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EAN : 9782491260118
160 pages
Binge Audio (12/04/2022)
4.11/5   99 notes
Résumé :
La course à la sexualité est-elle vraiment émancipatrice ?

De la « révolution sexuelle » amorcée en Mai 68, aux mouvements sex-positifs actuels, on nous promet la possibilité pour toustes de jouir et de désirer sans entraves. Sauf qu’en investissant le sujet, le capitalisme et le patriarcat ont profondément transformé cette possibilité : le sexe est devenu un marché, et la non-sexualité une pathologie à guérir.

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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Tal Madesta, avec son essai décortique la place du désir en soi, en les autres, son coût mental, économique, mais aussi ce désir qui nous est imposé et qui ne correspond pas à nos désirs et finalement nous blesse.

À travers son vécu, ses expériences, les violences familiales traumatisantes de l'enfance, l'auteur, nous démontrent que nous devrions nous questionner, remettre en question ce système qui nous manipule, dicte, influence en mal. Mais même si en s'en foutre, d'être hors système, on ressent malgré nous la pression de répondre à ces normes : d'être en couple, avoir une sexualité et épanouissante... et ce système s'en foutre de nous imposer ses blessures surtout familiales. La famille à beaucoup de place ici et en chacun de nous, puisqu'elle nous montre une façon de vivre qu'on prendra ou pas comme modèle.


Je pense que beaucoup de gens partagent ce ressenti : de savoir dissocier la sexualité violente de l'amour, la fiction imposée de la réalité.


Côté moins :
Il y a beaucoup de sondages à prendre avec des pincettes, car il n'est quasiment jamais fait notion du nombre de personnes interrogées.

Il y a également trop d'étiquettes, de termes qui sont peut-être simple pour l'auteur mais qu'il n'a pas jugé bon de mettre dans son lexique en fin de livre.

Au final, je pensais que ce livre aurait une autre approche de la thématique, même s'il en parle, c'est un petit livre qui pour moi fût assez difficile à lire dû à ces différents termes, ses phrases lourdes et piquantes mais qui est à l'image de notre existence quotidienne alors qu'elle devrait être simple et douce.


En tout cas merci aux Éditions Binge Audio pour ce livre via la Masse Critique
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J'avais à peine lu quelques lignes que je savais déjà que ce livre était fait pour moi. Il m'a fait écho de manière bien plus puissante que ce que je pensais et je me suis "mon dieu, je ne suis pas seule, je ne suis pas folle". C'est énorme de voir un tel poids s'envoler le temps d'une lecture. Peut-être parce que le sujet me parlait un peu trop, je me suis sentie comme dans un discussion en face de l'auteur qui évolue naturellement.
J'ai terminé ce livre avec l'impression de sortir d'une thérapie : je me comprends mieux, je mets des mots sur des ressentis, des impressions, des réactions, je me sens moins "cassée" mais plus "juste moi".
Cet essai ouvre d'autres regards sur ce sujet, le sexe, des regards qui aident à déculpabiliser sur un sujet où la société applique une énorme pression de honte et d'anormalité dans cette époque où le sexe est devenu justement beaucoup trop décomplexé et même tendance. J'ai eu l'impression d'être brutalement éclairée sur le sujet. Combien de paragraphes m'ont fait me dire "mais oui, pourquoi je ne me suis pas posée de questions avant ?!". Ce livre invite à réfléchir au concept de la famille, présente tout un tas de modèles différents de la famille nucléaire (dont j'ai presque eu honte pendant ma lecture !).
L'auteur nous offre également au milieu de ses pages une ôde à l'amitié, pas la banale de passage mais l'amitié aussi puissante qu'une relation amoureuse, un passage qui m'a beaucoup touchée où je me suis reconnue, encore un fois.
Une lecture puissante et éclairante, inspirante même, à mettre dans beaucoup de mains.
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Sur ma liste depuis sa sortie, cet essai m'intriguait autant qu'il me faisait de l'oeil. Allais-je y trouver un énième discours sur le polyamour, sur l'infidélité, sur tous ces sujets qu'on a déjà étudiés mille fois ? Eh bien non. Comme l'explique l'auteur dans son introduction, quitte à le répéter plus tard, cet essai n'est pas là pour parler de relations situées *par rapport à la sexualité*, donc pas même de l'asexualité !

