Ce récit historique retrace la destinée d'une famille de banquiers peu connus,
les Camondo qui, après la reconquista espagnole par les Rois chrétiens (1492), qui voit l'expulsion des juifs de la péninsule ibérique, vont choisir de s'installer à Venise puis à Constantinople dans l'Empire Ottoman.
Abraham Camondo développe des liens avec l'élite politique ottomane, effendis ou pachas, qu'il finance, sans délaisser toutefois son rôle de mécène en créant des écoles pour enseigner l'hébreu mais surtout le turc, dans l'optique de favoriser l'intégration des juifs dans ce pays d'accueil.
Ce sont ses deux fils, Abraham Behor et Nissim qui vont à la fin du XIXème siècle, fonder des succursales bancaires à Paris. Les deux frères, très liés vont construire sur des parcelles achetées aux Pereire, en bordure du Parc Monceau - récemment créé dans la lancée de la transformation de la capitale par le
Baron Haussmann - deux magnifiques hôtels particuliers.
Les générations suivantes délaissent les activités de banque pour privilégier le rôle de collectionneur et Moïse, fils de Nissim va également marquer son empreinte en reconstruisant un hôtel particulier, qui servira d'écrin pour ses collections du XVIIIème, mobiliers (Oeben, Riesener, Carlin), tableaux, porcelaines de Sèvres, un patrimoine qu'il pensait transmettre à son fils Nissim, mais la mort de ce dernier pendant la première guerre mondiale, change le destin de la collection qui sera léguée à l'Etat français. La disparition de sa fille et petits-enfants qui seront déportés et tués à Auschwitz met fin tragiquement à la dynastie.
La splendeur des Camondo permet de retracer le destin d'une famille juive, éclairée et visionnaire, qui a su s'adapter aux différents exils subis ou choisis, une famille qui a gardé un esprit d'ouverture et de tolérance religieuse, une volonté de mécénat et un esprit de reconnaissance vis à vis de la France, jusqu'à reconstituer, puis léguer, au 63 rue Monceau, un musée représentant l'art de vivre français au XVIIIème siècle.