AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 475 notes
UN POLAR ÉCRIT A L'ENCRE NOIRE.
Trois personnages paumés en plein chaos ont des trajectoires qui se croisent : l' inspecteur Jourdan, policier au bout du rouleau, triste et coléreux qui veut tout foutre en l' air. Ses enquêtes sont violentes. Il est tellement désespéré qu' il en gâche sa vie privée. Louise, brave jeune femme martyrisée mais résiliante grâce à son fils qui éclaire sa vie dans la noirceur du quotidien. Christian, monsieur tout le monde dans son travail, maniaque de propreté chez lui, mais tueur en série avec des impulsions qui le poussent à la sauvagerie ; sans doute perturbé par l' amour haineux qu' il éprouve pour sa mère. le tout dans le Bordelais, sous une pluie omniprésente, avec seulement quelques lumières colorées dans la nuit qui éclairent et renforcent la noirceur du roman. Une belle écriture, dont l'originalité est de s'adapter selon les chapitres au personnage décrit : hachée et imprévisible pour Christian, poétique pour Louise, pathétique pour Jourdan. Un polar sans suspens mais vraiment noir qui sera apprécié par les amateurs du genre.
Commenter  J’apprécie          90
En lisant Prendre Les Chiens Pour Des Loups j'avais été littéralement subjugué par la qualité de l'écriture de Hervé le Corre, un véritable régal pour les yeux et l'esprit. Il rendrait presque la noirceur de son récit poétique… et surtout on en viendrait à oublier que l'intrigue ne casse pas trois pattes à un canard.

Avec Traverser La Nuit j'ai retrouvé cette écriture magnifique mais cette fois elle venait sublimer une réelle intrigue portée par trois personnages « forts ».

Il y a Louise qui élève seule son jeune fils et gagne tant bien mal sa vie en travaillant comme aide à domicile. Son cauchemar s'appelle Lucas, un ex qui revient régulièrement à la charge et qui lui cogne dessus tout aussi régulièrement. Outre son fils, elle trouve un semblant de réconfort en compagnie de son amie Naïma.

Il y a Jourdan, commandant à la PJ, désabusé par la folie des hommes et les scènes de crime. Prisonnier de lui-même, il regarde sa vie personnelle partir à vau-l'eau, incapable de communiquer avec sa femme et sa fille.

Puis il y a Christian, marqué par une courte expérience militaire et une mère toxique, depuis il assassine des femmes pour exprimer son mal-être dans la violence. Chaque fois il s'acharne sur ses victimes qu'il poignarde à de nombreuses reprises.

Hervé le Corre sait y faire pour décortiquer les méandres de l'esprit de ses héros. Il sait mettre les mots justes sur leurs douleurs et leurs tourments, des mots crus, sans fausse compassion. Des mots qui nous prennent aux tripes.

Trois personnages pour deux arcs narratifs distincts, avec les déboires de Louise d'un côté et l'enquête de Jourdan et son groupe de l'autre. Deux axes qui finiront par se rencontrer, pour le meilleur et pour le pire.

À l'image de ses personnages et de la nuit – omniprésente au fil des pages –, l'intrigue est fortement teintée de noire. Une intrigue qui grimpe progressivement en intensité jusqu'à un final qui m'a laissé sur le cul (je n'ai rien vu venir).

L'auteur porte un regard sans concession sur les dérives de notre société… Celle d'avant la crise sanitaire. Celle des grèves, des manifestions, du ras-le-bol généralisé. Ces dérives qui ont donné naissance au mouvement des gilets jaunes, une juste mobilisation à la base, avant de sombrer dans le grand portnawak.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
Commenter  J’apprécie          90
🤎 Louise élève son fils Sam toute seule. Elle subit encore la violence de son ancien compagnon lorsqu'elle rencontre le commandant Jourdan. A ce moment-là, il enquête sur des meurtres de femmes à Bordeaux.

