À 44 ans, Pierio est marié à Bella et n'a jamais exercé de travail. Il est le personnage local, "le simplet" du village. Cependant, ce que les autres ne savent pas, c'est qu'il entend, qu'il comprend et surtout qu'il ressent au tréfond de lui tout ce qui se passe autour. Ce qu'il va nous confier, c'est la mise à nu d'une vie morcelée à laquelle il va se heurter et nous confronter...
On plonge dans l'intimité de Piero qui livre ses états d'âme en toute conscience. Il décrit une souffrance et une solitude intérieure qu'il traîne comme un fardeau, ainsi qu'une humeur aigre qui lui colle à la peau. Handicapé et enfermé dans le déferlement trouble de ses traumatismes, fantasmes et obsessions, il nous dépeint l'immobilisme, la précarité et la douleur de ses espoirs volés. J'ai été émue par la tendresse que lui évoque son frère disparu et par le relief de ses souvenirs.
Cette expression pittoresque témoigne du désarroi profond de Piero, utilisant une métaphore inattendue pour décrire son état d'esprit chaotique et bouleversant.
L'écriture cultive le paradoxe, à la fois naïve et tranchante. On sent tressaillir une colère, tout se bouscule et se mélange dans la tête trop pleine de Piero qui menace d'éclater. Ses mondes se juxtaposent dans une folle et fourbe mélancolie. Il dénonce les malheurs de l'enfance qui l'ont non seulement détruit mais aussi dépossédé.
Il invoque, provoque Dieu avec une vengeance fulminée, aussi stérile qu'inutile. Et on s'enfonce avec lui, dans un récit amer, lucide et torturé, témoins d'une détresse sublime de pudeur et de poésie.
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