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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'histoire d'un mec, il a pas eu de bol.
Plus de taf, plus de femme. Faire sans télé et aspi, il gère encore, question de volonté.
Histoire de pas sombrer aussi sec et définitivement que le Titanic, Jake va décider de se reconvertir.
Pas con.
Ding dreling, c'est m'dame la chance qui vient toquer à ta porte.
Naaan, c'est surtout le mafieux du coin qui vient solliciter tes penchants naturels pour le flouze.
Tu veux du blé, tu flingues bobonne.
Le deal est aussi simple que ça.
Allez, qu'il s'est dit notre Jake, on a vu des porte-flingues bien plus nases que moi. Une bastos à bout portant et rebonjour copain banquier, best friend for ever avec pouces et index joints en forme de coeur sur fond de Céline Dion.
Et puis ce nouveau boulot au magasin d'essence, chez mon pote Tommy, devrait me filer un alibi en béton armé, lui aussi, pour peu que Patate, mon comparse de station tenant bien plus du clochard intellectuel que du futur prix nobel, ne foire pas tout dans les grandes largeurs qui lui servent habituellement de jalon.

Levison, c'est bon !
Ce type possède l'art et la manière de taper là où ça fait mal avec une légèreté déconcertante.
Et dire qu'il s'agit là de son premier roman, j'en reste comme deux ronds de cake.

Jake Skowran, en anti-héros sympatoche, se pose là.
Levison, habité par une verve caustique communicative, réussit le tour de force de faire passer un salopard opportuniste qui s'ignore pour le mec que l'on souhaiterait tous avoir comme pote de chambrée.
A l'abri de tout début d'embryon de réflexion existentialiste, ce type, dans le fait de buter autrui, n'y verra jamais rien d'autre qu'un job grassement payé qu'il exécutera d'ailleurs avec une conscience professionnelle kouasi mystique. Ah si, il cogitera quand même dur dans le but de ne jamais se faire pincer.
Curseur empathique, zobi sur toute la ligne.
Une cible, une balle. C'est comme ça qu'il fera son trou.

L'on se doute bien que tueur à gage, comme roue de secours, ça laisse à désirer niveau sécurité de l'emploi et pérennité dans la profession.
En grossissant le trait à l'extrême, Levison aborde la problématique des exclus à fond de point mort sur l'autoroute du bonheur. Normal, plus de ronds pour foutre de "les sens" dans le palpitant et le ciboulot.

Outre un récit jubilatoire, mention spéciale à la galerie de portraits.
Ami Patate, si tu savais lire, tu découvrirais que cet hommage appuyé t'est personnellement destiné.

Petit Boulot, énorme panard de lecture !
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Un petit boulot : une petite pépite...
Bien sûr il y a le froid, l'hiver, le chômage, le désespoir et la misère chaque jour plus envahissante, cette petite ville victime de la course aux profits pourrait se situer n'importe où aux Etats-Unis ou en Europe...
Mais il y a surtout l'impuissance, la révolte, l'écoeurement face à toutes ces vies volées. Personne n'appelle plus Jake au téléphone sauf la boîte de recouvrement des créances, il n'a plus de chauffage et l'avenir s'annonce encore plus sombre.
Plus encore que la misère sociale, il y a la solitude et la perte des repères.
Jake va retrouver sa dignité grâce à ce petit boulot, et aussi une place dans la société, lui qui ne servait plus à rien va retrouver la considération et la satisfaction de faire quelque chose.
Quel personnage peut moins inspirer l'empathie qu'un tueur à gages ?
Iain Levison réussit ce tour de force, on aime Jake, on a peur pour lui et on veut qu'il gagne sur ce monde absurde dépourvu d'humanité, dominé par la cupidité et la bêtise.
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Découvert sur le tard avec Pour services rendus, Iain Levison fait partie des auteurs américains dont je remonte l'oeuvre à rebours sans jamais être déçu. Avec Un petit boulot, son premier roman -traduit par Fanchita Gonzalez Batlle-, je confirme : c'est du bon, et même du très bon !

Dans une petite ville du Wisconsin laminée par la crise, Jake Skowran a presque tout perdu : son job dans la grosse usine qui faisait travailler toute la région et qui a fermé, sa femme qui s'est barrée et ses éléments de confort qu'il gage un à un pour survivre. Presque tout perdu, car il lui reste encore de l'enthousiasme, une foi en l'avenir et une part de fatalisme qui lui fait espérer que la roue peut encore tourner.

Une roue qui s'appelle Gardocki, bookmaker local qui l'embarque dans une nouvelle vie de tueur à gages. Les assassinats s'enchaînent, l'argent rentre, les femmes reviennent… Fin de l'histoire amorale.