Mon avis
🤎 J'ai été assez surprise par cette lecture. Je l'ai autant aimée que détestée par moment par rapport à la violence du texte.
🤎 Des thématiques très fortes sont abordées : le violence, l'inceste, la prostitution, le tout de manière froide, tranchante, abrupte.
🤎 Ces passages sont en parfaite opposition avec d'autres racontant Louise et Sam, dans leur bulle d'amour familial. Dans ce roman, les émotions sont intenses parfois contradictoires.
🤎 le personnage de Louise est marquant, elle vit pour son fils, uniquement pour qu'il aille bien. C'est une battante qui vit et a vécu de nombreux traumatismes. J'ai aimé la manière dont le commandant la voit et la comprend.
🤎 L'écriture d'Hervé le Corre est prenante et percutante. On ne ressort pas indemne d'une telle lecture.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          80
Traverser la nuit
Jourdan, un flic à la limite du burn-out, un flic que plus rien n'étonne, un flic déshumanisé … il y a pourtant une lumière chez cet homme. Il y a beaucoup d'amour malmené et des silences qui marquent profondément.
Christian, un homme devenu un criminel, animal qui s'acharne sur ses victimes pour effacer des souvenirs, pour oublier. Oublier ce qu'il a subit. Arrêter cette mécanique infernale qui le possède.
Louise, une jeune femme, petite luciole au milieu de ce chaos. Louise qui tente de reprendre sa vie en main pour son petit garçon, la seule étoile qui brille encore dans son ciel. Elle reçoit les coups, subit les abus. Elle se relève. Elle reste debout. Elle porte la honte de son humiliation à bout de bras.
Trois personnages, trois destins, trois tragédies. Trois nuits …
L'atmosphère est lourde, pesante. Des éclats de tendresse au milieu de la noirceur. Une écriture très juste. Pas de faux plis. Des personnages presque trop vrais.

Traverser la nuit, un polar très noir, d'une grande détresse, avec beaucoup d'humanité malgré le sordide. La recherche d'une renaissance peut-être.

On referme ce livre un noeud dans le ventre. Cette fin était-elle prévisible?
Commenter  J’apprécie          80
Pour le Commandant Jourdan, la vie n'est pas rose tous les jours. Il y a eu ce crime horrible, innommable, qui l'a mis dans une colère folle : un drame familial qui s'est terminé dans le sang … Puis cette « bavure » (au poste, durant son absence) dont la responsabilité hélas lui incombe, puisque due à « l'incompétence » de sa propre équipe … Enfin son couple, qui bat de l'aile depuis un moment, sans qu'il parvienne à le sauver …

Pour Louise, c'est encore pire. Obligée qu'elle est de se cacher de son ex-compagnon (qui a trouvé son numéro de téléphone …) un sale type, violent et menaçant – depuis qu'elle l'a quitté – et qu'elle se terre (le plus souvent possible) dans un appartement, en compagnie de Sam, son petit garçon …

C'est deux-là vont se rencontrer dans des circonstances qu'on souhaiterait plus propices …

Ce roman (dont l'action est basée à Bordeaux – Hervé le Corre en est originaire …) est une intrigue d'une noirceur rarement égalée … Et pourtant, l'écriture et le style sont deux pures merveilles qui font mouche immédiatement ! L'auteur parvient sans problème à nous faire imaginer chaque instant, chaque détail de son récit. On y est, on visualise les scènes, on se représente chacun des protagonistes. On se sent triste pour eux ou on tremble avec eux …

Mon premier roman de l'auteur et définitivement pas le dernier ! Ravie d'avoir découvert ce brillant écrivain !
Commenter  J’apprécie          81
Quelques lignes, deux pages à peine, et la misère s'étend, blafarde et collante, tout juste sortie des mots d'Hervé le Corre dans Traverser la nuit.

Un homme est couché sous le banc d'un abri bus avec un tee-shirt ensanglanté. Quelques heures plus tard, il s'écroule mort d'une balle dans la nuque dans une pièce du commissariat d'un quartier de Bordeaux.

