Qu'avaient vu, jusqu'en 1900, ceux dont les réflexions sur l'art demeurent pour nous révélatrices ou significatives, et dont nous supposons qu'ils parlent des mêmes oeuvres que nous ; que leurs références sont les nôtres ? Deux ou trois musées, et les photos, gravures ou copies d'une faible partie des chef-d'oeuvre de l'Europe. La plupart de leurs lecteurs moins encore. Il y avait alors dans les connaissances artistiques une zone vague qui tenait à ce que la confrontation d'un tableau du Louvre et d'un tableau de Madrid, de Rome, était celle d'un tableau et d'un souvenir.
L'homme qui a vu l'ensemble des grandes oeuvres de l'Europe est alors rare. Gautier a vu l'Italie sans voir Rome, à trente-neuf ans ; Edmond de Goncourt, à trente-trois ; Hugo, enfant ; Baudelaire, Verlaine, jamais. Il en va de même pour l'Espagne, un peu moins pour la Hollande ; souvent on connaissait les Flandres. L'attentive cohue qui se pressait au Salon, public de la meilleure peinture de son temps, vivait du Louvre. Baudelaire, ne vit les oeuvres capitales ni du Greco, ni de Michel-Ange, ni de Masacio, ni de Piero della Francesca, ni de Grünewald, ni de Titien, ni de Hals, ni de Goya.
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