Les images de la révolution de 1917 qui nous viennent à l'esprit sont souvent issues de longs métrages. Octobre de Sergueï Eisenstein, l'incontournable Docteur Jivago, le romanesque Chevalier sans armure avec Marlène Dietrich, ou Reds de Warren Beatty sont ancrés dans l'imaginaire collectif. Les photographies de la collection Michel Lefebvre vont désormais y occuper une place de choix. Infatigable arpenteur, collectionneur passionné, chercheur de trésors, on lui doit les très beaux ouvrages Les Brigades internationales: Images retrouvées. et Guerra grafica Espagne, 1936-1939.
Dans une passionnante introduction, Lefebvre raconte l'histoire de ses recherches sur les traces des photographies de la révolution russe, ces neuf mois qui ébranlèrent le monde, et de sa continuité, sous Lénine puis Staline. Il n'omet pas de séparer le bon grain de l'ivraie, de faire se côtoyer les photographies qui saisissent l'évènement, des clichés retouchés par la propagande, et les commentaires accompagnant les documents photographiques sont précieux. La partie de cette « collection argentique « qui m'a le plus intéressée est celle consacrée à la révolution ( « Les troupes du gouvernement provisoire tirant sur les manifestants massés sur la perspective Nevski, à Petrograd, le 4 juillet 1917 », ou celle montrant les troupes russes stationnées en France qui se sont mutinées). On notera que les photographies de Trotsky sont difficiles à trouver. Traqué, il mettait un grand soin à échapper aux photographes pour ne pas mettre sur sa piste les agents de Staline.
Michel Lefebvre apporte une nouvelle fois sa précieuse contribution à l'histoire via la photographie, et son incursion dans l'URSS se révèle tout aussi passionnante que celle qu'il a entrepris dans l'Espagne républicaine. En plus d'une immersion dans un nouvel univers graphique publié en Octobre 2017, 1917. Images d'une révolution propose une bibliographie thématique, qui permet de prolonger le voyage.
Commenter  J’apprécie         533
Le règne stalinien et ses manipulations photographiques a fait l'objet de longs développements dans le livre d'Alain Jaubert, Le commissariat aux archives (éditions Bernard Barrault, 1986), consacré aux "photos qui falsifient l'histoire" de Hitler à Mussolini en passant par Mao. Depuis que l'on fait des photos, on les retouche et on n'a pas attendu les régimes totalitaires pour éliminer un personnage gênant ou améliorer un profil. Chaque dictature possède son style, emphatique et ridicule dans l'Italie fasciste, rigide et inquiétant pour l'Allemagne nazie. L'empire stalinien, lui, a deux caractéristiques: le rôle essentiel de Staline dans la révolution d'Octobre aux côtés de Lénine doit être démontré contre l'évidence, au prix de toutes les manipulations, et les militants en disgrâce doivent disparaître. L'examen de la brochure intitulée "L'homme que nous aimons le plus", publié par le PCF pour le 70ème anniversaire du camarade Staline, offre la panoplie complète de la retouche photo à la soviétique. Elle contient de nombreuses photographies du "petit père des peuples", en général seul. Sur sept photos, il est au côté de Lénine, l'accueillant à son retour d'exil ou organisant avec lui la révolution de 1917. L'autre photo très connue montre Lénine malade à Gorki en 1922; il est allongé sur une chaise longue et Staline le surplombe légèrement en retrait. Cette image sera reproduite à l'infini.
Carte blanche à la rédaction du Monde
Avec Guillaume CALAFAT, Christian GRATALOUP, Michel LEFEBVRE, Delphine PAPIN
Depuis toujours l'homme regarde la mer et se demande ce qu'il y a au bout de l'horizon. Dès qu'il a pu naviguer, il est parti explorer cette immensité liquide qui l'entoure, en radeau, en drakkar, en galion ou autre. Grâce à ces navigateurs intrépides, il a bien fallu admettre que la Terre n'était pas plate mais ronde. Les océans ont toujours été des territoires de conquêtes et le sont toujours. Contrôler la mer, c'est maitriser ses richesses et le commerce. Pour aider à cette conquête de l'infini, l'homme a conçu des instruments et des cartes marines, il s'attaque maintenant à la dernière frontière qui est la cartographie des fonds sous-marins. de l'élévation du niveau des mers en passant par les tensions sur les frontières maritimes ou l'enjeux des ressources maritimes, le cartographe aujourd'hui comme hier est alerte, il localise et informe avec de nouveaux outils. Les satellites, radars, sonde sont des instruments de mesure de plus en plus accessible qui permettent d'informer sur évolutions rapides du milieu marin qu'elles soient géopolitiques ou environnementales.
+ Lire la suite