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Au vu des billets sinon négatifs, du moins dubitatifs sur ce roman, j'ai failli reculer pour cette première approche de Doris Lessing. Et puis finalement j'ai décidé d'essayer d'appliquer la bonne vieille méthode du lâcher prise : tu te lances, tu lis, tu coules, tant pis, respire. Et ça a marché!

Traverser ce roman est en effet une véritable aventure, et pour cause: nous sommes au coeur de la "folie" (ou tout au moins de ce que la société rationnelle considère comme telle), dans l'esprit d'un homme trouvé dans la rue, amnésique, conduit à l'hôpital, et qui entre deux tentatives de contact de la part du corps médical divague, se remémore, témoigne, raconte ses pérégrinations de marin errant dans un courant tournant sans fin sur un radeau dans l'Atlantique, sa découverte d'une ville abandonnée des hommes, et puis sa guerre, et puis ses amours dans la guerre...
Comprendre qui est cet homme est malaisé, il n'offre aucun point d'appui; les médecins se relaient sans succès à son chevet, même les dieux interviennent et chacun a ses raisons. Et notre homme continue de tourner, de parler parler parler...

On est perdu et pourtant à un moment, à défaut d'explication, des éléments se mettent en place sous la plume limpide et d'une rare intelligence de Doris Lessing, ils s'agencent en des sens qui défient la raison, et vous laissent à la fin du voyage un peu moins rationnel que vous ne l'étiez en y entrant, ce qui est une bonne chose.

Doris Lessing et moi, on va se revoir.




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Après une pause de presque deux ans, je me suis enfin décidée à reprendre ma 'Descente aux enfers' commencée dans le cadre du Challenge Nobel. Une descente un enfers, c'est bien de cela qu'il s'agit puisqu'on passe 400 pages dans la tête d'un homme dérangé et obsessionnel enfermé en hôpital psychiatrique. Mais aussi, plus prosaïquement, parce que la lecture peut se révéler un vrai calvaire, bizarre, dérangeante et ennuyeuse...

Le début est à cet égard particulièrement frappant : pendant plus de 70 pages, on est sur un radeau au milieu de l'océan, seul. Et tourne et tourne et tourne. Et rien d'autre que tourne et tourne. Puis on se retrouve sur une terre, peuplée d'hommes à tête de chiens qui se battent et vivent des orgies. Pendant à nouveau 70 pages.

Et là s'était arrêtée ma première rencontre infernale, me laissant un vrai malaise et pas du tout envie de découvrir la suite ! Pourtant, j'en ai gardé un souvenir très précis, bien plus que pour certains autres livres lus à la même période et appréciés. Puis je m'étais promis d'aller au bout, ne serait-ce que pour comprendre (ou pour voir s'il y avait quelque chose à comprendre). Alors je l'ai repris.

La suite immédiate est tout aussi hypnotique et pénible : par associations d'idées, le héros passe de la terre à un mystérieux cristal qui l'envoie dans l'espace et lui fait rencontrer les dieux de la mythologie, notamment Mercure et Minerve qui deviennent bientôt les chefs de guerre Merk Ury et Minna Erve. Vous l'aurez compris, à ce moment-là le héros est toujours aussi atteint, la lecture aussi ardue et j'avoue que j'ai sauté des passages et lu en diagonale.

Puis ça s'améliore un peu, on sort des délires pour en venir aux échanges, avec les médecins, les autres malades ou son entourage d'avant. la lecture devient plus fluide et on arrive au bout sans trop souffrir (mais sans forcément tout comprendre, en tout cas pour moi).

Plus qu'une histoire, c'est donc à mon sens une expérience littéraire que Doris Lessing nous livre ici, un peu comme celles des surréalistes ou de l'écriture automatique... à moins que ce ne soit carrément un trip sous acide ! Si je peux comprendre l'intérêt pour l'auteure elle-même, je suis nettement plus dubitative sur l'intérêt pour des lecteurs, sauf à vouloir devenir fous d'angoisse ou d'ennui !
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Avril 1969 : Charles Watkins fut admis à l'hôpital central. Il était amnésique, délirant et sans papiers d'identité. de longues pages suivent racontant ses délires et ce n'est pas ce qui m'a le plus intéressée. J'ai lu en diagonale jusqu'au moment où son entourage témoigne : sa femme, sa maîtresse, son meilleur ami et j'en passe ! Charles raconte à sa façon la guerre de Yougoslavie alors qu'il n'y a jamais participé ! Il y a une description de l'univers des hôpitaux psychiatriques assez exacte, comme si Doris Lessing y avait eu une expérience concrète. Ou l'on découvre à la fin que Charles Watkins est un professeur renommé et maintenant qu'il est guéri, il doit retourner à Cambridge par une lettre de lui datant d'avril 1970. Son internement en psychiatrie n'aura donc duré qu'un an. Ce que l'auteure dit dans l'épilogue est intéressant : "Il y a quelques années, j'ai écrit une histoire pour le cinéma. Cette histoire provenait d'une amitié étroite avec un homme dont les sens étaient différents de ceux des gens normaux". Il faut aller jusqu'au bout de la lecture de ce petit livre ne serait-ce que pour cette petite réminiscence pertinente qu'est l'épilogue ! Bon courage dans votre lecture.
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Ce livre est prenant. Il part un peu dans tous les sens et tous les styles, on tend à de la science-fiction ou du fantastique un peu à la Will Self (les parties qui me plaisent le moins) à des pages assez spirituelles et de simples moments de littérature toute classique de relation d'événements quasi anodins... Avec un monologue dans des dialogues et échanges épistolaires plus ou moins réussis... Les thèmes abordés me plaisent, si tout ne me semble pas maîtrisé c'est peut-être que je ne connais pas suffisamment bien l'auteure et donc ne sait pas quelle place à ce livre dans son oeuvre. Ce livre est assez bien tombé dans le décours de ma vie, donc il m'a été facile de l'apprécier. A voir ce qu'il (m')en restera le temps passant.
A voir aussi si je vais prolonger le parcours avec Doris Lessing...
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Huit ans avant Canopus dans Argo, la première incursion de Doris Lessing en science-fiction, déjà redoutable de profondeur et de malice, entre intérieur et extérieur.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/29/note-de-lecture-descente-aux-enfers-doris-lessing/