Une femme se relève difficilement du tabassage en règle de son ex. Mais, Louise trouve la force de lever quand-même son petit Sam pour le déposer à l'école. C'est son soleil, sa raison unique de vivre, son tout petit, son amour ! Elle est déjà sortie d'autres engrenages et espère sortir du harcèlement et de sa violence.

Des coups de feu. Trois enfants, 8, 5, et 3 ans, deux filles et un garçon, avec leur mère, assassinés. Jourdain, commandant de police, arrive avec son équipe. Lorsqu'il rencontre, plus tard le meurtrier, pas sûr qu'il puisse rester calme ! Terriblement impacté par ce qu'il vit dans son travail, il s'enferme dans un mutisme qui met à distance même les plus intimes.

Un homme bourru, solitaire et au corps lourd n'en peut plus de supporter sa mère toxique depuis son retour d'armée. Mais, Christian n'en dit rien. Il fait comme si. Il continue ses petites affaires en tournant autour des femmes, sa violence à fleur de peau.

Louise la lumineuse, Jourdain le révolté et Christian le taciturne évoluent au gré de leurs failles, toujours au bord du précipice et proche du déséquilibre. Vont-ils tombés ? Vont-ils s'en sortir ? Vont-ils pouvoir changer un peu leur environnement ? L'auteur n'en dit rien malgré l'espoir secret du lecteur.

Traverser la nuit est un roman intensément noir. C'est long de le lire. Ça coupe le souffle tant il y a de vérités et de violence dans le choix d'implanter le récit dans la classe sociale des gens de peu, sans avenir. Ça laisse un goût acre. L'écriture se fait montreuse pour cette critique sociale qui étouffe quelque fois jusqu'à la nausée.

Si Hervé le Corre écrit pour réveiller les consciences, il le réussit parfaitement. Car il sait titiller notre humanité en nous racontant le quotidien de ceux qu'on ne raconte pas. Ses personnages n'ont absolument rien de nouveau dans le monde du polar français, mais son traitement en fait une expérience unique.

Grâce à la lumière que son fils lui apporte, Louise se prend à rêver à autre chose que ses ménages et ses courses pour les personnes âgées. Arrivera – t- à étouffer la colère qui la saisit ?

Embourbé dans la noirceur du monde, Jourdain, le flic confronté aux bas-fonds d'une société qui refuse de voir la pauvreté qu'elle engendre et les drames qu'elle occasionne, se débat, espère et essaye, malgré tout de se réinventer. Arrivera-t-il à contrôler la colère qui le brule ?

Et Christian, dont on devine qu'il ne pourra pas se sortir de cette violence qui éclabousse tout ce qu'il touche …

Et, puis, il y a aussi Bordeaux, qui héberge comme toute ville, la misère froide et glauque. Hervé le Corre donne des couleurs de grisaille à ce polar à l'écriture travaillée et teintée de poésie !

Difficile de conseiller ce roman noir très réussi puisque la lecture devient oppressante. Néanmoins quand le genre plaît, alors il ne faut pas hésiter. Hervé le Corre démontre une nouvelle fois la place particulière qu'il tient dans le panorama du polar français.
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/04/18/herve-le-corre/

Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          80
J'aime le roman noir. Pour moi, le polar s'exprime totalement quand il est sombre, d'une teinte goudron. Ce n'est pas si facile. Il s'agit d'explorer pleinement un nuancier qui est bien plus étendu et subtil qu'on pourrait le croire. Enfin, il convient d'exprimer souverainement le potentiel du noir, d'en révéler les différends grains. Sinon, comment dire... On se retrouve avec Olivier Marchal tirant la tronche, comme si on lui chiait sur les pompes en continu, voyez ?

