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EAN : 9782729118310
253 pages
Editions de La Différence (28/05/2009)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Pour Marcel Lecomte (1900-1966), la poésie est l'art le plus riche, le plus difficile et le plus périlleux qui soit : une alchimie qui permet au poète d'établir son miroir magique. Lecomte est un contemplatif ; il cherche le réel sous les apparences de la réalité, et fait du poème « un réel hors du réel ». S'il prend part au premier groupe surréaliste apparu en Belgique – avec Camille Goemans et Paul Nougé –, il est aussi le premier à s'en éloigner. Cette aventure c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Marcel Lecomte a longtemps fréquenté les surréalistes belges et s'est lui-même considéré comme tel, il s'est même inspiré pour ses poèmes des tableaux de Magritte et n'a pas eu peur des rapprochements improbables à la Breton ou Dali. Cependant, on retrouvera pas vraiment cet effet de surprise ou de vertige auquel les surréalistes nous ont habitués.

"Ce voyageur qui se porte vers l'horizon, serait-ce un observateur sincère du pittoresque. Mais pourtant il ne regarde pas la campagne, ne tourne pas la tête.
Faisant de soi-même l'instrument de ses propres recherches, ne semble-t-il lentement percevoir la zone d'énergie cachée des choses, de cette énergie sans cesse renouvelée d'un monde à notre usage."

Le vertige chez Lecomte est d'une autre saveur, toute intériorisée. Il s'agit avant tout de contemplation jusqu'au moindre détail du réel, jusqu'à la ligne plus que ténue de la lumière et de l'ombre qui sépare les objets du visible et nous donne cette sensation d'ivresse des hauteurs.

"Du cercle de mes songes,
je contemple ce filigrane secret.
Je le vois,
sans bouger plus que toi
Il s'élève du paysage de nos mains.
Il apparaît sur le chemin sinueux des lignes.
Il sait comment surgir
dans la plénitude exaltée
de l'ignorance de nos fins."

Cette contemplation transforme inexorablement les paysages extérieurs en visions intérieures comme chez Noiret (Joseph Noiret pas moi).

"Ta présence contient tout le possible de ma vie."

Cependant, vertige encore, Lecomte use de phrases gigognes, d'un enchevêtrement d'incises et de subordonnées, d'évocations en poupées russes où les paysages et la vie du dehors deviennent le jouet d'un monde intérieur qui se démultiplie comme ces parties du corps qui prennent vie comme de nouveaux corps.

"Il s'agit d'un très vaste espace et ce que l'on voit maintenant est une femme étendue au milieu du monde.
C'est la tête, le corps et ce sont les bras et les mains.
Les jambes et les pieds sont cachés sous une hauteur à droite.
Au-dessus quelque ville repose, étagée.
Mais ce paysage ne se montre pas à tous.
Il convient de le lire avec lenteur."

En outre, chez Lecomte tout s'accomplit dans la lenteur, la monotonie, pourrait-on dire (tout le contraire des tableaux visionnaires de Magritte). C'est un long regard, une évocation circulaire digne d'un exercice zen où il n'y aurait pas de création mais une révélation.

"Une fois, nous eûmes vingt ans ; grands arbres de la forêt triomphale, vos miroirs équivoques rayonnent à l'aurore, reflets suspendus des matinées choisies. Nous avons retrouvé la grâce."

Et au bout du texte, on assiste à une véritable révélation, une incarnation (dans son sens propre et charnel) de la pensée: il s'agit bien de se penser, se rêver.

"I1 faut s'échapper. Il faut atteindre l'autre rive mais il convient de se donner le temps de l'atteindre. Car c'est là un moyen de communiquer avec nous-même. Oui, il nous
faut produire en nous la force et l'intimité de notre constante genèse.
Mais il se peut que nous abritions aussi en nous quelqu'un qui nous lit, nous surveille, qui oriente notre voyage. Mais nous ne le savons pas toujours
jusqu'à cet instant toutefois, où rassemblant toutes nos parts, il nous fait entrer dans la liberté de l'accueil final de l'inconnu."

Il y a qqch, un paysage ou plutôt une pensée ou encore une extase à rejoindre dans la poésie de Marcel Lecomte, au lointain mais là depuis toujours devant nos yeux. Et le chemin (le lent chemin) fait toute la poésie.

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L'une des médiathèques que je fréquente a un fonds très important dans le domaine de la poésie. Cela me permet de découvrir des auteurs dont j'ignorais jusqu'au nom. Par exemple, c'est le cas de Marcel Lecomte (1900-1966), poète belge, ami du peintre René Magritte. Un nombre considérable de ses recueils a été publié, certains étant posthumes. le présent livre donne accès à ses oeuvres complètes. Une partie est en vers libres et l'autre est en prose. Quoique Marcel Lecomte ait été, un moment, proche des surréalistes, je ne trouve pas que ça saute aux yeux à la lecture de ces poésies. Certaines d'entre elles m'ont laissé presque indifférent, d'autres m'ont semblées réussies comme le poème intitulé "Irène" (par exemple), que je mets en citation.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les mains se promènent que libère la fatigue
aux routes neuves du plafond
Les roues toujours tremblantes de la lumière
fleurissent en chantant
le bout sensible des doigts
Ce n'est pas à l'amour que l'on songe
oiseau mobile
à la vigueur
mais sur les marches du sommeil
une ardeur se découvre et remue
comme un serpent qui tiédit au soleil
Chaque seconde
est un plus long bonheur
chaque doigt qui se délie
un calme plus profond
mais le chemin sur le retour
n'est plus le même
et les fleurs de lumières s'éteignent une à une
sous les gestes moins adroits
des mains qui se reprennent

(« Curieux effet d'optique », in « LE CŒUR ET LA MAIN », 1968, posthume)
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Du cercle de mes songes,
je contemple ce filigrane secret.

Je le vois,
sans bouger plus que toi

Il s'élève du paysage de nos mains.
Il apparaît sur le chemin sinueux des lignes.

Il sait comment surgir
dans la plénitude exaltée
de l'ignorance de nos fins.
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IRENE

Le ciel est dans l’eau
Joli poisson bleu
La vie - Irène - est opium chaque minute
et tu connais la vérité - la plus belle religion
du monde - c’est toi
Bâtis en salles de spectacle tes yeux - on voit -
on voit le soleil qui plonge au crépuscule
et encore le gouffre béant que dérobe le soleil
Toute la lumière s’épanche au sein de la terre,
roule sur toi debout le long de ton corps qui
gémit -
violoncelle que fait chanter la corde du vent -
Irène (…)

dans "Démonstarions" (1922)
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Ta présence contient tout le possible de ma vie.
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Le poète se doit de subir et de redresser.
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Marcel Lecomte, Humanité, lu par C.Houard
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