J'avoue d'entrée de jeu que ce livre ne m'a pas plu. Par contre, une recherche sur internet m'a amené à découvrir plusieurs articles de journaux qui lui ont été consacrés à l'occasion de sa publication. J'y ai fait plus ample connaissance avec son auteur et j'ai pu ainsi mieux comprendre ses motivations. Dommage que son ouvrage n'ait pas produit chez moi le même effet, car la cause qu'il défend est bonne. Qui en effet peut être contre l'amélioration de l'enseignement du français au primaire et au secondaire?
Mon antipathie a surgi dès le premier texte de ce recueil en constatant le mépris de l'auteur envers les hommes et les femmes qui lui ont enseigné la grammaire française à l'école primaire sans que jamais aucun d'entre eux ne réussisse à attirer sa sympathie ou du moins son empathie. Tout comme
Victor Hugo dans son poème «À propos d'Horace» (c'est de là d'ailleurs que provient le Victor du titre), Limoges y exprime en effet sa haine pour un système d'éducation qui «nous prépare à tout sauf à penser».
Le deuxième texte de l'ouvrage, «Une bonne leçon», en rajoute encore une couche. Ce n'est pas tant les confusions de la langue française qui y sont dénoncées, mais la façon confuse avec laquelle on l'enseigne. Oh, comme l'enfant qu'était l'auteur à cette époque était brillant, je dirais même surdoué, face à ces «gens sans génie» qu'il adorait mettre en boîte : «La Maîtresse psalmodiait de confuses incantations, faisait le tour du bureau en sautillant sur des rythmes tribaux. Elle brandissait l'épouvantail des participes passés» !
N'ayant moi-même assimilé les principales règles du participe passé qu'au début de la cinquantaine lors d'un retour tardif aux études, sans toutefois prétendre en maîtriser toutes les subtilités, je suis d'accord pour dire que le système d'éducation québécois produit une légion d'analphabètes fonctionnels, mais je ne blâme jamais mes «maîtres et maîtresses» du primaire et du secondaire pour leurs faiblesses pédagogiques comme Limoges le fait. Oui, peut-être qu'à l'époque j'aurais eu beaucoup à dire et surtout médire sur eux, mais aujourd'hui avec le recul, je ne crois pas qu'ils sont la bonne cible.
Déjà, bien engagé dans ma répulsion, j'ai poursuivi ma lecture jusqu'à la fin, sans que rien ne me fasse changer d'avis, car après avoir fustigé ses maîtres et maîtresses du primaire et du secondaire, il s'en prend aux enseignants du collégial.
Navigant entre essai et récit de vie, «
Victor et moi» ne m'a pas amené à ressentir des émotions qui auraient pu faire surgir une complicité. Bien au contraire.