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EAN : 9782756038926
144 pages
Delcourt (01/02/2013)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Une mystérieuse clé d'origine inconnue a été volée au cours d'un voyage en bateau. Cromwell Stone, qui faisait partie des passagers, constate bientôt que tous ceux qui étaient à bord sont systématiquement éliminés. Débute alors une fantastique enquête, pour découvrir non seulement l'auteur du vol, mais aussi la nature de l'étrange objet... La trilogie Cromwell Stone, autre pièce maîtresse de l'oeuvre d'Andreas.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce tome contient les 3 histoires relatives à Cromwell Stone, chacune en noir & blanc de 46 pages, écrite, dessinée et encrée par Andreas (Andreas Martens de son complet). Andreas est également l'auteur complet de 2 séries à suivre : Arq (à commencer par "Ailleurs", débutée en 1997) et Capricorne (à commencer par "L'Objet", également débutée en 1997).

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- Cromwell Stone (1984)
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L'histoire s'ouvre avec une citation d'Howard Philips Lovecraft : "la plus ancienne et la plus forte émotion de l'humanité est la peur". Cromwell Stone est en train de progresser à pied sur un chemin en bord de côte, une corniche longeant une mer déchaînée et battue par les vents. Il trouve refuge dans la demeure de Gordon Globe et lui raconte ses mésaventures. Il y a quelques temps, il avait décidé de se rendre à Loatham (en Angleterre) pour retrouver Jack Farley, l'un de ses amis. Arrivé sur place, Stone avait eu l'impression d'une ville hostile, de menaces imprécises tapies dans les zones d'ombre. Ayant rejoint l'adresse que lui avait donnée Farley, il avait eu la surprise de constater que personne ne se souvenait lui (pas même son voisin) et qu'il avait disparu comme s'il n'avait jamais séjourné à Loatham. de fil en aguille, Stone avait finit par s'installer dans la demeure que Farley était censé avoir louée. Bientôt des phénomènes inexplicables se produisirent.

La citation de la première page ne laisse aucun doute quant à l'intention d'Andreas : il s'agit pour lui de réaliser un récit "à la manière de", de rendre hommage à Howard Philips Lovecraft, auteur entre autre de le mythe de Cthulhu, Par-delà le mur du sommeil, etc. le lecteur est donc beaucoup moins surpris que Cromwell Stone par ces phénomènes mystérieux qui laissent présager l'existence d'entités pas très bien disposées envers l'humanité, d'une géométrie défiant les lois basiques de l'espace, et d'un Ailleurs ou d'un Dehors menaçant. Andreas maîtrise à la perfection les obsessions de Lovecraft, il intègre la présence inquiétante de l'océan, ainsi que des personnages qui semblent en savoir beaucoup sans pour autant vouloir aider Stone.

Dès ce premier récit consacré à Cromwell Stone, le lecteur constate qu'Andreas rend hommage à HP Lovecraft en s'en inspirant, sans le plagier, ni le copier. le récit de Cromwell Stone ne reprend pas la mythologie de Cthulhu et suit sa propre logique, avec ses propres spécificités. Il s'agit d'une histoire originale et indépendante. La trame n'est pas très novatrice, mais son exécution est singulière. Andreas utilise des conventions de plusieurs genres différents, aboutissant à une histoire sortant de l'ordinaire. le récit se déroule vraisemblablement au début du vingtième siècle, et les personnages sont essentiellement masculins (il n'y a qu'une femme avec un rôle très secondaire le temps de 2 pages). Il n'y a pas de prouesses physiques, les différents lieux participent à la narration, la mise en scène et les dessins sont uniques en leur genre.

De la même manière que la référence à HP Lovecraft est incontournable à la découverte du récit, celle à Bernie Wrightson l'est pour les dessins. Andreas utilise des myriades de traits répétant le même tracé pour donner du volume aux surfaces et leur conférer une texture palpable. Il allonge légèrement les visages pour les rendre plus expressifs en particulier quand l'individu éprouve de la peur. Wrightson est un dessinateur de comics qui s'est fait connaître dans les années 1970 pour ses histoires d'horreur (Creepy presents Bernie Wrightson), pour avoir illustré une histoire de Stephen King (Creepshow) et surtout pour avoir réalisé des illustrations habitées du roman de Mary Shelley : Frankenstein.

