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EAN : 9782849216583
342 pages
Editions Thot (13/09/2023)
3.75/5   4 notes
Résumé :
A yakboy story raconte le voyage de Tinley, un jeune garçon du pays de Bod parti à la recherche de ses deux yaks à travers la vaste steppe jaune et sèche. Dans ce haut lieu battu par les vents et sillonne par des hommes de guerre, l'enfant bothia va découvrir - au gré de rencontres qui le révèlent progressivement à lui-même - un monde complexe, tiraillé entre spiritualité et pragmatisme, tradition et modernité, un monde déchiré entre guerre et paix.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un conte d'une douloureuse beauté. Situé entre une fable initiatique aux confins des turpitudes humaines et une ode vibrante à un peuple enclavé dans ses montagnes, A Yakboy Story m'a touché. Parfois il réjouit, parfois il prend aux tripes. Souvent, il hurle son injustice et fait enrager. Loin d'être un conte détaché de la réalité, le récit s'inscrit pleinement dans la réalité : l'oppression par la Chine du Tibet et la volonté de faire disparaître sa culture et sa population.

On accompagne Tinley à la recherche de ses deux yaks égarés dans les steppes. Pour les retrouver, le jeune garçon doit à son tour se perdre dans le monde. Ce récit initiatique le voit quitter sa famille et la paisible cité de Lokshep et grandir. Sur son chemin l'attendent guerre, haine et l'indifférente violence. Ses pas croisent ceux des soldats chinois, bien que le livre ne les nomment jamais, qui envahissent le Haut Himalaya et veulent assujettir et faire disparaître l'identité du Pays de Bod (nom tibétain du Tibet).
Tinley voit des soldats massacrer sans retenue et détruire ce qui leur résiste : un veilleur de sanctuaire bouddhiste, un monastère entier. La réalité n'est pas bien loin : depuis des décennies, des temples anciens sont transformés en terrasses de cafés parisiennes (sans les serveurs) sous n'importe quel prétexte. Derrière le voile de l'innocence, on perçoit la violence de l'exil forcé, le nettoyage ethnique, le pillage culturel, l'esclavage.

Ne voyons pas que le négatif : le livre met en valeur aussi le sacrifice altruiste, la solidarité des compagnons de voyage, la découverte de l'altérité. Les personnages ont quelque chose de magique : le comportement des yaks, la fantastique Tibke, même Tinley qui trouve toujours une solution. Même si la colère et la peur apparaissent, sa bonté bouleverse le monde autour de lui. J'ai particulièrement guetté l'image donnée des étrangers sous la plume d'un auteur étranger. Je l'ai trouvé remarquablement juste. Essentiellement des alpinistes, ils tiennent un rôle important dans le récit. Les étrangers ont cet oeil bienveillant mais parfois perdus par cette autre culture. Ils viennent souvent pour la beauté des hauteurs et découvrent la beauté de l'âme tibétaine. Ils sont alors tiraillés entre l'envie d'aider et l'impuissance : Ezekiel est celui qui sauve mais qui finit par vendre, les alpinistes sont ceux qui aident notre héros mais qui ne peuvent arrêter son poursuivant.

Le livre consacre beaucoup d'énergie aussi sur la société régionale et les mythes tibétains : le gorak, le plus grand corbeau et un animal spirituel, la déesse-mère des vents Chomolungma, nom tibétain de l'Everest. Apparaissent aussi les hors-castes de l'Inde, exilés de leur pays, avec la vieille harijan, population tout aussi opprimé.

Enfin, le roman met subtilement en joute les avatars de la Chine et du Tibet. San, la personnification du régime autoritaire, cherche la source de l'eau et veut la contrôler : à la fois une métaphore et un fait très réel. Obtenant ce qu'il désire, il ne peut pourtant pas lutter contre l'invisible et finit par disparaitre. Ce qu'il a pris revient à l'état naturel.
De l'autre côté, je pensais au début que Tinley était la réincarnation d'un lama, mais en réalité, c'est plus terre à terre : il est une personnification du peuple tibétain. Armés de leur non-violence, ils espèrent que l'oppresseur sera vaincu par sa propre vanité.

