Je poursuis ma découverte de l'univers de
Henri Loevenbruck par la trilogie Mackenzie… Dans le premier volet,
le Rasoir d'Ockham, l'auteur mêle avec brio interprétation de faits historiques, thriller, occultisme et sentiments…
Rien de vraiment nouveau dans le genre : une vieille énigme ayant un fond de vérité (le maître d'oeuvre
Villard de Honnecourt a réellement existé), un analyste atypique et controversé des Renseignements Généraux confronté à une étrange affaire de meurtres rituels en séries, des personnes qui lui sont chères mêlées à l'enquête, des alliances improbables, des courses poursuites… etc. Mais, avec
Henri Loevenbruck un tel ensemble fonctionne au-delà de l'imaginable pour qui accepte le pacte de lecture…
Au sujet du titre, il faut toujours garder en mémoire que le principe élaboré par le philosophe franciscain
Guillaume d'Ockham au XIVème siècle est une ode à la simplicité : « il est inutile d'accomplir par un plus grand nombre de moyens ce qu'un nombre moindre de moyens suffit à produire. […] Quand des choses doivent rendre vraie une proposition, si deux choses suffisent à produire cet effet, il est superflu d'en mettre trois ». Mais attention ! simplicité et économie ne signifient pas simplification à outrance… Nous sommes, en effet, en présence d'un beau pavé riches en péripéties et hypothèses… ; que chaque lecteur(trice) se débrouille donc comme il(elle) le peut avec ce raisonnement et le médite à la fin du livre.
L'écriture est savamment maitrisée dans un chapitrage court qui permet l'alternance des situations et des points de vue ; c'est rythmé, sans le moindre temps mort, très visuel aussi, cinématographique. En même temps, les personnages sont travaillés, complexes, attachants… J'ai passé un excellent moment en leur compagnie, m'intéressant à certains plus qu'à d'autres ; ainsi, Ari, avec son faux air de Georges Clooney, m'agace un peu... tandis que je m'identifie un peu à Lola…
Ma récente rencontre avec l'auteur m'a permis de mieux comprendre son rapport à l'écriture : encore une fois, je salue l'important travail de documentation et de recherche, la complexité du plan du récit et surtout, je mesure mieux l'importance du personnage de la libraire aux côtés d'Ari : « un fantasme d'écrivain » ?...
Henri Loevenbruck, nous emmène, nous entraine, ne nous laisse pas souffler et ne perd jamais de vue que ses lecteurs pourraient se fatiguer à suivre Ari Mackenzie ; mais il a l'art et la manière de veiller à ne jamais les laisser se perdre… Ainsi, par exemple, pour ce qui me concerne à titre personnel, je me souviens d'un moment précis ou j'ai pensé tout haut : « non, mais là Henri, c'est pas possible… Ari a été sévèrement blessé il y a à peine quelques pages et vous le faites donner l'assaut, se hisser sur une mezzanine avec une clavicule que je croyais fracturée (je me souviens très bien que l'os avait craqué… et je sais de quoi je parle parce que, moi-même quand je me suis explosée l'épaule, je ne pouvais plus lever le bras…), c'est pas crédible… » ; et bien, juste à cet instant où je bloquais un peu sur la plausibilité du récit, l'auteur fait référence à la douleur insupportable ressentie par son héros… Trop fort !
De ce roman foisonnant, je retiendrai, sans ordre ou hiérarchie particulière… :
- Les bases historiques,
- L'occultisme et les arcanes du pouvoir : franc-maçonnerie et compagnonnage… entre autres,
- Les références littéraires, cinématographiques,
- L'action, les bastons, les assauts…,
- le sens des détails,
- L'hiver et la neige…
- Un engrenage parfait…
- …
À la fin,
Henri Loevenbruck nous dit « à suivre »… Pour ma part, c'est déjà fait : j'ai entamé
Les Cathédrales du vide, toujours en livre audio lu par François Montagut, un vrai bonheur…