De la même manière qu'Andreas s'inspire de Lovecraft sans le copier, il s'inspire de Wrightson sans le copier. Pour commencer Andreas est aussi méticuleux que Wrightson pour tracer ces nombreux traits courant de manière parallèle, figurant une luminosité complexe, mais il n'atteint pas le niveau de Wrightson qui s'en sert également pour rendre compte de la texture des matériaux, en plus de leur volume. Ensuite, dès la première page, le lecteur est frappé par la composition de chaque page : les compositions variées de cases aux formes différentes, et la l'habilité avec laquelle Andreas recompose le mouvement par le biais de l'agencement de ces cases.

Dès la première page, le lecteur est subjugué par l'intelligence narrative visuelle. La page est partagée en 2 selon une ligne oblique montante. le tiers supérieur se compose de 5 cases dont la taille va en diminuant montrant Cromwell Stone montant le long du chemin, avec un mouvement de caméra se rapprochant de son visage en tournant. Ces 5 cases sont donc opposées à celle plus grande en dessous montrant le chemin, les flots déchaînés, la falaise et la maison de Gordon Globe accolée à la paroi rocheuse.

Andreas réalise des planches denses, comprenant de 8 à 10 cases, aboutissant à une narration substantielle. Il utilise majoritairement des cases rectangulaires, tout en recourant à des cases trapézoïdales ou triangulaires quand la nature des événements le justifie. Lorsque la narration le rend nécessaire, il diminue également le nombre de cases par page pour transcrire la taille démesurée d'un élément.

Cette inventivité dans la composition des pages dépasse la simple expérimentation et prouve une maîtrise impressionnante du vocabulaire et la grammaire de la bande dessinée. Andreas utilise à bon escient, aussi bien un découpage en 6 cases verticales de la hauteur de la page (planche 43), qu'un découpage en 10 cases horizontales de la largeur de la page (planche 34). À l'opposé de dessinateurs recourant à des cases de la largeur de la page pour ne dessiner qu'un tête de personnage au milieu sans arrière plan, Andreas utilise toute la largeur, gérant l'écoulement du temps de manière subtile, l'élément dessiné à l'extrême droite pouvant survenir quelques secondes après celui dessiné à l'extrémité gauche, comme si le temps s'était écoulé au fur et mesure que le regard du lecteur progresse de gauche à droite. Il peut aussi utiliser une bande horizontale de 5 cases pour faire ressortir l'évolution des expressions du visage d'un personnage. Chaque page est une nouvelle leçon d'art séquentiel, sans ressembler à une vaine démonstration gratuite pour épater le lecteur.

Dès la première page, le lecteur constate également qu'Andreas a pris le parti de raconter son histoire de manière majoritairement visuelle, c'est-à-dire qu'à de nombreuses reprises les cases, voire les pages, sont dépourvues de texte. Il s'agit d'un parti pris courageux que de distiller une angoisse sourde au travers des dessins, sans aide du texte. Cela assure également Andreas qu'il ne courre pas le risque de paraphraser les textes de Lovecraft, de manière maladroite. Alors que Lovecraft évoquait souvent une horreur indicible, Andreas réussit à évoquer une horreur qui reste cachée, en la sous-entendant par le jeu des ombres, des mouvements et des cadrages, du grand art. Ces passages les plus visuels induisent également une implication plus importante du lecteur qui doit formuler intérieurement ce qu'il voit, et identifier la causalité d'une case à l'autre. le savoir-faire d'Andreas lui permet de réaliser des séquences muettes facilement intelligibles, il n'y a que deux ou trois occurrences où le lecteur doit déchiffrer la case du fait d'un angle de prise de vues trop inattendu ou trop extrême.

Après avoir terminé, le lecteur constate qu'il a plongé dans un environnement totalement prenant, d'une grande inventivité visuelle tant sur le plan des dessins, que de la composition des pages, et du découpage de chaque séquence, et qu'il a côtoyé l'indicible. Au-delà du frisson provoqué par le sentiment d'effroi, il ressent le fait que l'individu évolue dans un monde dont il ne connaît que peu de choses, et dont il en comprend encore moins. Dans ce récit atypique, il pourra regretter 2 ou 3 cases difficiles à déchiffrer, ainsi que ce thème de l'inconnu qui aurait gagné à être un peu plus développé.

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- le retour de Cromwelll Stone (1994)
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Plusieurs années après le premier tome, Phil Parthington a décidé de se rendre aux États-Unis, en faisant le voyage à bord d'un transatlantique, en compagnie de Marlène son épouse. Ils sont installés dans la suite présidentielle car Parthington est devenu un riche entrepreneur. Dès l'embarquement il repère monsieur van Koor qui le dévisage avec insistance. Lors de la traversée, la cabine de Parthington est cambriolée, le vol état interrompu par Cameron, le garde du corps de Parthington. La nuit, d'étranges créatures semblent rôder dans les flots noirs, autour du navire.