La première partie nous parle des injonctions, qu'il s'agisse de vite perdre sa virginité, de multiplier les partenaires ou de ne pas laisser plus de X jours entre chaque relation sexuelle pour faire tenir son couple. Comment se détacher de tout ça, de cette course sans fin ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit, un objectif inatteignable et consumé par le capitalisme : pensez à tous les sextoys qu'on essaie de nous vendre pour améliorer notre sexualité, aux ateliers, aux coachs... Évidemment, les réponses ne nous sont pas apportées aussi simplement, mais rien que de lire sur ce sujet a allumé en moi plein de réflexions, et c'est déjà énorme.

J'ai plus apprécié la seconde partie, qui s'attache à mettre en lumière des personnes qui vivent leur vie en investissant au maximum les autres relations, qu'il s'agisse d'amitié, de colocation, de mères célibataires qui s'organisent pour vivre ensemble ou même de béguines... ça m'a encore plus donné envie de réfléchir à mon futur projet de vie. On trouve ici plein de témoignages, tout en sachant que chaque expérience est unique et qu'on pourrait les multiplier à l'infini dans un tel ouvrage.

Bref, une lecture assez rapide, qui m'a plu car elle aborde des sujets qui m'ont déjà "posé souci" par le passé. L'écriture n'était pas toujours à mon goût, mais c'est un détail par rapport au reste.
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Je me suis armée de mon surligneur en milieu de lecture et retenue de ne pas souligner la moitié restant du livre. Je me suis aussi retenue de ne pas revenir au début pour finalement tout surligner, tant j'avais hâte de finir le texte de Tal Madesta.

Édifiant.
Désirer à tout prix est un court essai étayé, fouillé, nourri à la fois par :
- l'expérience personnelle de l'auteur,
- les réflexions qui en découlent,
- les lectures de chercheureuses convoqué·es comme Foucault, Wittig, Illouz et d'autres,
- les témoignages d'autres.

Tal Madesta opère un pas de côté nécessaire pour considérer la question de l'injonction à une sexualité "normale" - et la détricoter - du point de vue d'une critique du capitalisme et de l'organisation de l'ordre bourgeois. Ce faisant, il éclaire des angles morts habituellement désinvestis par les ouvrages critiques qui parviennent jusqu'au grand public (tout en rendant à César - ou au lesbiennes et chercheureuses qui font la job depuis longtemps, ce qui leur appartient).
Court mais complet, rondement mené, Désirer à tout prix se saisit de grilles de lecture contemporaines et intersectionnelles ; c'est un réel plaisir (intellectuel tout autant qu'émotionnel) de suivre Tal Madesta dans la brèche qu'il ouvre : la construction du propos est méthodique, la démonstration efficace, et on finit sa lecture à bout de souffle (hum, cette conclusion "Aller au cinéma, c'est bien aussi", nous laisse sur le carreau), pressé de conseiller, transmettre ce texte essentiel tout autour de soi.

Je suis bien consciente que je parle moins du texte que de l'effet produit par sa lecture, mais décortiquer le sommaire reviendrait à appauvrir le contenu par la paraphrase : il faut le lire, un point c'est tout.
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Tal Madesta part de sa propre expérience de rejet d'une sexualité vécue comme une accumulation, une consommation, une quête effrénée qui dans son cas aurait pour objectif une reconnexion à son propre corps, jamais atteinte par ce biais. Au contraire, l'expérience des relations sexuelles partagées opère comme une forme de dissociation et se révèle plus douloureuse qu'autre chose. D'emblée, la réflexion se construit sur un paradoxe : d'un côté, la dénonciation d'une pathologisation des corps non-désirants, d'une mise sous contrôle, y compris médical, par une société dans laquelle la sexualité est perçue comme universellement souhaitable (du moins dans le champ de l'hétérosexualité) et signe d'une bonne santé ; de l'autre, le récit d'une histoire personnelle marquée par des violences intra-familiales dès l'enfance qui ont contribué à construire un rapport au corps douloureux et complexe. de cette contradiction entre évidente souffrance personnelle qui nuit à la possibilité d'épanouissement sexuel et refus de considérer les corps non-désirants comme cassés et à soigner, l'auteur ne sort jamais.

Finalement, sa posture est celle d'un rejet de l'analyse des parcours singuliers, au moins dans toute sa première partie, y compris ceux des personnes asexuelles, qu'il exclut du champ de son propos. Car celui-ci est éminemment politique, et plus clairement anticapitaliste. Ce n'est pas un hasard que le terme « prix » figure dans le titre de l'ouvrage : la partie la plus intéressante du livre est probablement celle où l'auteur s'appuie sur des études pour démontrer le poids d'un marché en cours de conquête autour de l'idéal d'une sexualité épanouissante : coachs, sexologues, magazines, sextoys, sites de rencontre etc. Il démontre que l'incitation à la sexualité est un des avatars de la domination patriarcale et capitaliste qui fait du couple hétérosexuel et de la cellule de la famille nucléaire des objectifs et des normes, rejetant le potentiel échec sur le dos des individus eux-mêmes qui ne feraient pas assez d'efforts pour les atteindre. Et donc, devraient employer du temps, de l'argent et de l'énergie dans cette quête.

