J'ai été ravi de recevoir ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique pour lequel je remercie beaucoup toute l'équipe de Babelio et les éditions Academia.
Cela fait plusieurs mois déjà que je baigne dans les ouvrages d'écophilosophie, je venais de terminer le très beau livre de
Baptiste Morizot, Manières d'être vivant, j'avais beaucoup aimé celui d'un de mes mentors, le contrat naturel, récemment réédité de Michel Serre et il me reste à terminer celui
Virginie Maris,
Philosophie de la biodiversité.
Pourquoi cette soudaine appétence pour un sujet philosophique qui reste une affaire presque d'avertit de prime abord ? Et bien justement parce que cela ne devrait pas en être un, et qu'au contraire, ce sujet interroge et intéresse notre vie d'aujourd'hui et l'essentiel des sujets de notre société et de nos quotidiens.
Sauf que ce sujet de l'écologie, de l'environnement, du développement durable, de la biodiversité, de la transition, ne nous est partagé que dans une logique presque stérile et obsolète des pour et des contre, de ceux qui croit et ceux qui n'y croit pas, de complots, d'intégrisme, de retour en arrière ou d'opposants au progrès.
Et bien c'est là toute la force de ce livre. Certes, il reste complexe d'accès mais avec un peu de patience, de relecture des passages clés et d'un bon dictionnaire, il nous ouvre une palette d'auteur(rice)s et de références insoupçonnées (pour moi tout du moins) et au contraire d'autres bien connus. Mais ce que j'ai enfin compris, c'est que cette logique d'opposition est des plus ancienne et imprégnée (comme toujours) de notre histoire et que des voies alternatives existent.
Des humanistes matérialistes et progressistes du siècle des lumière qui nous sont si chers au romantisme allemand, la nature passe ainsi de ressources libres d'exploitation à un cadre de vie inaliénable et jusqu'à nos jours, ce débat a perduré entre les adeptes d'une écologie profonde (
Arne Naess) et ceux d'une écologie plus technicisée et superficielle (Luc ferry).
Mais
Charlotte Luyckx, avec son vocable de philosophe si particulier, nous ouvre les yeux sur des voies alternatives proposées par
Augustin Berque et Vottoria Hösle ou la place particulière de l'homme et ses cultures et ses responsabilités, reste en lien avec les autres vivants non humains et leur confère une valeur tout aussi importante. Elle rappelle que certains peuples, certaines ethnies n'ont pas rompu ce lien avec la nature et en conserve une capacité de résilience plus importante.
Elle ouvre ainsi la voie d'une écologie intégrale, berceau d'une refonte du socle philosophique de notre monde moderne qui souffre cruellement d'avoir rompu avec cet environnement global, le cosmos et tous les sens associés que l'on peut y ressentir et éprouver. de strate en strate en strate, l'écologie passe d'un stade technique, économique, politique à un stade philosophique et pourquoi pas spirituel rejoignant ainsi de nombreux penseurs même a priori plus éloignés du sujet comme
Hubert Reeves et Trin Xuan Thuan (c'est un avis qui m'est propre pour ces deux derniers auteurs). Et ainsi de découvrir que sur une échelle du progrès ou l'écophilosophie serait en quelque sorte l'objectif, nous pourrions bien être les bons derniers.
Alors oui je le concède, c'est une lecture parfois âpre, mais d'une grande richesse et je salue ce travail qui mérite amplement d'être reconnu et surtout lu et partagé, vous y trouverez certainement des questions existentielles qui vous interpelleront.
Très heureux de cette lecture même si elle demande un important effort pour accéder aux notions partagées. C'est un livre porteur d'espoirs.
Belle journée