Soudain…
Dans les herbes de l'enfance, je ne sais quel
chagrin soudain vous porte. Vous n'avez plus
assez de ciel pour gagner du champ ni la tête
assez légère. Vous cheminez en vous sans
issue. La lumière vous manque. Quel visage
s'est retiré de vous et s'éloigne comme bête ?
Quelle peur dans les os ? Et si peu dans les
mains pliées! Le pays lui-même se retourne
vers les fonds et vous ne savez plus rien ni
même la couleur de la terre. Reste la douleur.
Sans rivage.
Sur la colline sèche…
Du balcon à la colline, un surplomb d'été. Il
va falloir grimper soleil. Et graver dans le
bleu ces mots qui frétillent dans les herbes
courtes – pierre, vipère, repaire de rapace. Le
regard évince le moindre faux pas. La main
caresse une chaleur sourde. Toute l'enfance
s'assèche dans les bruits émiettés. Parfois la
grâce libre d'un oiseau signe l'espace ouvert.
L'été couve, intact.
Par les nuits tièdes…
Par les nuits tièdes, l'enfant resquille le vent
et le lait des arbres. Il invite sur le balcon les
astres et s'entretient avec le ciel. Son chant
respire les étoiles. Il est sans espace, à la
mesure des rêves. Il ressemble au poète. Sans
doute a-t-il moins de chaînes. Il hume la
lumière et repousse le noir.