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EAN : 9782330024437
156 pages
Actes Sud (02/10/2013)
3.98/5   23 notes
Résumé :
De l’Europe humaniste de la Renaissance à la Chine de la Révolution culturelle, en passant par l’époque des utopies communautaires des XVIIIe et XIXe siècles, Alberto Manguel propose une méditation plus que jamais nécessaire sur la notion de citoyen-lecteur et l’importance de la lecture en tant qu’indispensable instrument de déchiffrement d’un monde chaotique et toujours plus “inédit”.
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un matériau pétri de rêves et de savoirs en construction

Retiré dans sa tour d'ivoire ou voyageur du monde et des mots, le lecteur, réduit au masculin et à l'occidental, est saisi par Alberto Manguel comme métaphore, comme arpenteur de « pages à venir », comme fasciné-éclairé par les lueurs de l'horizon, les possibilités d'un rappel, d'un revenir, d'une nouvelle exploration ou errance.

Si l'auteur plonge dans l'histoire des livres, en tant que lecteur je privilégie les temps les plus proches, les auteur-e-s peu ou pas reconnu-e-s, les ruptures stylistiques. Je ne suis pas sûr que le lecteur/lectrice d'hier éclaire celle/celui d'aujourd'hui. Mais qu'importe, il s'agit de la place des livres dans la vie, des mots, des rêves, des réflexions, du pouvoir penser et formuler.

L'auteur indique, entre autres, « le texte a créé le paysage à parcourir et annulé les distances réelles entre les lieux ainsi que les peines correspondantes du voyage matériel ». La lecture participe bien de l'existence « dans ce monde aux allures de rêves, de la distance et de la proximité, du passé, du présent et de l'avenir ».

Réalités, intuitions, perceptions, effronteries, promesses, analyses, etc., les livres sont des ouvertures nécessaires à notre être débout, des freins à la vitesse et à la brièveté.

J'ai été notamment intéressé par les critiques sur la lecture du livre électronique, cette matérialité évanescente qui « proclame les possibilités d'une navigation illimitée » alors qu'elle est souvent « en réalité beaucoup plus restreinte et contrôlée » que d'autres formes de lectures.

Un livre saisissant aussi l'entourage des lecteurs et des lectrices : « Tout lecteur, passé et présent, a entendu un jour l'injonction : « Arrête de lire ! Sors, vis ! » – comme si lire et vivre constituaient deux modes d'existences distincts, comme si celui qui la prononce craignait que le lecteur devienne incapable de faire la différence entre ce qui est chair réelle et ce qui ne l'est pas ». Injonctions contre les livres et aussi contre les savoirs et les remises en cause des réalités construites.

Une invitation à « réapprendre à lire lentement, en profondeur, complètement, que ce soit sur papier ou sur écran ». Mais d'autres lectures sont possibles.

Je souligne aussi la qualité des illustrations.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Comment parler des livres de Manguel qui ne cessent de nous plonger dans les livres, tous les livres et surtout ceux qui nous serons à jamais inaccessibles?
Les métaphores du lecteur qu'il met ici en valeur raisonnent profondément en moi. Je suis entrée, en ouvrant ce livre, dans un labyrinthe dont les murs sont recouverts de miroirs et tous ces reflets se réfléchissent eux-mêmes. le labyrinthe est bien sûr une étonnante bibliothèque d'où surgissent, pour moi, tous les livres et les dessins de Bruno Schulz...
En lisant Alberto Manguel, j'ai le sentiment de trouver des clefs pour mes lectures passées et futures. Elles étaient restées pour moi inaccessibles malgré mon entêtement et ma persévérance n'ayant pas les références religieuses nécessaires.
Quel plaisir de comprendre tous ces liens culturels, linguistiques, religieux qui font que le labyrinthe des livres tisse progressivement une toile de sens, d'impressions et de ressentis.
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Dans le cadre de la littérature argentine, notre bibliothécaire nous a proposé ce livre : " le Voyageur et la Tour : le lecteur comme métaphore - Alberto MANGUEL

Un agréable voyage au pays de l'écrit.
Alberto Manguel, passionné de livres, nous invite à une admirable réflexion sur la relation entre l'homme et les livres. Les nombreuses métaphores illustrent ses propos qu'il s'agisse de manuscrits anciens ou de la tablette du XXIeme siècle. Un essai qui se lit comme un roman.

