Un livre dans lequel les personnages dégustent des crêpes dès la deuxième page ne peut être qu'un bon livre. Non?
Plus sérieusement, il y a a longtemps que je voulais lire "
Un Océan d'Amour" tant sa couverture est belle, tant il me semblait receler d'humour et de poésie. C'est maintenant chose faite et je sais déjà que je relirai souvent ce petit trésor qui vient alourdir à son tour les rayonnages de ma bibliothèque. Je sais qu'à chaque relecture, je retrouverai les sensations de ce dimanche soir d'automne, où pelotonnée dans mon plaid et tandis que la pluie battait à mes fenêtre, j'ai pris la mer. Et une espèce de vague où se mêlaient le rire et la poésie, l'amour et les sardines.
"
Un Océan d'amour", c'est l'histoire d'un petit pêcheur breton et de son épouse, beaucoup plus volumineuse et rendue plus grande encore par sa coiffe traditionnelle. Ils ne sont plus tous jeunes, leur vie ressemble sans doute à des milliers d'autres, mais c'est la leur. Et puis, ils sont l'air de drôlement s'aimer!
Un beau matin, notre marin gringalet prend la mer, comme chaque jour. La pêche est maigrelette, mais la journée commence bien jusqu'à ce qu'un gigantesque paquebot fende les flots, provoquant une déferlante et fonce littéralement sur le frêle bateau de pêche. C'est David contre Goliath cette histoire et notre David lutte tant bien que mal. Il tangue, il manque de se renverser... et finit sa lutte dans les filets du mastodonte qui le traîne dans son sillage. Il ne reste au vieil homme qu'un canot de sauvetage qu'il jette à la mer, pressant son compagnon d'infortune de s'y réfugier tandis que lui reste sur son petit bateau, son Titanic à lui. Commence alors pour notre héros une épopée maritime digne d'Ulysse à base de pirates et de rencontres plus ou moins loufoques et comme Ulysse, il fera tout pour rentrer à la maison, d'autant que sa femme l'attend.
Elle est là, sur le quai, qui guette le retour de son homme, jour après jour et malgré les oiseaux de mauvais augure, elle refuse de croire que son marin ne reviendra pas, que la mer l'a pris pour ne jamais le lui rendre. Il va rentrer c'est sûr. Il est toujours en vie, c'est évident.
C'est ainsi que notre bigoudène se lance à la recherche de son mari et elle ira jusqu'au bout... Quitte à devenir l'égérie d'influenceuse mode où fumer un cigare à Cuba en compagnie d'un homme qui ressemble furieusement à
Fidel Castro.
Ce roman graphique est un tel trésor, si vous saviez... Une histoire d'une tendresse palpable, pleine de drôlerie et de poésie. Engagée aussi. Si, si!
Une histoire sans paroles et pourtant, pourtant je pourrais vous jurer que je les ai entendu parler les personnages! Les dessins de Panaccione sont tellement vivants, expressifs, bavards et généreux.. et ils servent d'écrin à une histoire savoureuse, de ces histoires dont
Wilfrid Lupano semble avoir le secret.
Une histoire toute simple et très belle. Une histoire qui fait du bien.