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sur 210 notes
Derrière ses abords de fable fantastique où les morts reviennent pour terminer leurs affaires inachevées, ce récit acquiert la profondeur d'un véritable roman social. Prenant place dans la ville de Pointe-Noire, sur la côte congolaise, il s'attache à décrire le tissu d'une société vérolée par le conflit des classes, les superstitions meurtrières et la corruption des élites politiques. L'histoire est racontée à la seconde personne du singulier, ce qui est assez inhabituel dans la mécanique narrative, mais qui a le mérite de mettre en regard du lecteur, vivant cela va de soi, le personnage principal nommé Liwa Ekimakingaï, qui lui est mort et enterré.

Le jeune homme se réveille pourtant au Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres. Sorti de sa tombe, il a conservé les habits de soirée bariolés qu'il portait au moment de son décès. le voici dans le monde à l'envers, celui où marchent les trépassés capables, quand volonté ou nécessité se manifeste, de prendre forme dans le monde des vivants. « Les images se bousculent dans ce rêve le plus long de ta mort. » Pourquoi Liwa est-il mort et que doit-il faire dans cette nouvelle existence parallèle qui s'offre à lui avec son cortège de souvenirs et d'interrogations ? Les images de son enfance et de son adolescence ressurgissent, ses pensées vont vers sa grand-mère Mâ Lembé qui l'a élevé. Puis viennent les rencontres avec les curieux habitants du Frère-Lachaise, ces morts qui lui parlent et le guident : DRH homosexuel, artiste bossu, ou encore ce vieil homme au livre que l'on nomme Mamba Noir, le patron des lieux.

Au fil des chapitres courts, presque des nouvelles emboitées dans cette histoire gigogne, on découvre les croyances et les travers des Ponténégrins, leurs habitudes de vie, l'environnement de cette ville avec ses quartiers riches et pauvres, ses cimetières où la ségrégation se poursuit jusque dans la mort, son port où se nouent les ficelles économiques de la cité. Si je n'avais pas reçu ce livre en service presse, je ne serais pas allé spontanément vers lui, mais je le referme aujourd'hui avec la satisfaction d'avoir fait une agréable découverte.
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Pointe Noire, République du Congo, cimetière du Frère-Lachaise.

Liwa Ekimakingaï, nom qui signifie "la mort qui a eu peur de moi", revient d'entre les morts, sortant de sa tombe, quelques jours après son inhumation. Un enterré qui refait surface, c'est peu commun. Mais avec Mabanckou aux commandes, tout est possible.

A travers 3 parties, on revisite la vie abrégée trop tôt du défunt. Dans la première partie, "le rêve le plus long de ta mort", le narrateur revient sur quelques épisodes de la vie de Liwa. Dans la seconde partie, "au Frère-Lachaise", on assiste à la rencontre de Liwa avec d'autres défunts qui lui racontent une partie de leur vie et de leur mort. Puis dans la dernière partie, "au cérémonial", le narrateur revient sur les derniers jours sur terre de Liwa et ce qui a provoqué sa mort.

Le narrateur s'adresse tout le long du livre au défunt, le héros bien malgré lui de cette aventure. Il le tutoie, le prend parfois à parti. J'ai trouvé cette façon de raconter l'histoire originale et dynamique.

C'est un roman aux couleurs africaines. Des morts plus vivants que jamais ; il faut se laisser embarquer sans résistance dans l'imagination de l'auteur qui côtoie le fantastique, l'onirique, le folklore congolais. Entre le cimetière des riches et celui du Frère-Lachaise, la lutte des classes bien présente dans la vie se poursuit dans la mort. Il y est aussi question de corruption, de pouvoir bien ou, le plus souvent, mal acquis, de sorcellerie, de tradition, de croyance. Un conte original, surnaturel aux couleurs chatoyantes de l'Afrique sous la plume bien identifiable d'Alain Mabanckou.

Ce qui a atténué mon enthousiasme est le fait qu'il m'a fallu un peu trop de temps pour m'acclimater à l'histoire. de plus, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, morts ou vivants.
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C'est un roman bien étrange pour l'occidentale que je suis, que le commerce des allongés. En effet, nous sommes dans la peau de Liwa Ekimakingaï, tout juste mort mais pour autant bien « vivant » au cimetière du Frère Lachaise à Pointe Noire, en République du Congo (Congo-Brazzaville, ancien Congo français).

Nous allons doucement remonter le temps pour assister à ses funérailles, sa veillée funèbre et sa mort ..

Le roman est rempli de rites, de croyances africaines, certaines plus spécifiques à une population, voir même à un village, concernant les morts, les « sortilèges », les sacrifices en vu d'avoir plus de réussite ou de pouvoir.

Avec la notion de pouvoir, l'auteur aborde la corruption des élites congolaises, qui gangrène toute la vie politique. L'opposition riches/pauvres a également une place particulière puisque le récit nous rappelle que les 2 classes sont inégales et ce jusque dans la mort.

Passé quelques chapitres pendant lesquels je n'accrochais pas du tout à ce personnage, habillé en mode disco des années 80 et sortant de sa tombe, j'ai finalement beaucoup apprécié. Les rencontres que Lewi fait au cimetière sont toutes l'occasions de raconter une nouvelle histoire plus ou moins dramatique, plus ou moins drôle.