Le texte aurait été beaucoup punchy avec des chapitres raccourcis, en milieu et fin du livre. J'ai aussi remarqué la présence de quelques erreurs échappées à la relecture.

Ce livre a été une belle surprise. Merci aux éditions Thot et à Babelio pour ce MC. Allez, ce week-end, on va chercher nos yaks et un verre de thé au beurre au Salon International de l'Agriculture !
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A yakboy story
Krystof Lyevre
Roman
Editions Thot, 2023, 339p


C'est une opération Masse Critique qui m'a fait gagner ce livre-là. D'abord un bel objet avec pour couverture la reproduction d'un billet népalais dans un rouge sépia, un yak puissant, à l'indifférence stoïque au déluge, bien au chaud sous sa longue couverture de poils épais lui descendant jusqu'à l'extrême bas des pattes. Ensuite un gentil mot de félicitations, personnalisé, qui fait franchement plaisir, et deux beaux marque-pages en prime. L'envoi n'est pas anonyme. le titre anglais et le nom de l'auteur conduiraient à la littérature étrangère, mais non, l'auteur est du Haut-Doubs. Il aime Frison-Roche, et Reinhold Messner, alpiniste italien de langue allemande, né en 1944, et pourfendeur du style expédition, qui a conquis par deux fois l'Everest.
C'est justement sur les hauts plateaux himalayens, qui respirent au rythme d'une spiritualité ancestrale, que nous amène l'histoire, ou plutôt le conte, initiatique, qui nous présente un jeune garçon de huit ans : je souligne son âge parce que, en lisant le récit, on oublierait qu'il est si jeune et si petit, bien qu'on l'appelle mon petit. le garçon est du pays de Bod, à la tonalité presque biblique, qui ne figurant pas sur les cartes. L'hiver s'annonçant précoce, il va chercher deux yaks, enfantés par les esprits eux-mêmes, s'il vous plaît, à travers la vaste steppe, très peuplée finalement comme tout désert.
L'enfant, Tinley, va découvrir le monde, lui qui ignore tout, à la manière d'un Candide, mais pas tout à fait car l'enfant, à la maturité inouïe, à la curiosité insatiable, recèle un pouvoir étonnant de perspicacité, et il est accompagné d'un animal magique, le gorak, un corbeau, qui peut prendre plusieurs formes, et qui fait office d'ange gardien. Il fait de nombreuses rencontres, dont celle d'un alpiniste qui ne se remet pas de la mort de son frère et à qui il rendra le courage de vivre, et d'une fillette, Jampa, dont le sort semble être de traverser la steppe, sans doute en vue de secourir ceux qui s'y perdent. Il rencontre aussi un poisson doré et parlant, qui lui révèle qu'il est porteur de lumière. Il apprend ce que sont la mélancolie et le miracle, rencontre une Harijan (le Népal compte plus de 60 ethnies et castes) et que son pays est en guerre, laquelle n'a pas encore atteint son village de Lokshep, bien niché au coeur des montagnes. On est allé voir sur la toile et on a appris que le Népal connut la guerre civile de 1996 à 2006, les communistes forçant le roi à partir.
Tinley arrive mal en point dans un monastère qui sera détruit après son départ par hélicoptère -machine qui détonne par sa modernité dans ce pays qui paraît immuable - vers la Haute Cité (Nous sommes dans le Mustang ? Je dis cela parce que les soldats rappellent un temps féodal) pour y être soigné. Il est le captif des soldats, parce que détenteur du secret de l'eau, mais le commandant du camp, resté humain et s'évertuant à sauver les gens, accepte qu'un apothicaire étrange s'occupe de son cas : l'enfant est dévoré par un feu intérieur. Cependant cet apothicaire semble à Tinley résigné, avoir perdu l'espoir, ce qui n'est pas acceptable.
