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Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Entre les discours officiels des politiciens du Congo Brazzaville, la lutte finale contre l'impérialisme et ses valets locaux, que son oncle René lui répète, bien persuadé que les philosophes jusqu'à présent n'ont fait qu'interpréter le monde, et qu'il s'agit de le transformer ( voilà pourquoi chaque année il lui offre des pelles et râteaux en plastique « pour l'agriculture » ) et les nouvelles du monde rapportées par son père qui écoute la radio américaine des années 70, le petit Michel a des idées sur tout.
Cet oncle René ne supporte pas les enfants de capitalistes qui, lorsqu'ils mangent soit goulument, soit en regardant les assiettes des autres, accumulent les richesses et appauvrissent les condamnés (SIC) de la terre.

Michel non seulement écoute ces discours opposés, en plus cela le fait raisonner parfaitement, « du matin jusqu'au soir » : il cherche le sens des mots saligaud et alter ego de la chanson de Brassens, il participe aux affaires du monde, il est ravagé par l'exil du Shah d'Iran, un peu indigné par le fait que, en France, depuis une loi, on peut envoyer, de force, paf, des bébés directement dans la terre. Il s'offusque, aussi, que le parti unique soit remis en cause, du jour au lendemain. « On ne va quand même pas demander aux gens de choisir un président ! Et s'ils se trompent qu'est ce qui va se passer après, hein ? le pays risque d'être par terre »

Il connaît le monde, aussi, par l'intermédiaire de ce que son ami Lounès lui raconte des films indiens qu'il voit, «rivières pleines de fleurs et de belles femmes…qui dansent en remuant leur Pays-Bas » , dans son école qui est devenue une piscine, par ce qu'il glane sur les autres pays, par exemple l'Egypte, « ce pays qui a des pyramides et des momies en pagaille »… et qui a accueilli le Shah, et Arthur, dont le petit a vu le visage d'ange sur un livre que possède son père .
Vaut-il mieux mourir en Egypte, se demande-t-il ?

Et puis il se marie, mais la fiancée le prévient, si jamais il n'arrive pas à avoir la voiture rouge à cinq places, elle ne lui parlera plus jusqu'à la fin du monde, et ils seront ennemis à mort. Autant dire la guerre mondiale.
Ils ont 10 ans.

Il est heureux, ce petit Michel, bien que sa fiancée en aime un autre, mais pour la reconquérir, il pense à cacher une plume de pintade et lui frotter l'oreille avec. Elle rira tellement, et il entend les femmes séduites rire !Il connaît la vie !
Enfant unique pour l'instant, il a la chance d'avoir ses frères et soeurs de la coépouse de son père, l'amour de ses deux mères, l'amour de ce père qui l'a adopté, et son sens du bonheur.
J'ai adoré l'histoire, la manière dont un petit garçon juge l'histoire du monde, l'ironie et la justesse de ton, les libations, Papa Wemba, les moustiques, tellement malins qu'ils préviennent leurs camarades : attention, les gars, ça pue le Flytox, cachez vous dans les armoires ou les chaussures.
La politique internationale vue par un enfant doué, dans les années 70, dans un pays africain communiste.