La critique sociale et politique vient ajouter de la profondeur à ce récit savamment dosé.
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Liwa Ekimakingaï a 25 ans, peu ou prou. Il est commis de cuisine à Pointe-Noire , au Congo. Il porte une veste orange vif, une chemise vert fluo, des chaussures Salamander vernies et rouges, il pue le parfum libanais .
Et surtout, Liwa est mort.
Il vient de s'en rendre compte, lorsqu'un tourbillon d'énergie le propulse hors de sa tombe du Frère-Lachaise et le laisse là, pantelant, la vision troublée, les idées en bataille.
Comment en est-il arrivé là ? Il ne le sait plus trop bien; tout ce qu'il sait, c'est que sa position est particulièrement malcommode, que ses vêtements sont ridicules et qu'il voudrait rentrer chez lui. Auprès de Mâ Lembé, sa grand-mère, celle qui l'a élevé tant bien que mal pour qu'il devienne un Monsieur. La femme de sa vie, qui a mené une existence de misère au marché mais a gagné le respect de la communauté entière.
Et c'est pourquoi, dans la parcelle de Mâ Lembé, on organise quatre jours de funérailles princières pour Liwa, le cadavre. Sous les yeux de Liwa, l'esprit. Quatre jours qui font ressurgir un à un ses souvenirs d'enfance, d'adolescence. Quatre jours de quête qui l'amènent à discuter avec d'autres défunts, qui effeuillent un à un les souvenirs naïfs de Liwa mais aussi ceux d'un pays malmené par les puissants, les sorciers et les féticheurs. Un pays violent et sensuel, un Congo qu'on n'imagine pas depuis nos brumes européennes, un pays plein d'une féroce ironie, dont on dit parfois qu'elle est la politesse du désespoir.
Au terme du deuil qu'il accomplit, de ce deuil de lui-même, Liwa Ekimakingaï trouvera une raison de vivre sa nouvelle vie dans l'au-delà. Et chacun de ses lecteurs portera lui aussi , un peu, le deuil de ce personnage attachant.
Une lecture surprenante, dérangeante par bien des aspects, mais assurément enrichissante.
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A la fois peinture sociale et extraordinaire fable africaine, « Le Commerce des Allongés » nous projette dans un monde stupéfiant où la mort est une nouvelle vie et où les esprits ont encore des histoires envoûtantes à nous conter. Pointe-noire au cimetière du Frère-Lachaise, Liwa dont le nom signifie ironiquement « la mort a peur de toi » se réveille « du rêve le plus le long de sa mort » dans cet univers singulier, vêtu encore de ses plus beaux atours. Veillée, procession funéraire, danses et chants en son honneur, il n'a rien manqué. Il remonte le fil de son existence et se souvient de ses amis avec qui il a fait les 400 coups mais surtout de sa grand-mère bien-aimée, Mâ Lembé qui l'a élevé avec bienveillance suite au décès de sa mère et qui le veille encore aujourd'hui au moment de sa mort. Mais Liwa n'en a pas finit avec les vivants. Il sent qu'il a encore quelque chose à régler.
Un récit fantastique et émouvant où se mêlent la satire sociale et la sorcellerie et qui nous dépeint avec justesse les traditions africaines dans la vie comme dans la mort. On se laisse tout doucement bercer par la parole des esprits qui se révèlent bien plus vivants et sages que les vivants eux-mêmes. Une magnifique découverte!
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Encore un écrivain découvert grâce à Lizzie, via NetGalley, vers lequel je reviendrai tant son écriture m'a emportée… Il s'agit d'Alain Mabanckou, d'origine congolaise, professeur de littérature francophone aux Etats-Unis, auteurs de nombreux romans.
J'ai commencé par le Commerce des allongés.

Les allongés, ce sont les morts, surtout celles et ceux qui sont enterrés dans le cimetière des pauvres de Pointe-Noire, que l'on appelle avec humour et dérision « Frère-Lachaise » et l'allusion à leur commerce renvoie aux rapports qu'ils entretiennent entre eux, à la façon dont ils communiquent, échangent, trafiquent, interagissent aussi avec les vivants…
Le personnage principal, Liwa Ekimakingaï, est jeune, attachant, sympathique ; il a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il a trouvé la mort le jour de la fête de l'indépendance du Congo. Aussitôt enseveli au Frère-Lachaise, il ressort de sa tombe et entreprend d'essayer de comprendre ce qui lui est arrivé : il travaillait comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire, il rêvait du grand amour et venait de rencontrer la belle Adeline dans une boite de nuit...

À travers un récit à rebours, Alain Mabanckou, nous entraîne dans un récit de vengeance, véritable thriller, à la fois loufoque et déjanté et pourtant transposé dans une certaine réalité politico-socio-économique. C'est satirique, savoureux, vivant, imagé avec, en toile de fond les cimetières de Pointe-Noire, illustration du clivage entre riches et pauvres, image illusoire une fois la mort venue.