Des coulées de boue dévastent la Haute Cité, qui a tant à apprendre à Tinley, du moins le croit-il, lequel en profite pour s'enfuir, non sans avoir aidé Jampa à se tirer de sa gangue de boue. C'est que, dans ce livre, les rencontres ne sont pas fortuites : Tinley retrouve Jampa, rencontre Sansha, la copine de sa grand-mère qui, partie à la recherche de son petit-fis et guidée par le gorak, va inhumer un alpiniste et enseigné à ses frère et soeur l'endroit où il repose, leur rendant ainsi la sérénité.
Tinley réussira à rejoindre son village avec les yaks.
Le livre n'est pas bien écrit : l'auteur emploie plusieurs fois le verbe toiser avec un sens particulier, dénué de péjoration, et ponctue pas mal de paragraphes d'une exclamation : Ha, hi, habitude népalaise ? Pour les éditeurs, p.220, Sansha devient Yansha, un peu plus loin le pronom te se substitue à se, et il se trouve des erreurs d'accent, notamment sur les subjonctifs 2.
Cependant l'histoire est intéressante. On est dans les hautes montagnes, on boit de ce thé gras au beurre, on découvre les traditions. Les personnages sont vivants et attachants. Tinley apprend le monde par lui-même et apprend sur lui-même. Sa ténacité engage à ne pas perdre espoir. le secret de l'eau sera gardé.
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Livre aussitôt refermé que me voici ici. Et que la tâche s'annonce dure tant j'ai des choses à dire sur ce livre, tant positives que négatives car vous comprendrez bien vite qu'il m'a laissé un avis fort mitigé.
Commençons par le négatif, histoire de finir cette critique sur une note plus positive. le synopsis m'avait vendu du rêve, alors peut-être n'étais-je pas dans les bonnes conditions pour apprécier cette lecture, ou sans doute n'étais-je pas la personne la plus sensible à ce style d'écriture, j'admets tout à fait qu'une part du problème puisse venir de moi tant l'appréciation littéraire peut-être matière à subjectivité. Cependant j'ai été gênée par plusieurs points important: L'omniprésence de vocabulaire et de références culturelles aux us et coutumes de cette région du monde, sans doute un peu trop poussées tant elles donnaient une dimension peu naturelle au récit. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'information sur l'auteur, je ne vais donc pas assumer qu'il s'agisse de cela, mais je me suis plusieurs fois demandé si il ne s'agissait pas d'une vision occidentale et fantasmée de la réalité. Etant ceci dit moi même blanche et peu concernée, je laisserai volontiers des personnes d'avantage renseignées s'emparer du sujet. Autre point m'ayant plusieurs fois sortie du récit: les envolées stylistiques parfois maladroite de l'auteur, car j'ai parfois eu l'impression que ce dernier plaçait des mots '' compliqués” pour d'avantage donner des effets que du sens à certains de ses passages. Cela m'a légèrement rebutée, mais là encore il s'agit également d'une sensibilité toute personnelle.
Cependant, je me dois de souligner plusieurs points que j'ai vraiment appréciés. Déjà le conte philosophique, car c'est bien de cela qu'il s'agit, est emprunt d'une très grande poésie et d'une douceur inédite. Il m'a plusieurs fois amenée à me questionner sur des sujets moraux et profonds, et je pense que je serai amenée à y repenser plusieurs fois à l'avenir.
J'ai beaucoup aimée la complexité inattendu de certains personnages qui ont su me cueillir pile là où il le fallait, je pense notamment à tout le passage incluant la quête des deux alpinistes, à l'épopée de la grand-mère, mais aussi au destin de Jampa.
Si j'ai été un peu rebutée par le début du livre, j'ai en revanche été de plus en plus happée à chaque page qui passait, jusqu'à ne plus réussir à le lâcher sur les 100 dernières pages, ce qui à mes yeux, est un signe de réussite.
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