Citation :
"réapprendre à lire lentement, en profondeur, complètement, que ce soit sur papier ou sur écran"
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Une suite de courts essais sur la lecture et le lecteur .Vagabondage à travers les siècles ,appuyé sur une érudition extraordinaire mais toujours aimable . Une source d'idées de nouvelles lectures ou de « revenez-y » . Merci Alberto grand prêtre des bibliothèques …
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critiques presse (1)
Lexpress
23 décembre 2013
Un vibrant plaidoyer qui redonne tout son sens à la fameuse injonction de Flaubert : "Lisez pour vivre!"
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes des créatures qui lisons, nous ingérons des mots, nous sommes faits de mots, nous savons que les mots sont notre mode d'existence en ce monde, c'est par les mots que nous identifions notre réalité et au moyen des mots qu'à notre tour nous sommes identifiés.
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" Les personnages littéraires sont des sables mouvants ", a écrit le critique américain Blakey Vermeule dans un essai fascinant. " Ce sont des télescopes. [...] Ils nous offrent des perspectives. "

LIRE POUR VIVRE
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Nous progressons dans un texte comme nous progressons dans le monde, passant de la première page à la dernière au travers du paysage qui se déploie, commençant parfois au milieu d'un chapitre, ne parvenant pas toujours à la fin. L'expérience intellectuelle consistant à parcourir les pages en lisant devient une expérience physique faisant appel au corps entier : les mains qui tournent les pages ou les doigts qui déroulent le texte, les jambes prêtant leur soutien au corps attentif, les yeux en quête de signification, les oreilles accordées à la résonance des mots dans notre tête. Les pages à venir promettent un point d'arrivée, une lueur à l'horizon; les pages déjà lues offrent la possibilité d'un rappel. Et, dans le présent du texte, nous existons en suspens dans un instant sans cesse changeant, une île de temps miroitant entre ce que nous connaissons du texte et ce que nous avons devant nous. Tout lecteur est un Robinson en chambre.
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Le texte a créé le paysage à parcourir et annulé les distances réelles entre les lieux ainsi que les peines correspondantes du voyage matériel
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L'expérience du voyage est, pour Montaigne comme pour Nooteboom, à l'instar de l'expérience de la lecture, un exercice de réflexion sur soi-même.
Mais, aujourd'hui, pour la majorité des voyageurs, un élément essentiel de l'expérience consiste à éviter de se retrouver face à soi-même. Le conseil trop célèbre que donne E.M. Foster "Connectez vous" a pris la forme d'une connexion universelle dénuée d'intelligence, l'impression que grâce à l'Internet nous ne sommes jamais seuls, jamais censés rendre compte de nous-mêmes, jamais obligés de révéler notre véritable identité.
(...)
Nous avons peur d'une chambre vide et de la moindre ombre sur notre mur.
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Videos de Alberto Manguel (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alberto Manguel
Leçon inaugurale d'Alberto Manguel prononcée le 30 septembre 2021. Alberto Manguel est professeur invité sur la chaire annuelle "L'invention de l'Europe par les langues et les cultures" (2021-2022), chaire créée en partenariat avec le ministère de la Culture (Délégation générale à la langue française et aux langues de France).
Accéder à ses enseignements : https://www.college-de-france.fr/site/alberto-manguel/
Au commencement, il y a le mythe. Zeus s'éprit d'Europa, la fille du roi africain Agénor, et, métamorphosé en taureau, l'emporta en Crète où elle lui donna deux fils. Agénor envoya les deux frères d'Europa à sa poursuite, leur interdisant de réapparaître chez lui sans l'avoir retrouvée. Ils ne revinrent jamais. le mythe est, au sens essentiel, un déplacement, une métaphore, une traduction, une « parole » (Barthes) qui signifie : « emporté d'un lieu à un autre ».
Les mythes sont transformés, altérés, renouvelés pour correspondre aux besoins d'un temps et d'un lieu. Mais ils restent eux-mêmes pour l'essentiel, car ils ne sont pas créés en tant que fabrications de l'imagination humaine, mais (sans vouloir tomber dans un universalisme facile) comme des manifestations concrètes de certaines intuitions primordiales. Au Moyen Âge, Lactantius proposa de banaliser le mythe grec en prétendant que le taureau était simplement le nom d'un bateau. Mais le mythe perdura et en fit lever d'autres dérivés de l'histoire initiale : mythes de souveraineté (Europa, une princesse), de féminité (la bien-aimée de Zeus), de prééminence culturelle (ses frères envoyés à sa recherche) et aussi, plus mystérieusement, d'immigration et d'établissement (Europa, une résidente étrangère). le contenu de ces mythes constitue peut-être la pierre de touche qui prête aux peuples de l'Europe une identité commune intuitive.
Toute définition (celle du mythe, par exemple) nécessite tant une limitation qu'une invention. Une limitation de ce que nous croyons que l'objet de la définition n'est pas, et une invention de ce que nous imaginons susceptible de constituer quelque chose que nous connaissons déjà, puisque nous ne pouvons définir ce que nous n'avons pas encore imaginé. le mythe d'Europa reflète cette double nécessité.
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