J'ai adoré l'ambiance, les personnages, le style, la manière dont Alain Mabanckou nous balade… Dans la version audio, la voix de l'auteur, donne vraiment une belle sonorité à cette histoire douce-amère, où l'émotion et l'humour se mêlent avec brio.

Une réussite !

#LecommercedesAllongés #NetGalleyFrance

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Avec le commerce des Allongés, Alain Mabanckou revient dans sa ville natale, Pointe-Noire, au Congo, et c'est l'assurance de voir surgir de nouveaux personnages hors-normes, enjolivés par le style délicieusement imagé de l'auteur. le lieu central du roman est le cimetière de Frère-Lachaise, que tout oppose à celui dévolu aux riches, et le héros, prénommé Liwa, un jeune garçon, nouveau locataire des lieux, donc physiquement décédé, mais très avide de revenir auprès des vivants afin de venger sa mort, qu'il juge injuste. de la fantaisie et de l'humour, il y en a dans le commerce des Allongés, ainsi que de la magie et du surnaturel, mais aussi une certaine gravité avec une volonté de souligner les inégalités sociales dans la société ponténégrine, qui se retrouvent d'ailleurs chez les défunts. Dans le commerce des Allongés, la frontière est fort étroite entre les vivants et ceux qui ne le sont plus et ce n'est pas le moindre talent de Mabanckou que de nous guider dans cet entre deux équivoque. Si le sort de Liwa nous importe en priorité, l'auteur s'ingénie avec brio à ménager le suspense, en nous racontant les dernières heures du garçon ou ses funérailles, mais surtout les conversations qu'il entretient, en tant que "bleu" du cimetière, confronté aux souvenirs d'existence de nouveaux collègues de l'au-delà. Pour qui connait l'art de Mabanckou, le commerce des Allongés ne représente pas une révélation et peut paraître plus sage (dans son écriture) que certains de ses romans précédents, mais il reste infiniment plaisant et inspiré.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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J'ai découvert l'auteur lors d'une émission télé (La Grande Librairie). Sa verve, sa culture et son humour m'ont tout de suite donné envie de lire cet opus.
La première partie du livre, correspondait bien à ce que j'attendais : un conte plein d'humour,de truculence mettant en scène la vie des morts dans un cimetière congolais. Enfin dans les 2 cimetières de la ville puisque riches et pauvres ne se mélangent pas dans la mort.
On suit l'arrivée au cimetière de Liwa Ekimakingaï , on revisite sa veillée mortuaire, puis le temps de son adaptation à sa nouvelle condition.
Puis viennent rencontrer Liwa les figures les plus marquantes des morts du cimetière.
Je n'en dis pas plus un réel plaisir de lecture on voyage loin, là bas, dans ce cimetière.
Las la dernière partie où est présentée l'origine de la mort de Lewi, où est dénoncée la corruption institutionnalisé, m'a paru nettement moins riche et du coup moins captivante. J'ai lu en diagonale pour connaitre la fin de l'histoire.
Certains Babelionautes indiquent ci-avant que ce livre n'est pas le meilleur d'Alain Mabanckou ==> Il va falloir que je tente un autre écrit de lui.
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Dernier roman d'Alain Mabanckou que l'on prend plaisir à retrouver dans son Congo. Cette fois-ci, il pose sa plume dans le cimetière Frère-Lachaise de Pointe-Noire où il nous présente des personnages haut en couleur par l'entremise de Liwa, qui vient de mourir et ne souhaite qu'une chose, se venger.

Sa déambulation dans ce cimetière lui permet de parler de son pays, de ses coutumes, de son Histoire et des pouvoirs toujours aussi corrompus et inégalitaires (même dans le cimetière).

On y croise un DRH, un artiste, un pasteur mais aussi des femmes hautes en couleur; il fait d'ailleurs une part belle à celle-ci, que ce soit par leurs influences, par l'héritage familial et les femmes qui élèvent leurs enfants ou petits-enfants du mieux qu'elles peuvent et les femmes plus traditionnelles, ésotériques.

J'ai eu un peu plus de mal avec ce roman que d'autres, dû à trop de personnages rencontrés, je pense mais toujours admirative de sa plume, mélange subtil d'humour, de vérités, de sarcasmes et de douceur.

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Mabanckou est décidément un grand conteur même s'il écrit aussi de la poésie, des récits, des essais. En France, on l'a découvert avec Verre cassé et Mémoires de porc-épic, il me semble. C'est dans les essais que l'on découvre sa grande culture mais ses romans nous emmènent souvent à Pointe Noire (du "petit Congo" comme il dit) où il raconte son enfance avec truculence et la vie d'autres congolais.Mon livre préféré est un très bel album pour enfant: Ma soeur-étoile.
J'ai récemment rencontré Mabanckou à Manosque: il était vêtu comme le personnage de couverture: pantalon de velours violet et pull orange (je n'ai pas fait attention aux chaussures ni au noeud papillon!)
Ce livre n'est pas mon préféré mais cette curieuse vie après la mort interpelle. Plus sérieusement on y voit la lutte des classes jusqu'aux cimetières: un pour les riches et le Frère Lachaise pour les autres.
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