!00 pages de trop, malheureusement, dommage, qui permettent cependant à Mabankou de glisser des clins d'oeil de ses autres livres« porc épic, PetitPiment, le quartier Trois-cents, le bar le crédit a voyagé »
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Congo-Brazzaville ,1970 .Le récit a pour cadre , Pointe-Noire , la capitale économique du Congo-Brazzaville .Largement autobiographique ,Demain j'aurai vingt ans ,est un roman de l 'écrivain franco-congolais Alain Mabanckou Ce dernier est un talentueux écrivain .Tout ce que nous apprenons dans ce récit qui est la peinture du Congo-Brazzaville des années 1970-1980 est la narration faite par Michel , un garçon d 'une dizaine d 'années qui fait son apprentissage de la vie , de de l 'amitié et de l 'amour .A cette époque , le pays vit sa décennie d 'indépendance sous l 'autorité de son charismatique chef "Le Commandant Marien Ngouabi" .Ce dernier est d 'obédience communiste .
Le narrateur ,Michel, regarde dans le détail la vie quotidienne .Son père adoptif est polygame : Michel a deux mères , maman Pauline , la mère
biologique ; et maman Martine .
L 'auteur évoque l 'ambiance politique de l' époque où la radio par La Voix de l 'Amérique assomme ses auditeurs avec des informations sur la chute du Chah d 'Iran ,d 'Idi Amin Dadda président de l 'Ouganda ,l 'ayatollah Khomeiny , la guerre en Angola et le corps expéditionnaire de Cubains .
Un hommage est rendu à la littérature , mais aussi à la musique avec cette célèbre chanson en boucle de Georges Brassens :Auprès de mon arbre que le narrateur écoute sans discontinuer .
La tendresse de la voix du narrateur cache une douleur interne , celle qui traverse tout le roman : l 'enfance d 'un fils unique dont la mère n 'aura cessé de chercher toute sa vie à avoir un autre enfant . La trame du roman tient sur la quête d 'une clé supposée ouvrir le ventre de cette mère afin de permettre à un autre enfant de voir le jour .Vraisemblablement c 'est le petit Michel qui détient cette clé qu 'il aurait caché quelque part après avoir verrouillé à double tour la porte au moment où il sortait lui-même du ventre de sa mère .
Un très bau roman et j' ai beaucoup apprécié sa lecture ce que je vous souhaite aussi .
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J'ai une fourmi qui a piqué mon oeil en écoutant ce roman plein d'émotion et d'humour.
Le livre audio est tout à fait adapté aux textes d'Alain Mabanckou qui est un excellent conteur. Il nous lit l'histoire du petit Michel de Pointe noire qui lui ressemble bien évidemment. D'ailleurs, le titre "Demain j'aurai vingt ans" donne le ton autobiographique de ce roman.
Le narrateur est donc un petit garçon qui à l'âge d'aller à l'école primaire. Il vit avec maman Pauline et papa Roger qui a aussi une deuxième maison où vit maman Martine et ses sept enfants.
Nous sommes dans les années 70 et l'on découvre la vie quotidienne au Congo-Brazzaville dans une famille modeste mais dont le père à la chance d'être réceptionniste dans un hôtel, donc salarié au revenu régulier.
On voit l'arrivée du lecteur de cassettes et j'ai bien rit quand le garçon tente de comprendre les paroles poétiques de la chanson de Georges Brassens "Auprès de mon arbre". le chanteur à moustache devient une référence dans la vie de Michel.
Son oncle René représente la conscience politique et l'opportunisme politique du Congo récemment indépendant. Il faut dire que Michel nous fait une vraie leçon de géopolitique en regardant voler les avions avec son copain Lounès. Il nous parle de l'Ouganda et d'Amin Dada mais aussi du Shah d'Iran réfugié en Égypte chez Anouar el-Sadate puis au Maroc chez Hassan II ou encore au Panama. Il évoque aussi les bijoux de Bokassa de Centrafrique donnés à Valéry Giscard d'Estaing.
Bref, il passe en revue toute l'actualité de l'époque : la mort de Mesrine ou le prix Nobel de la paix de mère Thérèsa.
Mais le petit Michel évoque aussi Caroline, l'amour naissant, et ses deux soeurs mortes à la naissance qu'il appelle ma soeur étoile et ma soeur sans nom. A côté des croyances, des traditions et quelques sortilèges, il découvre la poésie d'Arthur Rimbaud et la musique de Papa Wemba et Koffi Olomidé.
Je n'oublierai pas de sitôt cette vie au Congo vue à hauteur d'enfant et si bien racontée.


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Le narrateur-enfant décrit le monde avec une poésie, une délicatesse, un humour, une perspicacité, une sensibilité saisissants. Y sont évoqués les tourments géopolitiques de l'époque, le colonialisme, les sociétés africaines post-coloniales, les coutumes de son petit village empreintes de superstition, l'émoi amoureux, le sourire de Rimbaud, la moustache de Brassens... Un humanisme vivifiant !
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Très fortement inspiré de l'enfance de l'auteur, ce roman plein de tendresse et d'humour nous plonge en République Populaire du Congo (Congo-Brazzaville) des années 1970-1980 à l'époque de la construction de l'Indépendance du pays. Mais ce cadre est surtout un prétexte pour explorer le monde de l'enfance à travers l'innocence du regard que le petit héros, d'une dizaine d'années, porte sur son environnement et son époque. Avec, en prime, un style narratif incomparable.
À noter: j'ai eu la chance de pouvoir écouter aussi la version livre audio et, bien que ce format ne m'attire pas spécialement, le récit est conté par Alain Mabanckou lui-même. Grâce à son don d'orateur et son accent magnifique, c'est superbe
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L'histoire d'un adolescent, Michel m'a plu car il se fait raconter des évènements importants de l'histoire mondiale à travers ses proches. Sa compréhension des choses et particulière. Il était fils d'un couple qui n'avait plus de fils, mais cette situation est mêlée de croyances magiques et on lui demande de dire ou il a caché la clé du ventre de sa maman. Des histoires qui l'ont aidé à grandir. La plume fluide et la lecture de l'auteur m'ont conquis. Sur le quatrième de couverture on compare cet ouvrage à la vie devant soi de Romain Gary, cet argument m'a convaincu et je ne suis pas déçue. Tout au contraire, j'atteste qu'il s'agit bien d'un roman plein de force. Il a attiré mon attention que Mabanckou a dédié ce livre à Danny Laferrière.
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Un véritable Emile Ajar ("La vie devant soi") à la sauce africaine...

