L'écrivain de marine
Dominique le Brun nous livre une biographie réussie du grand explorateur polaire Jean-Baptiste Charcot, né en 1867, un homme qui est allé au bout de ses rêves.
On y découvre l'enfant, déjà pris par la mer à l'âge de 3 ans lors d'une traversée de la Manche avec ses parents, curieux et jamais résigné face aux objections des adultes, leur lançant tel un défi son fameux "Et pourquoi pas ?". Mais si le petit Jean-Baptiste manifeste très précocement sa passion pour les bateaux, construisant son premier Pourquoi pas ? avec une caisse à savon gréée d'un torchon à l'âge de 5 ans, il devra attendre le décès de son père avant de commencer à effectuer de véritables croisières d'exploration scientifique. Entretemps, le jeune garçon se sera montré extrêmement obéissant, suivant les traces de son père médecin devenu célèbre pour sa découverte de la maladie de Charcot. Une fois médecin, Jean-Baptiste se livrera à quelques régates de loisir dont il se lassera rapidement avant de se lancer enfin dans la construction de plusieurs goélettes, toutes nommées Pourquoi pas ?, patiemment réfléchies et améliorées qui l'emmènent aux îles Féroé, aux Shetlands, en Islande, entre 1901 et 1902.
Cette fois, ça y est, Jean-Baptiste Charcot ne rêve plus que de voyages d'exploration en hautes latitudes. En 1903, pendant qu'il prépare son navire pour une exploration vers le Spitzberg et la mer de Barents, un coup du sort va transformer son destin. le navire l'Antarctic de l'explorateur suédois Nordenskjöld est en difficultés : Charcot change ses projets et se porte volontaire pour le rechercher en Péninsule Antarctique. Cette première grande expédition scientifique de la France en Antarctique sera couronnée de succès en raison de la quantité astronomique de données et échantillons collectés (75 caisses encore exploitées aujourd'hui par le Museum d'Histoire Naturelle) et de la cartographie d'un bon millier de côtes jusqu'alors inconnues ! Devenu célèbre, Charcot n'aura plus de difficultés à réunir les fonds nécessaires pour ses expéditions suivantes qu'il multipliera dans les eaux australes puis boréales jusqu'à un âge avancé, jusqu'au naufrage de son dernier Pourquoi pas ? en 1936 au large de Reykjavik.
Cette passionnante biographie nous offre le portrait magnifique d'un homme profondément humaniste, toujours préoccupé par le bien-être de son équipage, qui ne tuait les phoques que par nécessité afin de ne pas tomber malade du scorbut. Il ne tira aucune gloire de sa célébrité mais au contraire transmis son savoir et sa passion des pôles à des plus jeunes que lui comme
Raymond Rallier du Baty ou
Paul-Emile Victor.
Un grand homme !
Challenge multi-défis 2021