J'aime beaucoup le concept de cette collection. Il s'agit d'expliquer dans un language clair des notions parfois complexes mais fondamentales. Ca m'a rappelé les "expliqué à" des éditions du Seuil. Dès que je suis tombé là dessus, j'ai tout de suite entrepris la lecture du livre consacré au transhumanisme. J'ai lu plusieurs ouvrages sur le sujet, alors forcément je n'ai pas appris grand chose. Mais ça fait toujours du bien de revenir aux bases. Je me suis d'ailleurs rendu compte qu'il fallait que je lise la fable du dragon-tyran de
Nick Bostrom ainsi que l'article de Joël de Rosnay sur l'hyperhumanisme. Je n'ai pas trouvé de bibliographie à la fin de ce petit bouquin d'une centaine de page. Dommage car plusieurs penseurs intéressants sont abondamment cités. On sent que l'auteur connaît bien son sujet et même qu'il a un côté technophile, geek ou nerd. Il n'a ainsi pas pu s'empêcher de parler de gouverneurs éthiques (des algorithmes) ou de doctrine de l'effet double (je ne me souviens plus trop). Enfin, si je devais expliquer l'éthique de la technique à un enfant, plutôt que de parler du pharmakon de
Bernard Stiegler, j'aurais plutôt cité le bon vieil exemple du couteau qui peut être utilisé aussi bien pour tuer quelqu'un que pour préparer un délicieux repas pour ses proches. En effet le propos dépasse largement le sujet de l'amélioration de l'homme par la technologie pour aborder tous les problèmes éthiques, psychologiques, juridiques posés par la technique. Malgré quelques petits défauts, il faut reconnaître que ce texte est effectivement écrit "de façon claire, vivante et accessible" (dixit la préface, très bien faite).
J'ajouterais à ces qualités le terme de nuancé, ce qui est une bonne chose pour toucher un vaste public, potentiellement jeune qui plus est. L'auteur est partisan d'une troisième voie, d'un juste milieu entre les excès des bioconservateurs et des transhumanistes.
Dan Lecocq se définit lui-même "comme un démocrate social-écologiste-libéral à tendance transhumaniste !". Ça paraît un peu compliqué mais encore une fois c'est plutôt bien expliqué. En fait tous les partis, mais aussi les citoyens, devraient se situer par rapport à ce nouvel axe de pensée que représente la technologie. Si la gauche en général et l'auteur en particulier veulent des améliorations techniques mais pour tous, sans risques et sans conséquences écologiques, alors ils pêchent sans doute par naïveté. Car ce sont les crises qui font avancer le progrès. Comme l'écrit
Héloïse Lhérété dans Les grandes idées politiques : "probablement n'en sommes-nous qu'au début des conflits liés au rapport homme/nature". On peut même voir cette idéologie comme un "coup d'État de l'Homme sur le vivant" (
Laurent Alexandre). Je suis de cet avis, car le transhumanisme est selon moi une technologie de rupture. Et que notre culture s'oppose et s'opposera de plus en plus à la nature. Il ne s'agit pas de simples gadgets visant à nous augmenter mais d'un projet bien plus ambitieux : se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature humaine.