des sacrées garces, quand elles s'y mettent.
« Garce. le mot revient et la hante. C'est une injure. »
C'est encore lui qui, en tant qu'homme et médecin, explique doctement à ses filles comment fonctionnent leur corps et leurs humeurs. Une parfaite illustration du « mansplaining », un terme popularisé par la féministe Rebecca Solnit désignant le fait, pour un homme, d'expliquer à une femme, sur un ton sentencieux de préférence, ce qu'elle sait déjà, voire ce qu'elle sait mieux que lui. Sauf que chez le père de Laurence, cela va plus loin. Ses explications, non contentes de n'éclairer en rien la lanterne de son interlocutrice, véhiculent les clichés les plus éculés au sujet des femmes :
« Les filles, en effet, sont régies par la lune. Leur cycle suit le sien, vingt-huit, trente jours, c'est pourquoi elles sont d'humeur changeante, ce qu'on appelle « lunatiques », elles ne sont pas vraiment libres, elles dépendent beaucoup de la nature. »
C'est encore et toujours lui qui, des années plus tard, pour des raisons obscures mêlant morgue médicale, esprit de corps et réflexe mondain, convainc sa fille, à sept mois de grossesse et au prix d'un mensonge inique, de troquer sa gynécologue contre un jeune médecin accoucheur inexpérimenté mais aux idées bien arrêtées, un homme aussi empathique qu'une borne kilométrique. Et c'est le drame.

« C'est la leçon de choses la plus cruelle dont tu aies jamais eu à subir le scénario, celui-là tu n'aurais pas pu l'imaginer. ».
Mais le plus grave n'est pas là. le plus grave, « c'est d'être quelqu'un qui ne choisit pas, qu'on manipule, le jouet d'un mensonge, l'objet d'une machination, l'enjeu d'un accord tacite, une personne dont le sort, la vie, le malheur et la joie se décident à côté d'elle, en dehors d'elle, malgré elle, chez les parents, les maîtres et les hommes. »
Le plus grave, c'est de ne pas se révolter, de ne pas faire valoir ses droits légitimes, le plus grave, c'est de continuer à sourire, docile et consentante, comme on le lui a inculqué depuis qu'elle est toute petite. Il n'y a pas trente-six façons de se faire aimer quand on naît fille dans une famille où tout le monde espérait un garçon. La place de rebelle est déjà occupée par la soeur aînée. Elle opte donc assez naturellement pour « petite fille modèle », discrète, obéissante, enfermant en elle à double tour ses angoisses et ses démons.
« Tu te fais de plus en plus petite en grandissant, tu ne veux pas déranger, ni constater qu'on ne se dérange plus pour toi. »
Ne pas faire de vagues, sourire en toutes circonstances, bien obéir à ses parents en particulier, aux adultes en général. C'est d'ailleurs ce qu'elle fera, sourire et ne surtout pas faire de vagues, quand, lors d'un été à La Chaux, tonton Félix glissera ses doigts terreux entre ses cuisses « fourrageant dans son short comme si c'était sa poche ». Elle a dix ans.

« Fille » est le récit d'un cheminement intérieur. Celui d'une fille, puis d'une femme qui, longtemps empêtrée dans les représentations éculées d'une féminité honteuse, voit soudain ses oeillères tomber, tout un monde des possibles s'ouvrir devant elle, et cela par la grâce d'une toute petite phrase prononcée par Alice, sa fille unique et adorée.
« Parfois, il suffit d'une phrase pour faire tomber des monuments. Donjon d'effroi, remparts de honte, la tour s'écroule dont on était à la fois la prisonnière et la geôlière, et d'un seul coup c'est plein soleil, c'en est fini des meurtrières. »
Finie la peur, finie l'angoisse qui lui lacère le ventre, finie la honte d'être née fille. J'avoue avoir longtemps attendu ce moment où la narratrice, enfin, s'aime en tant que femme. Ayant connu la chance de naître du côté face de la féminité, d'avoir été fêtée, choyée en tant que fille, en tant qu'enfant tout court, j'ai eu parfois du mal à me projeter en Laurence. Ce qui ne m'a pas empêchée de trouver ce livre remarquable de la première à la dernière ligne. Eclairant sans aucun doute. Salutaire, très probablement. Un livre de femme s'adressant à toutes les femmes, et aux hommes aussi :

« Il faut prendre la phrase et la recueillir, la sauver, répéter le mot de passe, le transmettre et ne jamais l'oublier. « Tu as raison, ma chérie, ai-je dit, c'est merveilleux, une fille. »
Commenter  J’apprécie          6119
Je ne connaissais pas Camille Laurens mais je peux vous assurer qu'après la lecture de ce livre, je vais regarder de plus près ses autres romans ! Quelle claque !