Le premier tome était placé sous le signe d'une citation d'Howard Phlips Lovecraft, celui-ci débute par une citation d'Harlan Ellison (auteur célèbre, entre autres de Dérapages, ou Dangereuses visions).

La citation : "Car nous sommes de minuscules créatures dans un univers ni bienveillant, ni malveillant... Il est simplement énorme et n'a pas conscience de nous, sauf en tant que maillon de la chaîne de vie." - Harlan Ellison

Pour cette suite, Andreas base son intrigue sur un développement organique du tome précédent, reprenant les mêmes personnages : Cromwell Stone, Phil Parthington, et même le préposé au quai de la gare de Loatham. Parthington a décidé d'emmener la clé de l'autre côté de l'Atlantique révélant ainsi qu'elle n'est pas perdue à ceux qui la recherchent. Cette forme de course-poursuite avec affrontements imprime une dynamique au récit, l'inscrivant dans le genre "Aventures".

Le thème sous-jacent du premier tome était l'impossibilité pour l'individu d'appréhender la réalité dans son entièreté, dans toute sa complexité. Ce deuxième tome met en scène l'indifférence de l'univers vis-à-vis de l'humanité. Il s'agit d'un point de vue athée, qui intègre la possibilité de l'existence de créatures supérieures (dans leur développement) à l'homme. Andreas surprend par l'intelligence de la conception des créatures extraterrestres associées à la clé. Il ne s'agit pas d'une menace venue du Dehors ou d'un Ailleurs à la Lovecraft, encore moins d'une race de démiurges humanoïdes, ou de vieillards chenus à la longue barbe blanche.

Andreas a conçu une race extraterrestre à la forme différente des humains, aux motivations étrangères à l'humanité, aux capacités de création qui n'ont rien à voir avec le principe anthropique (que l'univers tournerait autour de l'humanité). Cette composante du récit est à l'opposé d'une science-fiction ou d'un fantastique bon marché, ceux qui réduisent toute créature extraterrestre ou surnaturelle à l'état d'ennemi à 4 bras ou de gros monstre baveux, uniquement destiné à être massacré par le héros. Très rapidement, le lecteur prend également conscience que les différents personnages évoluent dans une situation dépassant le clivage basique bien/mal.

Cette richesse thématique n'obère en rien le niveau de divertissement et la qualité du spectacle visuel. Andreas utilise son riche vocabulaire visuel, et sa maîtrise de la grammaire spécifique de ce médium pour réaliser des séquences à couper le souffle, qu'elle qu'en soit la nature.

Parmi les éléments graphiques les plus remarquables, il y a sa minutie quasi obsessionnelle dans certains dessins. Celui représentant l'embarquement du couple Parthington à bord du transatlantique occupe une demi-page, avec des dizaines de figurants. Celle du débarquement (page 24) est tout aussi impressionnante dans sa représentation de la foule débarquant, suivant des chemins canalisés et logiques.

Dans le cadre de ce récit d'aventures, Andreas réalise des dessins grand spectacle d'une force et d'une ampleur à couper le souffle. Il y a un déraillement de train d'une force inouïe, dont la représentation échappe à tout stéréotype visuel (planche 20). Les planches 12 & 13 comprennent un dessin en double page représentant le transatlantique cerné par une flotte fantomatique, là encore avec une minutie dans l'encrage (une myriade de traits innombrables) qui oblige le lecteur à détailler ce dessin, scrutant ces formes, comme le font les marins sur le navire. Les pages 40 & 41 comprennent également un dessin double page, avec une vue du ciel d'une cité, où tous les bâtiments sont représentés avec une minutie maniaque.

En termes de composition de page, Andreas utilise à nouveau l'approche consistant à rompre avec les cases rectangulaires sagement juxtaposées, lorsque la nature de la séquence le justifie. Il y a ce passage où Parthington n'arrive plus à s'exprimer, sa raison se fragmentant, les cases semblent s'écrouler les unes sur les autres, perdant leur caractère bien ordonné, et leur forme bien cadrée. Il y a également cette progression de plusieurs personnages dans une végétation dense, où les bordures de cases sont faites de feuillages, et ont perdu leur rectitude pour montrer que la troupe progresse suivant une trajectoire sinueuse gênés dans leur cheminement par la végétation dense.

Comme dans le premier tome, Andreas réalise également des séquences muettes, d'une lisibilité exceptionnelle, avec une tension narrative née de la gestion de l'écoulement du temps entre chaque case, et de la manière dont les postures se répondent d'une case à l'autre. C'est le cas de la fuite éperdue de Marlène dans la nature, pour échapper à son poursuivant armé de grands morceaux de verre effilés.