Dans la deuxième partie, il est question d'évacuer ces normes, de changer de paradigme et d'objectif pour mettre son énergie dans la construction d'autres types de liens, non-définis par l'existence d'une sexualité partagée : construction de familles alternatives, importance des amitiés. Si l'on regrette que certains exemples historiques ne soient pas approfondis, tels que ceux des béguines ou des bostoniennes, l'auteur préfère donner la parole à certain(e)s de ses ami(e)s, issu(e)s de la communauté LGBT+, et retrouve alors l'intérêt pour les parcours singuliers qui étaient évacués de la première moitié du livre. Mais en excluant totalement les personnes cishétérosexuelles du champ de sa réflexion, l'auteur est paradoxalement limitant, et on peut reprocher au texte de ne pas aller bien loin. Il manque une plus grande richesse et diversité de témoignages, une analyse plus détaillée des perspectives proposées pour vraiment donner au livre un intérêt et une portée au-delà de la dénonciation, toujours bienvenue, du système dans lequel nous vivons.

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Autrement dit, on ne pourra pas comprendre la manière dont fonctionne cette obligation à la sexualité sans nommer l'éléphant dans la pièce : le régime politique hétérosexuel. Ce concept, développé entre autres par la militante et autrice Monique Wittig, désigne le fait que l'hétérosexualité n'est pas une simple orientation sexuelle, mais un système économique, culturel et idéologique qui sert d'outil aux hommes pour exploiter les femmes à large échelle. [...] L'hétérosexualité est alors ce qui permet de rendre ce système acceptable, en le présentant comme naturel, puisqu'elle assure la division arbitraire de la société en deux classes supposément complémentaires (les hommes et les femmes). Présenter quelque chose comme naturel revient à dire que cette chose est incontestable. Pourtant, différencier l'humanité en deux classes de sexe distinctes n'a rien d'inné. En réalité, et c'est ce que défendent Monique Wittig et d'autres chercheureuses après elle, ces catégories ne préexisteraient pas au système hétérosexuel : au contraire, c'est l'hétérosexualité qui distinguerait les personnes en deux catégories, c'est l'hétérosexualité qui créerait les hommes et les femmes, parce que ce régime politique a besoin de ces catégories pour justifier l'exploitation de l'une par l'autre. Une exploitation évidemment nécessaire à l'économie capitaliste, laquelle a tout intérêt à tirer profit du travail gratuit de la moitié de l'humanité.
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p.29.
- pardonnez mon sarcasme - dans quel monde vivent les gens qui parviennent à baiser de façon satisfaisante, lorsqu'un-e Français-e sur dix a vécu l'inceste, lorsque plus de 200 000 femmes sont victimes de violences conjugales chaque année, lorsque 67 viols sont commis en moyenne chaque jour en France ?
Comment faire d'un lieu de violences présentes ou passées un espace où l'horizon du plaisir et du lâcher-prise est rendu possible ?
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p.99.
C'est ce que m'a rapporté Mila, qui vit avec son partenaire et ses ami-es proches : " J'ai subi le modèle familial classique. J'ai été éduquée dans la violence et la toxicité. J'ai énormément de mal à me dire que le schéma traditionnel peut être épanouissant. "
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L'homo oeconomicus est une figure qui chercherait constamment une rationalisation de ses besoins et une optimisation de ses ressources afin de maximiser sa satisfaction. La version sexualisée de cet homo oeconomicus serait ainsi prise dans une boucle optimale et infinie entre la satisfaction de son désir immédiat via la consommation, et la réitération perpétuelle de ce désir impossible à assouvir durablement. On voit bien dans ce schéma que la consommation n'est qu'une leurre, un écran de fumée ne visant pas la satisfaction en soi du besoin. La stimulation continue que ce besoin génère devient une fin en soi, ce qui renvoie à des mécanismes similaires à ceux de l'addiction.
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Ma tête est devenue la tour de contrôle de ma vie entière. Je n’avais plus besoin de corps.
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Videos de Tal Madesta (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tal Madesta
Tal Madesta vous présente son ouvrage "La fin des monstres : récit d'une trajectoire trans" aux éditions La Déferlante.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2730719/tal-madesta-la-fin-des-monstres-recit-d-une-trajectoire-trans
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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