Elle nous raconte ici, avec quelques touches autobiographiques, la venue de la deuxième fille de la famille Barraqué, dans les années 60. le père est dépité… encore une fille ! Mais comment va-t-on l'appeler ? L'aînée a déjà un prénom épicène, Claude. Tant pis, ce sera Laurence. Quand on pense que l'un des amis vient d'être papa d'un petit garçon… quelle honte !

Vous l'aurez compris, ce livre va nous faire voir de l'intérieur comment une fille pouvait être considérée dans certaines familles. Celui-ci me touche d'autant plus que cela me rappelle des choses entendues et vécues dans mon enfance. Non, ce n'était pas l'apanage des années 60 seulement !
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          574
Bien fait pour toi ! Tu croyais ne pas aimer, tu étais restée sur un a-priori qui remontait à... à quoi, à quand, tu ne savais même plus. Et puis, cet entretien télévisuel avec cette auteure t'a plu, a bousculé tes certitudes et tu t'es dit pourquoi pas ? Et tu t'es laissé faire, tu as osé lire Camille Laurens. Et c'est bien fait pour toi parce que tu as adoré.
Son écriture t'a prise aux sentiments, aux émotions, aux tripes. Parfois, tu t'es sentie visée par ses propos. Tu cherchais une réponse, ta réponse parmi ses mots. Parfois, tu as trouvé un sens ou un début de sens. Mais chaque vie a son parcours, chaque vie est une histoire. le copier-coller n'existe pas en humanité, il s'en approche parfois et peut aider. Car c'est vrai qu'il y a des livres qui aident à grandir, à voir le monde autrement, à apprendre. Diable comme la littérature peut être captivante, soignante, libératrice aussi !

Fille, c'est d'abord l'histoire du mot et de ce que la langue française associe au genre, souvent très dévalorisant et dévalorisé.
Fille, c'est aussi l'histoire de Camille Barraqué née en 1959 dans une famille bourgeoise à Rouen. Père médecin et mère au foyer. On attendait un garçon et c'est encore une fille qui arrive...
Fille, c'est encore l'évolution du regard sur la femme depuis les années 60 jusqu'à aujourd'hui en croisant les thèmes de la sexualité, de l'inceste, de la contraception, de l'avortement, de l'accouchement, du deuil et de l'amour.
Enfin, fille c'est un questionnement sur la quête d'une identité et la construction de soi. C'est autant un récit intime que sociologique.

Fille, combien pèse ce mot ?
Commenter  J’apprécie          5315
Le livre de camille Laurence m'a immédiatement rappelé une histoire qui circule dans ma famille.
À la naissance de son troisième enfant, mon père a reçu de la part de sa mère (ma grand-mère) une montre en cadeau de consolation car elle pensait qu'il aurait ENCORE une fille !!!
Et puis les petites phrases, les remarques du père de Laurence, la narratrice, ont fait écho à celles que ma soeur et moi avons pu entendre en étant enfants puis adolescentes. Phrases qui étaient pour nous des sujets d'agacement, voire de révolte.
Ce livre autobiographique (?) est truffé de références psychanalytiques et j'aime beaucoup. Ce récit devrait paraitre complètement daté mais même s'il y a eu des progrès et que la pensée est moins archaïque, tout n'est pas révolu loin de là !
Certaines remarques ou anecdotes font sourire d'autres beaucoup moins.
La première partie de ce récit concerne la naissance puis l'enfance de Laurence et donc la difficulté d'être fille lorsque son propre père attend et ne désire qu'une chose avoir un fils, la deuxième partie va tourner autour d'un drame qui donne un ton beaucoup plus tragique à ce récit.

Camille Laurence ne condamne pas les hommes dans leur ensemble, elle pointe l'ignominie de certains, l'humour qui peut être déplacé et blesser, des phrases misogynes qui font mal.
Ce récit devrait être étudié au lycée, les débats seraient sans aucun doute riches et passionnés.
Commenter  J’apprécie          441




Lecteurs (4175) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1430 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..