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EAN : 9791097359034
132 pages
FLM (08/12/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Quand le mot échanger prend la place de dialoguer, anticiper celle de prévoir, sujet celle de problème, le même phénomène se produit, la langue s’appauvrit. L'auteur nous fait découvrir ici pourquoi et comment, selon lui, nous devons combattre les mots envahisseurs que sont initier, improbable, éponyme, à date, a minima, ça pose question, problématique, booster, dédié et tant d’autres.

Romancier, mais aussi auteur et producteur de centaines de documenta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je n'ai pas pour habitude de chroniquer des essais, mais le propos de Frédéric Lepage m'intéresse. Et je le rejoins sur de très nombreux points. Ne fuyez pas, c'est loin d'être ennuyeux ! Ca pourrait même vous faire rire ou vous mettre en colère, ou les deux simultanément ! Et puis, il va falloir que je fasse attention à ce que j'écris. Vous allez comprendre..

Partant de son expérience de documentariste animalier (d'aucuns auraient dit de son expertise) et de sa connaissance des écosystèmes, Frédéric Lepage fait un parallèle avec notre langue, elle aussi est envahie de mots-animaux qui n'y étaient pas à l'origine et qui détruisent l'environnement comme le serpent brun de Guam a détruit à lui seul tout l'écosystème d'une île. Mots-crapauds buffles, mots-ragondins, mots-sangliers, les liens sont nombreux vers ces mots qui n'enrichissent pas la langue mais l'appauvrissent par paresse, snobisme, ignorance. Ne me dites pas "oh, encore un puriste" ou "tiens, un grammar nazi" ou encore "mais il faut qu'une langue évolue".. Frédéric Lepage accepte avec plaisir (et moi aussi) des mots nouveaux et/ou étrangers qui comblent un manque ou précisent une nuance du français. Mais il a en horreur ces mots qui en remplacent une demi-douzaine sans rien apporter de neuf. Un exemple ? Booster. Très à la mode chez les médecins et journalistes en ce moment. Booster qui fait disparaître renforcer, dynamiser, stimuler, vivifier. Par paresse, par snobisme, pour "avoir l'air", pour faire moderne.. On ne parlera donc pas de cette expertise (voir plus haut) qui fait disparaître expérience et compétence au détriment de son vrai sens (l'expertise de votre voiture cabossée). Ni de ce parasite à la mode chez nos cuisiniers médiatiques et sur les réseaux qui collent le verbe venir partout. "Je viens beurrer le moule et je viens y verser ma pâte"... au lieu de "je beurre le moule et j'y verse ma pâte".

On ne remercie pas nos politiciens et journalistes (télé en particulier) ainsi que nos cadres d'entreprise qui de jargon en mots mal utilisés mais répétés à l'envi popularisent des formes fausses. Il n'y a plus rien d'impossible ou de difficile, mais c'est "compliqué", il n'y a plus de problèmes mais des "sujets".. Mme Hidalgo fait fort avec son "il n'y a pas de sujet de financement"... D'ailleurs, elle ne fait plus partie d'un.. parti mais d'une famille politique. Elle a honte du mot parti ?

Faire long pour faire intelligent (Trissotin n'est pas loin), employer un mot rare pour avoir l'ascendant sur l'interlocuteur.. On remercie (?) ceux qui "sont en charge de", ceux que "la situation interroge", ceux qui font des mix et pas des mélanges, etc...

Je m'agace de mon côté que le PSG "joue Marseille" et non pas contre Marseille (contamination anglosaxonne) , que cette chroniqueuse culinaire télé nous ressasse que " au plus c'est cuit, au plus c'est savoureux".. on ne peut pas faire plus lourd, non ? Plus c'est cuit plus c'est savoureux, c'est pas suffisant ? Plus rien n'est bon, c'est savoureux en bouche. On n'aime plus, on affectionne. Allez , j'arrête, je vais m'énerver pour rien. 😂

Alors j'attends l'avalanche des "vilain passéiste", "grammar nazi", "combattant d'arrière-garde".. mais je m'en moque. J'espère simplement des amoureux de notre langue qu'ils aillent à la découverte de ce petit opuscule (pléonasme assumé) pour "booster" ses ventes et découvrir le vrai sens de "problématique" puis qu'ils aillent se sustenter (ça veut dire manger) d"un plat qui est devenu "gourmand" au lieu d'être délicieux. Eux qui étaient gourmands que sont-ils maintenant nos gastronomes ?

Venez rire, grincer des dents, approuver ou pas mais découvrez que vous aussi vous êtes contaminés ! A lire par petites doses, les chapitres sont très courts. Et à garder à portée de main pour vous auto-corriger.

Et je ne dirai pas "Merci à toi, Frédéric" mais : Merci Frédéric ! (c'est mieux, non ?) 😉
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com
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original et passionnant !

Le sujet est passionnant, la lecture très agréable, l'humour omniprésent.
J'ai pris énormément de plaisir à lire ce livre !
" La langue française est un écosystème. La ponctuation y délimite des territoires. Des adverbes en régulent le climat. Des adjectifs le colorent et définissent ses reliefs. Nos paroles, nos pensées, nos émotions donnent aux mots qui s'y déploient, doux ou féroces, lents ou rapides, solitaires ou en hordes, une raison de s'accoupler, de s'entrechoquer, de vivre "
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je sais bien qu'on dit faire tache, faire obstacle ou porter plainte mais dirions-nous, de la même manière, " J'ouvre fenêtre pour laisser entrer soleil " ? Le mouvement général de suppression des articles est probablement l' un des marqueurs de l'effondrement syntaxique qui singularise notre époque.
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Problématique est lourd, bouffi, mais s'achève par le très verni « tique », qui lui confère les apparats de la science. Que pèse, face à ce mastodonte, le banal problème, avec ses trois pauvres syllabes et sa finale molle ? Pourtant, chaque fois que le mot problématique a été employé ci-dessus, c'est problème qu'il aurait fallu utiliser.
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Le mot alcoolisé * banalise, déresponsabilise, disculpe, enjolive. En cela, c'est bien un mot-jacinthe car, dans la plupart des exemples cités plus haut, il s'agissait de véritables alcooliques que leur addiction amène à estropier, à violenter, à tuer. Les dire alcoolisés les fait presque passer pour des victimes de l'alcool, alors qu'alcoolique souligne la responsabilité de chacun quand il se met au volant..
* utilisé à la place du mot alcoolique.
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Il existe un mot-rat brun, hideux, évocateur de soucis, de misère, de malheur: problème. Et un mot bête-à-bon dieu, neutre, gracieux. étheré : sujet. N'attachant aucune importance au fait qu'ils ne veulent pas dire la même chose, certains se sont demandé: pourquoi ne pas remplacer l'un par l'autre?
Comme souvent, l'invasion est venue des milieux politiques et journalistiques.
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Nous n'écoutons que nous-mêmes. Au moins, échanger oblige à aller vers l'autre. Mais faut-il dénoncer le mot, ou notre incapacité à nous montrer fraternels ?

Dialoguer est dans le coma. Échanger occupe tout le territoire, comme le fit le crapaud-buffle, sur une ligne de conquête qui avançait de trente kilomètres par an, avant de coloniser tout l' est de l'île-continent.
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