En plus d'être un bon petit polar aux relents Thompsoniens, Un petit boulot offre un joli regard décalé sur cette Amérique des laissés pour compte, des survivants de la crise, de ceux pour qui le rêve américain est devenu celui de la débrouille quotidienne, de cette société à deux vitesses où les porte-flingues du capitalisme triomphant pressent chaque jour un peu davantage le peu de jus restant chez ceux qui sont déjà à sec.

Chez Levison, dans une épure de mots, tout est juste, tout est dit. L'intrigue est solide, les personnages sont hauts en couleurs et forts en gueules, et la satire sociale est solidement étayée. Un petit boulot peut-être, mais du bon boulot !
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J'ai une tendresse particulière pour Iain Levison. Une pure découverte de librairie pour le coup. Une vitrine bien achalandée. Des petites notes graciles et intrigantes délicatement posées sur ses bouquins. Et voilà comment je me suis retrouvé lié à jamais à ce grand écrivain aux petits livres (tous très courts).

Ce n'est pas totalement de la blanche, pas vraiment de la noire (encore que...), c'est de la poudre grise, celle qu'on s'enfile dans les ouvertures nasales et qui vous montent directement au cerveau.

Pas de la poudre de perlimpinpin qu'on trouve sur les vulgaires étals de votre boucher-libraire SNCF mais bien cette poudre de conscience sociale, de combats perdus d'avance contre une société qui broie les individus au nom du profit, un système qui se nourrit des pauvres et fusille leurs espoirs sur des poteaux d'exécution.

Mais c'est aussi avant tout une histoire teintée d'ironie à la tonalité acerbe et pétrie d'intelligence que nous a concocté Levison. Son écriture est punchy et cinglante. Vivifiante.

Quand vous découvrirez le petit boulot en question, vous hausserez un sourcil étonné puis vous sourirez en suivant les aventures de cet apprenti tueur à gage, pied nickelé du meurtre payé.

Levison nous façonne un anti-héros, Jake Skowran, chômeur de fraîche date qui se croit plus futé qu'il ne l'est et qui mène sa barque entre bêtises et fulgurances de génie (et de chance). Sa vision de la société américaine et occidentale est néanmoins exacerbée et juste :
"Investir dans l'avenir est un truc de riches. Les pauvres cherchent seulement à rendre le présent supportable." Acerbe donc.

Même si ce n'est pas le meilleur de l'auteur, si vous devez n'en lire qu'un, je vous conseillerais plutôt "Les Tribulations d'un Précaire" - une pépite noire - chacun de ses bouquins vaut néanmoins le coup d'œil et ressemble à de la pure délectation. 3,5/5
Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Un petit boulot dans une petite ville des Etats-Unis, du côté des grands lacs.
Du côté des grands lacs parce qu'une seule fois, Iain Levison livre un indice. le lac Michigan n'est pas loin. Je m'octroie donc le satisfecit de la lectrice attentive, apte à ne pas seulement relever les bourdes diverses qui entravent mes lectures (acronyme anachronique chez Gillian Flynn, poutre syntaxique chez Eric-Emmanuel Schmitt).
Après la minute de Monsieur Cyclopède, c'était la minute d'auto-encensement. D'autant que je n'ai pas souvenir d'avoir lu que l'action se passait dans le Wisconsin. Je compenserai prochainement avec une minute d'auto-dérision.

Une petite ville industrielle donc, comptant une industrie. Sans moutons, chevaux, plantes potagères qui nous feraient subodorer une quelconque activité agricole. Une petite ville industrielle qui serait un Détroit lilliputien, pareillement touchée par la crise. Une unique usine ferme ses portes et c'est son lot d'habitants-travailleurs qui tombe dans la précarité. Lorsque les lendemains consistent à attendre les allocations chômage, ils chantent moins.
A coup de crises économiques successives, le rêve américain ne séduit plus que les laissés-pour-compte du monde qui crèvent de faim ou les grands actionnaires qui hésitent sur la taille de la louche à caviar. Les laissés-pour-compte locaux décryptent mieux les discours lénifiants lorsque leurs cartes de crédit ne leur font plus crédit.

Jake Skowran perd son boulot, sa copine, sa jolie voiture, son abonnement au câble et conserve son intelligence et ses dettes auprès de son bookmaker. Lequel lui propose un job de tueur à gages.
Entre meurtres commandités dont la justification trouve sa source dans le salaire promis et meurtres nés du libre arbitre de l'ex-responsable d'un quai d'embarquement d'usine, Iain Levison épingle l'inhumanité d'un système économique qui broie sans un regard pour ses victimes.
A l'immoralité de l'apprenti tueur répond l'amoralité d'une société qui vire un employé de magasin pour facing inadapté (les chips Wenke sur l'étagère du haut!) et une blouse absente.
Face à l'immoralité de Jake soucieux de sauver ses fesses, Levinson raconte la falsification des statistiques policières.