Hervé le Corre est un maître du Noir, il sait en tirer le jus jusqu'à la dernière chique sans jamais sombrer dans la caricature d'un misérabilisme Zolien sans Zola. C'est que le danger est là, il rôde, comme un chien qui se prendrait pour un loup (référence subtile... Après tout, il y a enclume dans mon pseudo). Jamais le Corre ne verse dans cette recherche du malheur poisseux, tel ces auteurs omniscients qui sadisent à outrance leurs personnages.

Et pourtant, c'est poignant Traverser la nuit. D'une noirceur à faire passer un Ristretto romain pour une aimable tisane. Oui. Mais la plume... L'écriture de le Corre est une des plus belles de la place. Que l'on me redise « ok le polar mais je préfère la littérature c'est mieux écrit » et je ne réponds plus de rien. Traverser la nuit, transfiguré par un style limpide, manie la netteté sèche aux envolée poétiques. Sans chercher l'effet, le claquement linguistique, le Corre les obtient et nous abasourdit parfois, souvent.

Ce style n'est pas auto-suffisant. La suffisance, ce n'est pas son truc à le Corre. le style est un instrument. Il est là pour servir l'intrigue, l'intrigue pour irriguer les protagonistes. Les héros de le Corre sont à la marge, des figures imposées qu'il libère. La femme battue, le flic torturé qui en a tant vu que ses paupières débordent, ressemblent dangereusement à des rengaines archétypales du roman Noir.

Le talent de Hervé le Corre est de les sublimer dans une intrigue simple dans laquelle il instille une tension sourde, permanente et un espoir fragile, vacillant et trompeur.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
Commenter  J’apprécie          80
Ce n'est pas le meilleur Hervé le Corre que j'ai lu, mais cela reste de la très bonne came. L'écriture est merveilleuse, comme toujours, un régal. le choix des personnages, l'intrigue c'est là que ça pèche un peu, cette histoire très sombre m'a plombé le moral mais ne m'a pas bouleversé.
Commenter  J’apprécie          70
La nuit je mens

Une rencontre, cette lecture fût une rencontre. La rencontre d'un style qui vous assaille comme une averse hivernale. Chaque mot est une goute glacée qui va glisser le long de votre nuque, trempé votre cuir chevelu et inondez vos chaussures de sa sombre poésie glacée.

Une averse glauque et sordide. On ne peut pas dire que la ville de Bordeaux sorte resplendissante de ce récit sans concessions, pourtant l'auteur évite l'écueil du polar glauque vide de sens et juste gore grâce à une atmosphère morose, des dialogues ciselés et une narration à la troisième personne qui permet de s'imprégner des personnages et de leur vision délétère du monde qui les entoure.

L'auteur a invoqué en sa plume tout ce qu'il contient d'amertume, de désespoir résigné et de colère contenue pour les rassembler en trois personnages qui chacun à leur manière vont ébranler le lecteur dans ses illusions. Louise, de sa détresse de femme battue, et l'incarnation d'une précarité sociale qui hurle en silence. le commandant Jourdan est le témoin impuissant d'une société qui se délite sous ses yeux comme une falaise érodée par les flots dont il se tiendrait trop près du bord. Enfin Christian est la rage inaudible, la fureur enchaînée qui frappe mortellement au coeur de la nuit. Des portraits fulgurants qui imprègnent le lecteur comme l'éclair imprègnent la rétine.

Ne commettez pas l'affront de croire, qu'une fois l'ouvrage refermé, vous allez pouvoir passez à autre chose. Ce polar fait partie de ceux qui vous hante, dont le destin des personnages résonne dans votre esprit comme une complainte meurtrie, dont le style vous empoigne le temps d'un brusque instant, juste le temps d'apercevoir toute la détresse du monde.
Lien : https://culturevsnews.com/
Commenter  J’apprécie          72
Très belle lecture. On est dans le glauque de cette société violente et misérable. Drogue, violences conjugales, prostitution et des flics qui perdent de leur âme dans ce merdier glauque. On est dans le noir et la pluie et on s'y sent bien. La narration est superbe, l'écriture soutenue.
Commenter  J’apprécie          70





Lecteurs (1049) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2880 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}