UNE LIBATION/AUTRES FIGURES
VUE
Contre le vide des arcs, plus belle
d'inquiétude et plus lourde d'ambages,
sur des campagnes escarpées paraît une étoile
que baignent les pâles suffrages
que ton regard lui confie. Toi à jamais,
et le vent qui d'une aile plus furtive
dans le bûcher resplendissant de l'hiver
effleure le triste incarnat de l'olive.
Et les regards des enfants se fixent
sur la sphère de l'orange, remontent
ces places tout à fait vides, le calme
qu'indiquent les cadrans limpides.
Mais pourquoi ta caresse s'allonge-t-elle
pour chercher sur moi toutes les empreintes
laissées par la terre, où en est
le mal, comment le bien tient tête ?
Vanité, vanité. Trop confuses
les lignes ; tombe le brou de la noix,
tombe le ciel noirci au milieu des clôtures
longuement par-delà ta voix.
p.19
DOVE L’OMBRA /LÀ OÙ L’OMBRE
Là où l’ombre progresse et où cessent les routes
parmi les fleurs, me rappeler les mots
et les cris de l’homme est peut-être un leurre.
Mais toujours sous le ciel coutumier
je retrouve mes traces, mon soleil
et les arbres loin du temps
figés derrière les virages. Et toujours,
encore que me soit connu le doux secret,
sur la poussière paisible, au milieu des parterres,
je m’attarde, attendant que saille
du soleil un visage inexprimable.
p.56-57
CAHIER GOTHIQUE, VII
Extrait 2
C’était la même fièvre qui nous exile
rapidement des morts et nous détourne
tandis qu’ils restent seuls parmi les torches
dans l’énorme labeur de se creuser
une route parmi les roches d’ombre, las
et attentifs à pénétrer jusqu’au fond.
Tu en vis le profil acéré, tout près
les mains exténuées reposent.
/Traduit de l’italien par Jean-Yves Masson.
CAHIER GOTHIQUE, VII
Extrait 1
C’était une attente vive qui irradiait
en toi crainte et tremblement et en moi
le délice sensible de m’avancer
entre les arbres, de boire aux fontaines.
L’éblouissement des eaux errantes, le ciel,
les ombres calmes dans l’air animé,
même le vent suscitait en moi le sourire.
…
/Traduit de l’italien par Jean-Yves Masson.