A quoi bon tout cela ? ces livres, ce temps perdu à apprendre les langues.
En quelle langue s'entretient-on avec l'âtman ?
Hors l'atman, qu'y a-t-il ? Alors anglais, sanskrit et le reste, quelle utilité ? Est-ce avec cela qu'on s'entretient avec l'atman, avec le Soi, qu'on parle avec le Soi? Tout cela ne mène à rien qui vaille. L'atman n'a rien à voir, ni avec les livres, ni avec les langues, ni avec quelques écritures que ce soit.
Il est. C'est tout.
Moi aussi, j'étais passionné de lecture autrefois. Maintenant je ne lis plus ou si peu que c'est tout comme...Pas même la Gîta dont les versets me chantaient constamment dans le coeur, en ces temps-là.
Pas d'avantage je médite...l'âtman n'a rien à voir avec la méditation...
ni avec le Japa ( la répétition du nom de Dieu)
ni avec les Mantras, litanies, prières et cantiques de tout acabit."
"Qui réalise? Qui a réalisé? Mots que tout cela. L'atman ne s'atteint pas. Qu'y a-t-il hors du Soi? Qui a atteint le Soi sinon le Soi? La non-réalisation n'est qu'une excuse qu'on se donne pour tacher d'échapper au réel et continuer à mener en bonne conscience une vie étriquée de prières, de dévotion, et même d'ascèse, si satisfaisante pour le petit moi, mais au fond parfaiement inutile.
L'obstacle fondamental à la réalisation, c'est l'idée elle-même que cette réalisation est encore à venir."
"Il ne vous manque qu'une chose. Débarassez-vous des derniers liens qui vous entravent.
Vous êtes prêt.
Cessez vos prières, cessez vos rites, cessez ces contemplations sur ceci ou cela. Réalisez que vous êtes. Tat tvam asi. Tu es Cela.
Un jour j'entendis dire ton nom
c'en fut fait
déjà tu m'avais enlevée
Arunâchala !
Tu m'appelas, je suis venue,
maintenant fais ce que dois !
Hors de chez moi tu m'attiras,
puis te glissant dedans mon coeur,
tu le fis passer dans le tien...
Lorsqu'en fuyant je vins à toi,
je te trouvais debout, entièrement nu,
vêtu d'espace
De mon vêtement tu me dépouillas
et m'exposas toute nue,
vêtue de ton seul amour.
Cesse de me décevoir
situ ne m'étreins
j'en mourrai.
Mon corps est dans la chambre secrète,
mon coeur le lit nuptial;
étendons nous ensemble,
Arunâchala...
Il me souriait,
enveloppé de grâce et de splendeur,
lorsque de loin je m'avançais;
mais lorsque je fus proche,
et que je m'élançai,
il ne bougea pas :
il se tenait immobile,
fixé en soi,
au fond de moi...
J'étais venue pour me nourrir de toi,
et c'est toi qui me dévoras.
oui tu es connu pour dévorer
ceux qui se donnent à toi.
Ah, qui pourra jamais
échapper à ton étreinte ?
Entrant chez moi pour m'attirer à toi,
tu me gardas prisonnière
dans la caverne de ton coeur.
Est-ce pour toi, ou bien pour moi
que tu m'arrachas ainsi à moi ?
Si maintenant tu me délaisses,
n'as-tu pas honte ?
Comme l'aimant attire le fer,
le magnétise et le retient,
inexorablement, ainsi fis-tu de moi.
Sans mot tu me dis : ne dis plus rien,
sans bouger, sans rien faire,
endormie dans la joie,
mon sort, qui saurait le dire,
Arunâchala ?
Vous arrivez beaucoup trop encombré, me dit-elle. Vous voulez savoir, vous voulez comprendre. Il faut donc que ce qui vous est destiné passe obligatoirement par le chemin que vous avez décidé. Faîtes le vide en vous. Soyez uniquement réceptif. Que votre méditation soit pure attention.
Avant même que ma pensée n'ait pu le reconnaître ni surtout l'exprimer, l'auréole intime de ce Sage avait été perçue par quelque chose en moi, au plus profond de moi-même. C'était un appel qui déchirait tout, qui fendait tout, qui ouvrait tout grand un abîme.
Vers l'expérience intérieure : lettres (1952-1973) : à s?ur Thérèse le Saux, par Henri le Saux, responsable : Armelle Dutruc
Lethielleux, chez Artège.
La correspondance du moine et mystique français, figure du dialogue entre christianisme et hindouisme, avec sa s?ur religieuse. S'y découvrent son itinéraire spirituel, ses errances et les éléments forts de sa mystique : l'expérience de l'éternité, la présence dans l'absence ou encore l'exil et l'itinérance. © Electre 2019