Un inconnu est retrouvé en train d'errer sur les bords de la Tamise, dans un état presque catatonique à certains moments, et profondément troublé, disons-le par euphémisme, à d'autres. Hospitalisé, alors qu'il semble plongé dans un rêve profond, dans lequel il est naufragé en plein Atlantique sur un radeau de fortune, il est soigné par deux psychiatres aux diagnostics et aux remèdes de plus en plus nettement divergents. Identifié au bout de quelque temps comme étant Charles Watkins, un respectable professeur de Cambridge, il reste plongé dans une étonnante aventure maritime et îlienne alors même que les soignants et les enquêteurs tentent de comprendre ce qui lui arrive en interrogeant ses proches. Parallèlement, loin ailleurs (ou peut-être plus près, mais dans un autre plan d'existence), des êtres, à la nature que l'on qualifierait volontiers de divine selon nos critères culturels habituels, utilisant le panthéon grec pour se désigner entre eux (à moins bien sûr que ce ne soit le contraire), s'organisent pour influencer durablement nos destinées, en toute discrétion…

Publié en 1971 (et traduit en français en 1988 par Pierre Alien chez Albin Michel), « Descente aux enfers » marque un tournant dans l'écriture de Doris Lessing, prix Nobel de littérature 2007. Si le titre français se veut plus lapidaire que l'original, la première page en rétablit l'essence : « Instructions pour une descente aux enfers », et l'assortit, après les deux exergues issus du Sage Mahmoud Shabistari et de Rachel Carson, de cet avertissement en forme d'indice décisif : « Catégorie : Science-fiction de l'espace intérieur. Car il n'y a jamais nulle part où aller qu'en dedans ».

Au cours des neuf années alors écoulées depuis la publication saluée du « Carnet d'or » (1962), qui annonce déjà sa future consécration, la romancière britannique née en Iran a achevé sa série des « Enfants de la violence » commencée en 1952, et offert quelques recueils de nouvelles. « Descente aux enfers » résonne comme un coup de tonnerre ambigu auprès du public et de la critique, tant il s'écarte résolument du réalisme social auquel l'un et l'autre avaient été habitués depuis « Vaincue par la brousse » (1950), et parce qu'il assène d'emblée le mot littérairement redoutable – car alors puissamment honni – qu'est science-fiction (fût-ce « de l'espace intérieur »).

Détournant avec une immense intelligence tactique des motifs familiers aux lectrices et aux lecteurs de H.P. Lovecraft en général et des « Montagnes hallucinées » en particulier (avec une forme de talent spécifique que l'on retrouve par exemple chez l'Albert Sanchez Piñol de « La peau froide » et de « Pandore au Congo » ou chez la Rivers Solomon des « Abysses » – et dans une moindre mesure chez le Michel Bernanos de « La montagne morte de la vie »), leur appliquant une bonne dose de cette simultanéité trafalmadorienne chère au Kurt Vonnegut d'« Abattoir 5 » et de plusieurs autres romans, retournant le triangle des Bermudes comme un gant maudit, distillant les spéculations discrètes autour des archétypes jungiens comme un Valerio Evangelisti au sommet de sa forme eymerichienne, Doris Lessing travaille en profondeur, en à peine 300 pages, l'articulation des camisoles religieuses, sociales et chimiques que le pas de côté science-fictif (lui-même formidablement métaphorisé sur l'île) rend plus cruellement apparente que tout autre filtre analytique.

Tournant décisif qui crée le malentendu durable entre Doris Lessing et une partie de son lectorat de l'époque, « Descente aux enfers », roman foudroyant, fait ainsi bien plus qu'annoncer le monumental cycle « Canopus dans Argo : Archives » (1979-1983) – dont de si nombreux thèmes et motifs sont déjà présents ici, fût-ce à l'état de traces encore modestes -, qui amplifiera huit ans plus tard avec une rare maestria et une profondeur inégalée cette exploration audacieuse de la trame même de l'humanité, par les moyens uniques et précieux de la science-fiction.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Doris Lessing - "Descente aux enfers" – Albin Michel (ISBN : 978-2253056775) ("Briefing for a descent into hell" cop. 1971 pour l'original)

J'avoue que je n'ai fait que survoler tout le début, soit un bon tiers du récit, dans lequel l'auteur décrit des rêves de science-fiction du héros supposé avoir perdu la mémoire : je n'ai jamais accroché à ces innombrables récits "oniriques" qui me semblent profondément barbant dans un texte littéraire.

En revanche, le texte redevient passionnant à partir du moment où le lecteur découvre les différentes facette de ce personnage momentanément en suspension, par le biais d'un échange de courriers entre diverses personnes l'ayant connu.
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