Avec cette deuxième partie de la trilogie (réalisée 10 après la première), Andreas prouve son épanouissement artistique, à la fois en tant que scénariste et en tant qu'artiste. À la lecture, il y a une fusion parfaite entre Andreas scénariste et Andreas artiste. Il étend le récit du premier tome de manière organique et naturelle, tout en élargissant le champ du thème principal et des techniques narratives visuelles. Il subsiste l'influence de Lovecraft (dans la présence d'une énorme créature étrangère à l'humanité) et de Bernie Wrightson (dans la technique d'encrage pour rendre compte du volume des surfaces et de leur éclairage), ce qui fait bien de cette deuxième histoire, la suite de la première.

En découvrant l'intrigue, le lecteur apprécie l'intelligence du propos d'Andreas sur la place de l'humanité dans l'univers, et l'intelligence de la manière dont il la raconte. Andreas ne sacrifie en rien l'aspect visuel du récit, que ce soit en spectaculaire, en divertissement, ou en suspense narratif.

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- le testament de Cromwell Stone (2004)
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Come elle l'a promis à Cromwell Stone, Marlène Parthington est de retour en Écosse avec la boîte qu'il lui a confiée. Son avion de ligne a été agressé par un autre avion, il s'est écrasé. Elle est la seule survivante, sans souvenirs de ce qui s'est réellement passé. Elle est recueillie par Mary & Joe Achnacon, chez eux, dans la chambre de leur fille défunte. Elle profite de ce séjour forcé pour aller se recueillir sur la tombe de Marjorie & James Argyll, ses parents d'adoption. Les Achnacon lui proposent d'aller dans un hospice pour discuter avec Constance une vieille dame (103 ans), pour en apprendre plus sur ces parents d'adoption.

Le titre de ce tome est à prendre au sens premier, il s'agit bel et bien du testament de Cromwell Stone que Marlène Parthington ramène chez lui, sans trop savoir ce qu'elle doit en faire. Comme les 2 premiers tomes, celui-ci s'ouvre aussi avec une citation, un extrait de l'Exode : "Mais dit-il, tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut pas me voir et vivre". Par comparaison avec celles d'Howard Philips Lovecraft et d'Harlan Ellison, celle-ci est particulièrement cryptique. En choisissant cette citation, Andreas plonge le lecteur dans la confusion dans la mesure où le tome précédent développait un point de vue athée sans qu'il soit possible de s'y tromper.

Du coup, le lecteur en est réduit à faire comme Marlène Parthington : observer les signes et les interpréter. Andreas commence fort dès la première page avec une scène allégorique d'un homme et d'une femme nus chevauchant chacun un dragon et se livrant bataille dans le ciel (les mythes germaniques viennent à l'esprit). Une séquence suivante en livre une possible interprétation. À plusieurs reprises, des personnages constatent la présence d'un symbole (ou d'un emblème) : un point dans un cercle. Il s'agit d'un motif récurrent qui semble porteur de sens. Mais lequel ? Certains événements peuvent également être interprétés comme des présages, par exemple le décès de Constance juste avant que Marlène ne lui pose des questions. Il y a aussi ces volées de hiboux, animal qui pourtant ne se déplace jamais en groupe. Marlène Parthington est également confrontée à une manifestation surnaturelle : des théophènes (l'étymologie de ce mot évoques des messagers éclairant le chemin de Dieu, une sorte de déclinaison des sensoriels peut-être).

Feuilleter ce tome avant de le lire donne l'impression qu'Andreas a un peu allégé ses pages. La lecture montre que cette sensation provient d'un recours moins important aux aplats de noir. Par contre la minutie et l'application n'ont en rien diminué.

Cette histoire comporte 16 pages muettes (= sans texte) sur 46. Elles présentent une lisibilité parfaite et permettent à nouveau d'apprécier l'art de la composition d'une page, déployé par Andreas. le lecteur retrouve une page avec 6 cases de la hauteur de la page, dont la largeur va en augmentant d'une case à l'autre pour figurer l'augmentation de taille de l'apparition. Andreas peut se permettre toutes les audaces, même la lecture de 4 cases de bas en haut (planche 35) pour montrer que le personnage est en train de monter un escalier.