Toute la naïveté et l'innocence d'un enfant qui raconte son quotidien, sa vision des choses et de la vie... Un remarquable exercice de style par cette capacité à écrire et surtout, penser comme un enfant, un récit prenant et dégageant de fortes émotions.

Ces fourmis qui entrent dans les yeux lorsque l'on ne s'y attend pas, une formule qui restera longtemps gravée et une très belle image...
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Il y a quelques temps j'ai eu la chance de passer un petit moment assis pas loin d'Alain Mabanckou, de plaisanter un peu, de discuter et même de boire avec verre avec lui. Je ne le connaissais pas plus que ça, mais en plus d'être très sympa il était prix Renaudot, et quand on aime lire comme moi ça compte. On en a arrivé à parler de ses livres, et je lui demandé quel était le premier d'entre les siens qu'il me conseillait, et ce fut Demain j'aurai vingt ans. Voilà pour mon intro ; même si c'est un peu personnel, cela fait partie de mon histoire avec ce livre.

J'ai mis du temps à m'y mettre, mais une fois commencé je l'ai lu d'une traite. On ne rentre pas forcément facilement dans la tête du jeune Michel ; on met quelques dizaine de pages à s'imprégner de sa façon de penser, du contexte et de a façon dont se déroulait la vie dans le Pointe-Noire populaire de la fin des années 70 pour un gamin de 10 ans. Mais une fois que le déclic se produit – et cela vient rapidement – la magie opère et l'on se laisse porter, à mi-chemin entre le Petit Prince et un Vipère au Poing souriant et coloré, dans le coeur d'une Afrique qui suit son propre chemin avec, parfois, les outils des autres.

Quand je dis les outils des autres, c'est faux en fait. Les outils culturels que nous avons – avec d'autres et pas souvent avec humanité – laissés en Afrique ont contribué avec d'autres à façonner des pays, des façons de penser et et des êtres bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer du fond de notre canapé. Et quand d'aucun ont peur (comme actuellement) de cette émancipation et de cette presque fraternité de pensée, je suis certain au contraire qu'elle est plus que précieuse. Et le petit Michel, depuis le bord de la rivière Tchinouka, me l'a confirmé page après page, avec l'humanité et le bon sens propres aux enfants, formé qu'il était par les traditions africaines et la radio, par les féticheurs et par par Arthur Rimbaud...

Une partie de l'Afrique est un peu française, la France est en partie héritière de l'Afrique, et les auteurs comme Alain Mabanckou sont des ponts plus solides que les autres entre nous.

Pour une fois ma critique a dépassé le simple contexte littéraire mais vous l'aurez compris : en plus d'être à lire, sans réserve aucune, Demain j'aurai vingt ans incite par sa profondeur faussement naïve à aller plus loin. Une oeuvre pas loin d'être majeure de la littérature française, à mon sens. L'Histoire le dira mais mon opinion est faite.
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Ce roman d'Alain Mabanckou est une pure pépite. Truffé de poésie et d'une galerie de personnages tous plus hauts en couleurs les uns que less autres, on ne peut que vibrer au son de la voix de l'auteur. Michel est un narrateur auprès duquel il fait bon découvrir le Congo des années 70-80. Transportée véritablement d'une rive à l'autre dans cette lecture, j'ai vécu un moment de littérature comme très rarement. Pour les éclats de rire et la poésie si juste qui a serré mon coeur, je dirais que Mabanckou mérite amplement le succès qu'il a, et je pense que ses ouvrages sont des joyaux dont on aurait tort de se priver. Rien que pour un fou rire dans le train (Michel devient ami avec un SDF et ils ont une activité hilarante), je crois que Romain Gary est ici enfin égalé. Et quel bonheur. Merci Mabanckou pour ça.
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À onze ans, comment voit-on la vie devant soi ? Comment peut-on s'imaginer que celle-ci aura une fin, mais qu'avant cela bien des choses seront possibles, qu'on ne peut malheureusement pas réaliser. Aimer, être aimé, avoir de l'argent, de la notoriété, on oublie bien sûr que tout cela est loin d'être gagné d'avance et qu'il va falloir beaucoup d'efforts, et une bonne dose de chance, pour y arriver. Alain Mabanckou s'est glissé dans la peau de Michel, un jeune congolais vivant, comme lui-même l'a sans doute vécu, sous le régime marxiste-léniniste qui fit les beaux jours du Congo-Brazza dans les années postcoloniales. Ce savoureux récit d'enfance, fait des innombrables aventures et mésaventures de notre héros, jouant le candide au pays des mille diables (la croyance dans les pouvoirs des esprits est omniprésente), est aussi un astucieux artifice littéraire pour décrire au vitriol la duperie que constituent les idéologies lorsque règnent corruption et désordre généralisé. Un roman remarquable de fraîcheur et de sincérité, qui peut se lire à deux niveaux, l'un léger, l'autre d'une gravité allant bien au-delà de tous les essais que l'on a pu écrire sur l'Afrique noire.
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