D'abord ce n'est pas Gérin mais Guérin, Ernest Guérin né à Rennes en 1887, mort en 1952 à Quiberon.
Peintre breton - ils sont rares à acquérir une envergure internationale. Il fait les Beaux-Arts de Rennes, assure sa formation dans les ateliers de Lafond et Roncin. Il monte à Paris, la ville phare du monde de la peinture à l'époque et revient vers sa Bretagne avec le mal du pays certainement
La mer est présente dans nombre de ses tableaux, et même quand elle ne l'est pas, on la sent proche. En tant que rennais, il a dû la côtoyer lors de séjours nombreux. Ses formats quand ils sont en hauteur, sa mer est coupée, et quand il peint en largeur , apparaît juste un bout de mer. Quelques tableaux cependant traduisent comme sujet principal une mer déchaînée, ce qui me semble fatal quand on habite à Quiberon.
Il peint la Bretagne bretonnante avec ses bigoudénes vues d'assez loin en fait. La maison bretonne aux couleurs blanches, le « penty », s'affiche comme invitée principale et semble là pour l'éternité plutôt que des rochers ou récifs granitiques par exemple, quand ce n'est pas un clocher, une chapelle qui prend le dessus, et là on la voit fréquentée par ses ouailles, toujours de loin qu'il honore de leurs costumes typiques, par jour de pardon probablement. Il nous la fait vivre cette Bretagne profonde, authentique, sans rajout, sans laideur.. je n'ai pas trop le temps, d'autant plus que je ne connaissais pas ce peintre qui n'apparaît même pas dans les catalogues qui fleurirent dans les années 1970-80, pour disséquer les influences de ce peintre qui de prime abord ne semble se ranger derrière aucune chapelle. Il fait figure de cavalier un peu seul, mais attention, les canons de la peinture sont respectés, il n'y a pas de fioritures, il est typiquement dans une démarche artistique notre brave Ernest, et pour un débutant, il a du métier à revendre, même pour un non néophyte d'ailleurs.
Le musée du Faouet accueille 150 toiles de l'artiste d'avril à octobre 2024, qui sont là accrochées aux cimaises comme des témoignages. Cette rétrospective est un bel hommage rendu à l'artiste breton, une émotion passe ..
L'intérêt réside à mon sens dans le fait qu'un natif a voulu la voir sa Bretagne qu'il aimait comme il la voyait, fort de sa formation, un peu éloignée des modes et des courants. Il n'est pas sans me rappeler l'irlandais du nord
Paul Henry de la même époque qui peignait ainsi poursuivant le même but de défendre les valeurs, le pittoresque de son pays, à ceci près que les arrière-plans étaient montagneux, mais toujours à porter de vue lointaine ..Vocation de paysagistes régionaux auxquels on pourrait ajouter Eugène Boudin qui lui se faisait des soucis avec ses ciels alors que ses deux confrères ici cités ne semblaient avoir aucun complexe de ce point de vue et s'en donnaient à coeur-joie. C'est bien que je termine mon intervention par ce mot, car on ne décèle aucune morosité ni trop d'emprunts chez ces peintres.
La couverture du catalogue n'est pas représentative de l'oeuvre d'Ernest Guérin, elle me fait penser plus à Rivière, à Auburtin ..
Josiane me suggère quelque chose à propos de ces maisons .. rustiques. Nous sommes en bord de la mer, et étrangement j'y vois des maisons de l'Argoat.. En fait, je pense qu'il s'agit de maisons de pêcheurs que je n'ai pas vraiment connues ! je pense qu'il y a encore bien des choses à dire concernant ce peintre.
J'ai dit bigoudene plus haut, il est évident que la coiffe tuyau de poêle de Pont Labbé n'est pas celle qui est peinte qui appartient au Morbihan.