Cet album nous ramène dans le fin fond du Québec des années 1920-30, dans la petite paroisse rurale de Notre-Dame-des-Lacs, habitée par quelques familles. En ouvrant cet album on va s'inviter au sein de cette petite communauté campagnarde québécoise au moment où elle vient de perdre Félix Ducharme, qui tenait le Magasin Général, la plaque tournante de ce petit village.
Comme tout l'équilibre de cette communauté repose entièrement sur le curé et le Magasin Général, Marie, la veuve de Felix, sera vite rattrapée par le quotidien du village et n'aura donc pas vraiment le temps de faire le deuil de son mari.
L'histoire, qui se ‘limite' en fait à suivre le quotidien de cette communauté, est donc assez simple. Mais, cette simplicité du récit permet de mettre en avant le caractère des différents personnages, tous plus expressifs les uns que les autres.
Il y a d'abord Marie, toujours prête à rendre service, qui est une ode au courage des femmes dans ces moments difficiles. Et puis il y a ce curé vraiment attachant et non dépourvu d'humour qui est pour l'instant mon favori avec le sympathique charpentier. Et comment passer à côté de ces trappeurs qui sortent des bois entourés de mouches comme les trolls de la série « Trolls de Troy » (faut-il également craindre pour le look d'un éventuel coffret de cette trilogie ? ).
Tous les personnages sont tellement remplis d'humanité et de générosité que l'on ne s'étonnerait d'ailleurs pas de voir apparaître Charles Ingals au coin d'un des champs . Et afin d'augmenter l'authenticité de ce petit village dans la prairie, les auteurs (avec l'aide du montréalais
Jimmy Beaulieu) ont également opté pour une narration franco-québécoise compréhensible des deux côtés de l'Atlantique et riche en expressions locales savoureuses.
Et que dire de ce dessin hybride Loisel – Tripp ?
Régis Loisel (« Peter Pan », « La quête de l'oiseau du temps ») au crayonné des planches et
Jean-Louis Tripp à l'encrage et à la finalisation des dessins. Une alchimie magnifique entre ces deux grands talents, qui nous reproduisent cette tranche de vie québécoise avec brio et nous livrent plusieurs planches muettes merveilleuses.
Bref, même si pour l'instant le scénario est un peu léger, on s'attache aux personnages dans ce premier tome d'une cohérence graphique remarquable. On apprécie et on va presque jalouser ce bonheur, cette quiétude, cette solidarité et cette tolérance qui animent cette microsociété harmonieuse dont la vie tourne autour du Magasin Général et de Marie. Quel contraste avec l'intolérance qui règne au sein d'une société articulée autour d'un petit écran !
Hostie !
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