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EAN : 9782841781232
Lorisse (01/12/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
Extrait du quatrième de couvertureÉdouard Lebas, préfet de la Manche lors de la parution de cet ouvrage, évoque dans sa préface le drame vécu par Valognes et nombre de communes alentour: « A l'heure où minuit tintait au clocher de Saint-Malo, alors que la lune se cachait, timide derrière l'orgueilleuse tiare florentine, l'âme du Chevalier des Touches se glissait, lente et mystérieuse, par les venelles obscures et secrètes, vers l'Hôtel Ernault de Chantore...« Et pui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est au temps du Roi Soleil que les courtisans, parfois las de vivre dans son éblouissement, vinrent créer une académie de cour dans la petite ville de Valognes.
Ainsi se créa "le Petit Versailles".
Transformant ce "Petit Versailles" en un "Petit Paris", des hôtels s'édifièrent, selon les plans des architectes les plus fameux, et vinrent en tracer les rues.
Trois mois de Valognes suffisaient alors pour devenir parfait courtisan ...
Guillaume Lecadet ouvre cet ouvrage sur une page d'Histoire.
Cette réédition de 2004 est le fac-similé du livre paru, en 1945, sous le titre du "Versailles normand aux heures tragiques".
C'est un témoignage poignant sur le destin d'une commune emportée dans la tourmente de la seconde guerre mondiale.
C'est au travers de son regard émerveillé d'enfant que Guillaume Lecadet nous présente Valognes.
Ainsi qu'en témoignent les vestiges de ses thermes et de de son théâtre, Valognes est née des ruines d' Alleaume, la cité romaine d'Alauna.
Elle est située au coeur de la presqu'île du Cotentin sur l'axe menant de Paris à Cherbourg.
La ville abrita l'enfance et la jeunesse de Guillaume le conquérant dans un château dont les assises furent, dit-on, posées par les romains.
En 1364, Bertrand Duguesclin lança de furieux assauts contre cette même forteresse alors tenue par les anglais.
En octobre 1688, D Artagnan, commandant un régiment de mousquetaires, y fut envoyé pour défendre la place forte et stopper l'invasion possible des anglais et des hollandais.
En 1689, Vauban, sur ordre du roi, enverra 300 hommes mettre à bas ce "géant des siècles d'Histoire".
En 1771, les fossés comblés, la grande place du château s'offre déjà aux regards.
Quittant l'ancien régime, d'aristocrate qu'elle était, la petite ville est devenue contemplative.
Barbey d'Aurevilly l'appellera "la ville de ses spectres" ...
Mais l'ouvrage de Guillaume Lecadet, qui s'articule autour de trois parties - "une page d'Histoire", "à l'heure allemande" et " les heures tragiques" - est plus un témoignage qu'une leçon d'Histoire.
Son propos principal est de raconter la vie des valognais durant l'occupation et le drame qui les atteint au coeur, à la libération, lors des bombardements alliés de 1944.
J'ai lu ce livre doucement, avec attention.
Ce témoignage m'est cher.
Je suis né à Valognes. J'y ai vécu mon enfance.
Mon grand-père Auguste, patron boulanger rue des Religieuses, fut inquiété dans "l'affaire des farines" dont parle le sixième chapitre de la deuxième partie - en trois mois, 2500 sacs de farine rentrèrent dans l'économie française et vinrent nourrir les habitants de la ville. Les protagonistes de cette "récupération" furent dénoncés, condamnés à des peines diverses et partirent, après un court séjour à la prison de Saint-Lô, vers Dijon ou Rennes.
Mon grand-père fut tiré d'affaires par le maire Henri Cornat.
Le soir du 18 juin 1940, le premier guerrier "germain" faisait son entrée dans la ville.
Vint "l'heure allemande" !
Valognes avait l'insigne honneur d'héberger le général commandant la région.
Cette présence valait à la ville de posséder de nombreux services dont celui de la gestapo et d'un imposant contingent de feldgendarmes au colliers ornés d'une plaque de cuivre.
Guillaume Lecadet, multipliant les anecdotes, raconte ... l'armée du silence, l'agent de la gestapo qui, à la libération, se pendit dans sa cellule à Cherbourg, l'affaire des farines ...
Le 6 juin 1944, le jour qui imposait sa lumière, amenait des nouvelles exaltantes, des événements prodigieux :
- Sainte-Mère Église était aux mains des américains.
Ils avançaient, disait-on, en direction de Montebourg.
C'est alors qu'apparurent dans Valognes les premiers prisonniers parachutistes alliés , aux visages barbouillés de suie, la mitraillette des allememands dans le dos et les mains levés au-dessus de leurs grands casques recouverts d'étranges filets, mais avec un sourire de défi brillant dans le regard.
C'est alors que le Versailles normand se préparait à son martyr et à sa destruction.
Un ordre d'évacuation avait été lancé dans la nuit par les avions alliés
Les papillons étaient tombés dans la campagne à Tamerville et à Montaigu.
Peu d'habitants partirent ...
Cet ouvrage fait partie d'une riche collection de monographies des villes et villages de France.
Il est bien écrit.
Il est le témoignage d'un homme, sa vision de l'Histoire qui emporte sa cité.
Je suis sorti de ma lecture, un peu frustré de ne pas en savoir plus, de pas avoir encore quelques pages à dévorer, de ne pas avoir autrefois posé plus de questions à mon grand-père, de ne pas avoir plus remarqué dans ce Valognes reconstruit les marques de son Histoire.
Mais j'en suis sorti heureux et plus satisfait encore d'avoir découvert que la collection recelait un deuxième titre consacré à ma ville natale - "Valognes, le pays qui m'a donné le jour" de Pierre Mouchel-Vivet - ...


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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le gestionnaire teuton aimait la bonne chère, les poulets, les dindons et le beurre frais.
Il avait aussi un goût prononcé pour le Calvados et ne dédaignait pas la monnaie française.
Discrètement, par l'intermédiaire du chef de fabrication (un parfait chevalier d'industrie), les paysans normands, non sans malice, présentèrent l'appât et le troc des sacs de farine commença.
La farine partit dans la campagne, par unités d'abord, ensuite par camions entiers.
Puis elle revint à Valognes se faire cuire et connut même d'autres usages.
Les mitrons français s'amusèrent et flairèrent l'aventure.
Ils entrèrent dans le bain.
A l'heure de midi, alors que l'établissement se vidait de ses maîtres, le camion de la laiterie voisine arrivait.
Une équipe exercée, brouettes en mains, chargeait en un clin d'oeil.
Une bâche recouvrait le tout et le livreur partait dans la nature.
Les boulangers valognais entrèrent dans la danse ...
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D'Emondeville, nous partîmes de bonne heure le matin, car c'était un jour de foire.
Nous traversâmes Montebourg, le pays de mon père et de ses ancêtres.
Je le connaissais et, bientôt, je devais y venir demeurer pour toujours.
Nous fûmes arrêtés à la gare. Les barrières étaient fermées.
J'eus bien peur quand le sifflet de la locomotive déchira l'aube ; la jument noire, elle, fit un bond ...
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La France a Paris ... La Manche avait Valognes.
Malgré l'herbe qui poussait entre les pavés de ses ruelles et le tremblement discret des vieux rideaux sur votre passage, ses rues et ses demeures restaient pleines du mystère de son passé somptueux ....
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