Acheté en 2018 lors d'un salon littéraire local, ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai pris le temps de lire ce livre au sein duquel l'auteure
Isabelle le Boulanger présente et documente utilement Les Mémoires d'
Henriette le Belzic, résistante déportée entre novembre 1941 et avril 1945.
Un témoignage de plus me direz-vous, mais un témoignage néanmoins intéressant puisqu'il concerne non pas une femme déportée pour son appartenance à la religion juive, mais une femme déportée pour ses opinions politiques et son opposition active à l'invasion nazie au travers de faits de résistance.
Les déportés "politiques" (communistes, résistants, objecteurs de conscience...) étaient porteurs du fameux triangle rouge qui, certes, était censé les garantir de traitements extrêmes (à savoir, le passage direct par la case chambre à gaz) même si la hiérarchie SS du camp et les autres kapos ne se privaient pas de tout faire pour casser leur résistance, les affamer, les battre, les punir parfois jusqu'à la mort (on verra que très peu de ces femmes déportées reviendront).
Ces déportés avaient, à l'intérieur des camps, un statut quelque peu à part. D'une part, ils entraient dans le champ de l'appellation dite "Nuit et Brouillard" (ou NN) qui tendait, une fois jugés, à les rendre invisibles aux yeux de leurs familles et des institutions (pas de courriers, pas de colis, pas de suivi selon les transferts) et d'autre part, ils cultivaient vis-à-vis de l'administration des camps, autant que faire se peut, le refus d'obéissance (tout faire pour ne pas travailler, pour saboter quand ils étaient forcés de travailler, tout faire pour tenir jusqu'au bout) et tentaient de mettre en place entre eux une solidarité loin de faire l'unanimité dans les autres catégories de populations déportées.
Pouvoir suivre Henriette le Belzic dans l'enchaînement des circonstances qui l'ont amenée jusqu'à son procès et à sa déportation renseigne utilement sur les risques très importants que prenaient ces résistants engagés dans l'action contre l'ennemi, sur ses conditions de détention en France et en Allemagne, mais aussi témoigne de la difficulté à ne pas être dénoncée (tant par des collaborateurs extérieurs au réseau que par des autres membres du réseau soumis à la torture).
Pouvoir suivre Henriette dans son quotidien dans les camps allemands (et ils seront nombreux !) renseigne, une fois de plus, de l'horrible réalité de cette annihilation de masse, orchestrée par un pays dit "civilisé", qui a conduit des êtres humains au rang de bêtes pour tenter de survivre.
La fin des Mémoires évoque les conditions de la libération de ces prisonnières par la Croix Rouge suisse le 22 avril 1945 et la façon dont Henriette le Belzic a pu retrouver à la fois sa région et ses proches.
Pour ma part, je n'ai rien appris de bien nouveau, mais j'ai apprécié connaître ce pan de l'histoire personnelle de l'intéressée mais aussi ce pan de l'histoire de la Résistance bretonne. Au-delà du récit, les commentaires détaillés fournis par
Isabelle le Boulanger permettent de rendre hommage à de nombreux résistants, souvent méconnus, mais aussi de donner des détails "pratiques" sur l'organisation des différents camps, dont certains sont moins connus que d'autres.
Un petit livre (85 pages) qu'il faut lire pour sa culture personnelle et partager pour les plus jeunes, pour NE JAMAIS OUBLIER et faire en sorte que perdure, sur notre territoire national, la capacité de dire "non" à l'oppression, que l'ennemi vienne de l'extérieur ou de l'intérieur !