Ici, la moralité fuit à chaque ponctuation du texte. Lequel enchaîne situations cocasses, fusil à baïonnette, Budweiser par pack de six, causticité. Ici, on se fiche comme d'une guigne de la crédibilité de certaines actions puisque la réalité dans ce qu'elle a de plus mordant baigne les deux cents pages de ce premier roman fort réussi.
Iain Levinson a le sens de la débâcle joyeuse, le talent de la lucidité échevelée et cynique. Il conduit son héros sur les rives d'un anarchisme qui se prendrait les pieds dans le tapis de la nécessité individuelle, tissé par un Groucho Marx à la sociopathie sélective.
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Plus de boulot, plus de voiture, plus de télévision, plus de copine… Jack Skowran est dans la dèche. Son sort n'a rien d'exceptionnel dans sa ville sinistrée. Tout a basculé le jour où l'usine a fermé pour s'installer sous d'autres cieux où la main d'oeuvre est moins coûteuse et plus docile. Jack n'a aucune perspective et il ne sera plus indemnisé par le chômage dans quelques mois. Alors quand Ken Gardocki qui exerce les nobles professions de bookmaker et de trafiquant de drogue lui propose de l'argent pour abattre sa femme, Jack accepte. Les responsables politiques et les chefs d'entreprise sont cyniques et violents, alors pourquoi pas lui. Jack qui a toujours été un travailleur consciencieux va se révéler être un tueur à gage des plus compétents. Et étrangement ce « petit boulot » va permettre à Jack de reconquérir sa dignité.

Iain Levinson nous livre une vision désenchantée des Etats-Unis à travers le portrait d'une ville en plein marasme peuplée de «petits blancs ». Une usine ou un commerce peuvent être fermés du jour au lendemain même s'ils sont rentables. Dans les points de vente, de petits chefs imposent mille et une règles pointilleuses aux employés qu'ils exploitent. Alors le lecteur comprend sans peine la réorientation de Jack. le roman baigne dans le cynisme, l'immoralité et l'ironie grinçante. "Un petit boulot" est un polar à l'intrigue efficace et un roman social qui dépeint une société postindustrielle désenchantée. Un roman grinçant et jouissif.
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Un excellent roman du non moins excellent Iain Levison- dont on a dit tout le bien dont on pensait lors de sa venue à Quai du Polars 2016, une fable féroce et revigorante, et un portrait terriblement juste d'une ville économiquement morte , baignée d'humour à froid sur l'absurdité du monde contemporain qui voyait un chômeur au bout du rouleau accepte de devenir tueur à gages.
Le roman possède au moins deux atouts essentiels : son ton pince-sans rire et une juste et féroce dénonciation des absurdités du monde d'aujourd'hui.
En conteur né, Levison nous accroche avec un sens du tempo et un humour ravageur.



Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Y en a qui se font ch...au boulot, Jake lui n'en a plus, on l'a viré et il pense qu'il n'est pas prêt d'en retrouver un.

Il a presque tout perdu, son estime, sa femme, ses amis. Sauf un, Ken qui va lui proposer un job un peu spécial : tuer sa femme. Est-ce que Jake va accepter?

Lisez ce petit chef-d'oeuvre d'humour noir. La société capitaliste américaine en prend un coup (ou plusieurs) grace à la plume acidulée de Iain Levison et c'est tant mieux!


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Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer en refermant ce livre. Je suis un peu comme Jake je dois retravailler coûte que coûte. Tout y est : les dettes, la drogue, les potes aussi perdus, les jeux – c'est important de jouer quand on n'a pas d'argent –le bookmaker, le manque de chauffage, les repas inexistants et les jobs sous-payés. Comment ? Non, je ne me drogue pas, je mange et j'ai du chauffage... Pour l'instant ! Bref d'un côté le désespoir d'une poignée d'hommes et de femmes qui essayent de survivre, de l'autre l'humour noir de l'auteur. J'ai adoré !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Premier roman
Après la fermeture de l'usine, Jake a tout perdu : son travail, sa télé, son aspirateur, mais aussi sa petite amie... Pour ne pas perdre sa dignité, il est prêt à tout accapter, n'importe quel "petit boulot". Vraiment n'importe lequel... Un premier roman au ton ironique, cynique. A lire absolument !

29/01/2010
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