Il ne s'agit pas ici d'un roman, mais du récit d'une lutte contre la bipolarité par une jeune femme atteinte de cette maladie. Pouvez-vous imaginer par où doivent passer les personnes victimes de cette maladie, appelée psychose maniaco-dépressive ? Dans notre vie, les émotions priment sur la raison : le "ressenti" fait le vécu, pas ce qui est appris ou déduit par le raisonnement (ce qui n'interdit cependant pas de réfléchir...).
J'ai apprécié la pudeur, la retenue dont fait preuve l'auteure pour faire entrevoir à ceux qui n'ont pas subi de semblables périodes les différents états qu'elle a dû traverser ; elle n'impose pas au lecteur de lourdes descriptions détaillées : elle fait le récit simple et direct de ce qu'elle a vécu.
Le style, jeune, vivant et alerte est très plaisant ; il devrait notamment faciliter l'accès de l'ouvrage aux jeunes adultes, tout en permettant à ceux de notre âge (++) de comprendre et d'apprendre. Contrairement à ce que l'on trouve souvent dans le domaine des éditions, le titre retenu ne trompe pas sur le contenu ; il est particulièrement bien adapté. J'espère qu'un jour
Agathe Lenoël pourra le corriger dans une édition ultérieure en le mettant au passé (Qui étais-je ... ?). Les sous-titres sont excellents au point qu'un poète pourrait sûrement faire quelque chose de la table des matières...
L'être humain utilise les forces qui lui sont contraires pour atteindre le but qu'il s'est fixé : le marin tire des bords pour remonter contre le vent. Ainsi en est-il, m'a-t-il semblé, d'
Agathe Lenoël capable de resserrer peu à peu les rênes du pur-sang capricieux qui s'affolait par intermittence en elle et qu'elle maîtrise désormais. Dans "
Le voyant",
Jérôme Garcin rapporte que le héros ayant perdu la vue à l'âge de huit ans plaint ceux qui l'ont conservée de ne pas avoir de "lumière intérieure".
Agathe Lenoël dit un peu la même chose en retournant presque la maladie à son avantage : "les élans maniaques me façonnent" ; on en vient à se dire que nous autres qui n'avons pas été soumis aux "malentendus" ayant permis à la maladie de se développer, sommes passés à côté de quelque chose. Merci à
Agathe Lenoël de nous l'avoir fait entrevoir.