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- Matisse
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- Artemisia :femme peintre au XVIIe
- Qu'est-ce que le beau – L'idée du beau dans l'art.
Un magazine d'art qui pour moi se distingue par la profondeur de ses analyses ....et décape !
... et sans pub !!!! le bonheur.
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Il n’est pas sûr que tout le monde aime le beau. Tout le monde aime le joli, ce qui n’est pas pareil. Le joli, soit ce qui est caressant, flatteur, agréable, immédiat, « qui fait du bien » sans tendre au bien, et qui est « trop beau pour être vrai », en fait qui se fout d’être vrai ou non. Les peintres du port de Saint-Tropez ou de la place du Tertre font dans le joli. Marc Lévy et Barbara Cartland font dans le joli. Mais plus que tout, c’est la variété qui a triomphé dans le joli et en a fait le plus juteux commerce du monde. Un joli qui avec le temps est devenu démago, prêcheur, vindicatif. Le chantage au primitif, à l’émotionnant, au vote citoyen, les chanteurs connaissent ça mieux que tout, mieux même que l’art mineur, quoiqu’éternel, de la chanson.
Cette histoire d’art majeur et d’art mineur… Bon sang, mais c’est bien sûr !
…
…les premiers (musique classique, littérature, poésie, architecture, peinture) requérant « une initiation » alors que les seconds aucune, les premiers ouvrant sur l’humanité éternelle, les seconds n’étant le fait que de marchands de soupe « volant leur blé aux salauds de pauvres »….
Artemisia Gentileschi est née à Rome en 1593, fille d’Orazio Gentileschi, l’un des plus grands peintres du Baroque italien. … A cette époque, les femmes sont mineurs à vie, quand elles appartiennent à leur père, à leur mari, à leurs frères ou à leurs fils, elles n’ont ni droit de signer un contrat, ni droit d’acheter leurs couleurs. Encore moins de gagner leur vie, ou de voyager seule.
Pour qu’une artiste figure sur la liste des salariés du grand Duc, elle doit être unie à un homme qui exerce la même profession qu’elle.
Artemisia Gentileschi va briser toutes les lois de la société en n’appartenant qu’à son art. Un drame de sa vie personnelle, le viol qu’elle a subi dans sa jeunesse, et le retentissant procès que son père intentera par la suite à son agresseur vont profondément la marquer, mais aussi l’inciter à un mariage de convenance qui lui permettra de conquérir une relative liberté.
Elle va ainsi gagner le droit de travailler pour des princes et des cardinaux et de construire son œuvre, inlassablement devenant l’un des peintres célèbres de son époque.
Car aimer la vie, ce n’est pas fuir ce qui vous donnerait envie d’en finir, mais au contraire l’affronter. L’amour de la vie ne tremble pas devant la mort et la douleur, il les excède, les transcende, et d’une certaine manière les recherche. Rembrandt, Cervantès, Schubert, Schopenhauer – en voilà des gens qui aiment vraiment la vie et qui donnent envie de l’aimer ! La gerbante puérilité de l’époque est de vouloir « aimer la vie » sans guerre ni maladie ni deuil ni fiasco amoureux. Utopie infantile du fumeur qui rêve de fumer sans risquer le cancer, ou du boulimique mince, ou du libertin fidèle, ou du sportif sans suée. Utopie d’une conscience sans contradiction et d’une existence sans négatif.
Vous aimez la vie dites-vous ? Alors assumez le négatif. Penchez-vous sur l’horreur du monde, la férocité de la vie, la vallée de larmes de l’histoire. Appréhendez la croix qu’il y a en toutes choses. Et pour cela, ouvrez-vous aux chefs-d’œuvre de l’art. Osez le jugement de goût.
Le véritable but de l'art est donc de représenter le beau, de révéler cette harmonie. C'est là son unique destination. Tout autre but, la purification, l'amélioration morale, l'édification, l'instruction, sont des accessoires ou des conséquences. La contemplation du beau a pour effet de produire en nous une jouissance calme et pure, incompatible avec les plaisirs grossiers des sens ; elle élève l'âme au-dessus de la sphère habituelle de ses pensées ; elle la prédispose aux résolutions noble et aux actions généreuses, par l'étroite affinité qui existe entre les trois sentiments et les trois idées du bien, du beau et du divin.
Dans quel autre domaine avons-nous le droit d’être partiaux, inéquitables, intolérants, insultants même ? Mais dans le jugement de goût, précisément ! Le jugement de goût – pierre de touche de l’humanité. Temple sacré où l’on se retrouve, où l’on s’aime, où l’on se déteste aussi, mais sans s’exclure, pour une fois sans s’exclure, où l’on éprouve à la fois sa singularité et son humanité, ce qu’il y a de différent en nous, et ce qui en nous se réfère aux autres, et tout cela sans droit, sans devoirs, sans concept.
Comme le disait Sacha Guitry, il est toujours pénible de se rendre compte qu’il y a parmi vos amis des amis inférieurs – vous savez, ces gens que l’on aime et qui n’ont pas les mêmes avis que vous, qui ne comprennent pas….