Fille

Laurence nait fille dans les années 60 à Rouen. Et cette différence chromosomique va impacter sa vie. D'autant plus que son père médecin a toujours rêvé d'avoir un garçon.

Dans ce roman, Camille Laurens ne prend aucune pincette, elle aborde tous les sujets : la violence, l'inceste, la sexualité, l'accouchement, les agressions, l'IVG… Avec une franchise absolue.
Les propos peuvent paraitre crus voir violents, ils peuvent mettre mal à l'aise mais il ne sont que le témoin d'une société où les violences faites aux femmes sont banalisées voir normales. On apprend pas aux garçons à se méfier du monde hostile, on ne demande pas à un garçon comment il était habillé lors de son agression, on apprend pas aux garçons à se réserver sous peine de passer pour un garçon facile…
Je pense que le forme choisie par l'autrice est essentielle pour une véritable prise de conscience.

Pour ma part, j'ai été marquée par le constat fait sur l'éducation des filles. Même si les moeurs évoluent, il est certain que l'on éduque toujours pas les garçons et les filles de la même manière.

« Et les garçons, eux, que font-ils pour nous séduire? Je cherche, je ne trouve pas. Ils ont le droit d'être eux-mêmes, sans artifices. »

Il est difficile de ne pas trouver trace dans sa propre histoire de cette éducation différenciée qui se fait très souvent de manière insidieuse et la plupart du temps par l'entourage féminin.
Le paraître, la soumissions et la docilité prennent racine tout au long de l'enfance.
On ne demande pas aux filles d'être présentes, de s'affirmer, on les éduques plutôt à être présentable. L'art de contenter tout le monde sans faire de vagues.

Une fois femme, parvenir à déplaire et à se moquer du regard des autres nécessite du temps et de l'énergie. La société évolue mais le combat n'est pas gagné. Ce livre est une belle arme. Ce n'est pas un roman, c'est une pichenette mise derrière la tête. À mettre entre toutes les mains.
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Les conditions des filles dans les années 50

Remarquable.

Avant même d'avoir fini ce livre, je me disais déjà que c'était un roman "puissant", et je me suis rendue compte que je ne l'avais jamais utilisé auparavant pour parler d'un bouquin, et pourtant, pour celui-ci, je ne trouve pas un adjectif plus approprié. C'est un roman féministe et féminin, sur ce que c'est qu'être une femme, que de voir la femme, d'aimer des femmes, de tous les amours possibles...Il y aura certains chez qui ce livre retentira plus que d'autres, mais j'aimerais le conseiller à tous. C'est un roman à la fois beau et horrible par tous les sujets qu'il aborde (l'amour, le genre, le viol...) et la manière dont il les aborde : tantôt très sec, cynique, avec un ton qui coupe, parfois qui choque presque ; tantôt plus doux, plus calme. du début à la fin, Camille Laurens utilise sa plume marquante pour évoquer des tabous, dénoncer les inégalités entre les genres, faire ouvrir les yeux sur les aspects misogynes de nos sociétés, ancienne et actuelle, en contant des faits qui sont aussi atroces et injustes que réels.