Mallarmé écrit pour lui-même ! Il s'écrit ! Il fait une oeuvre ! Il ne s'adresse pas au lecteur ! Il s'écoute ! Il se gargarise de son style hermétique, de cette invention dont il se sent fier ! Il s'étale ! Comme les cubistes, il transforme tout. Tout peut être « repeint » en mallarméen et peut importe que ce soit compréhensible ou pas. Ainsi séparer les pages d'un livre avec un coupe-papier devient un travail de boucher !!!!
Commenter  J’apprécie         70
A une époque où notre intellect est sollicité de toutes parts et où notre temps imparti à la lecture s'amenuise proportionnellement à nos occupations, rien ne me paraît plus louable que de tenter la diffusion massive, démocratique, de ce qui a toujours été considéré du domaine des « happy few » : le livre de poésie.
Inutile de dire que les jeunes libraires-éditeurs qui se sont lancés dans cette entreprise ont la passion de leur métier ainsi que la foi et l'enthousiasme qui caractérise leur âge.
Pour le « lancement » de cette quintessence de l'intelligence, de l'imagination et de la sensibilité qu'est la poésie, ils ont choisi le meilleur vecteur possible : la publicité.
Qui s'étonnerait de me voir applaudir à une pareille tentative ?
La publicité implique avant tout un acte de choix. Choisir, c'est élire. Élire, c'est favoriser le développement d'une production donnée. Or, toute stratégie publicitaire provoquant une production de masse entraîne inévitablement une consommation de masse mettant à la portée de tous ce qui était, jusque-là, réservé à un très petit nombre de privilégiés.
1900 - [p. 7] Marcel Bleustein-Blanchet
Stéphane MALLARMÉ – Le Poète et la Chine (CREOPS, 2014)
Une conférence de Laurent Matuissi donnée le 6 juin 2014 au Centre de Recherches sur l’Extrême Orient de Paris-Sorbonne à l'occasion de la publication de son essai 'Mallarmé et la Chine'.