Lorsque le récit passe par une séquence fantasmagorique (rêvée ou allégorique), Andreas abandonne l'encre de Chine, pour des dessins au crayon, le mode de rendu fournissant ainsi une information supplémentaire au lecteur. Il serait possible de dresser ainsi un catalogue des techniques (toujours en noir & blanc) employées par Andreas pour trouver la solution graphique la plus adaptée à la séquence ou à la case. Dans la troisième planche, l'oeil du lecteur est arrêté par un arbre à la forme torturée sur les branches duquel se sont posés une nuée de hiboux. Andreas a choisi de les représenter en ombre chinoise pour leur conférer une aura mystérieuse de conte. Un peu plus loin, il a rendu la texture d'une stèle par une myriade de t
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Ce volume rassemble les 3 albums de cette série datant respectivement de 1982, 1993/1994, et 2002/2004.
A la lecture de cette bd, on comprend qu'il ai fallut parfois 2 ans à l'auteur pour finaliser ses albums.
Andreas Martens, maîtrise à merveille le dessin noir & blanc, avec une alternance de clair obscur, de traits tramés, et une narration originale où la planche sort souvent du découpage par cases "traditionnel".
Ceci est en particulier vrai pour le deuxième tome de la série, où le graphisme bénéficie d'un luxe de détails.
Du Grand Art !
Ce qui m'empêche de donner la note maximale à cette intégrale, c'est le scénario de cette histoire fantastique, clairement inspirée par des maîtres du genre, en particulier Lovecraft, bonne mais un peu complexe et parfois déroutante.
Il n'en reste pas moins que cette oeuvre sort du lot commun de l'abondante production de Bd.
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Relecture de cette trilogie d'Andreas… le premier tome, Cromwell Stone date de 1984. Il est intéressant de se dire que 10 ans séparent chaque tome.
Au début des années 80, Andréas écrit « Cromwell Stone », une histoire mélangeant les ambiances terrifiantes de Lovecraft avec une intrigue en forme de « 10 petits nègres ». L'ambiance constitue évidemment la très grande réussite de ce livre très sombre, aux cadrages audacieux. Graphiquement, il se place dans la continuité du travail qu'il avait entamé en carte à gratter sur « Révélations posthumes ». Un dessin sec et aiguisé, rehaussé d'un superbe travail sur les hachures, qui renvoie à certaines gravures qui enluminaient les romans de Jules Verne, aux illustrations de Berbie Wrighston pour « Frankenstein » ou à Escher. La citation de Lovecraft mise en exergue est on ne peut plus explicite : la peur joue un rôle prépondérant dans cette histoire, impliquant de simples mortels dans une histoire qui les dépasse.
Au début des années 90, Andreas apporte un deuxième épisode aux aventures de Cromwell Stone. Cette suite était-elle prévue dès le départ, ou s'est-elle imposée au fil des années ? On sent l'évolution d'Andréas au fil des pages, même si cette nouvelle histoire s'imbrique parfaitement dans la première. Si le personnage de Cromwell Stone n'y joue plus qu'un rôle secondaire, il reste la pierre angulaire d'un récit spectaculaire. Mais les péripéties qui parsèment l'album n'empêchent pas Andréas de livrer un récit particulièrement dense, qui revient sur le contexte du premier album et explique tous les tenants et aboutissants d'une intrigue aux ramifications cosmiques. Cette fois, c'est par une citation d'Harlan Ellisson qu'Andréas donne le ton de cette histoire, qui situe l'homme dans l'échelle cosmique... tout en bas, insignifiant... Un peu plus bavard, sans doute, mais un choc visuel absolu et une maîtrise narrative impeccable. du grand Andréas !
J'avais gradé un souvenir plus diffus du troisième tome de cette trilogie, réalisé au début des années 2000. Je ne l'avais jamais relu. Il se situe pourtant dans la directe continuité des deux premiers volumes. Cette fois, c'est une citation extraite de l'Exode qui donne le la. L'homme face à Dieu... Ce dernier épisode opère comme un contrepoids aux deux premiers tomes. Cette fois, il tourne autour d'une femme, Marlène Parthington, qui apparaît dans le tome précédent. Les pages sont très lumineuses, le blanc jouant un rôle prépondérant. Dans certains passages, Andréas délaisse les hachures qui faisaient la marque des tomes précédents pour un graphisme qui évoque plus le crayon. Un dernier tome en forme de rupture et réconciliation, qui n'est pas sans semer des indices troublants: un personnage vêtu d'un manteau noir et aux cheveux blancs, des hiboux ? Cela ne vous rappelle rien ?

D'une certaine manière, on peut y voir l'exact opposé de « Arq ». Les deux séries se caractérisent par une intrigue très riche et fouillée. Mais Andréas a pris le pari de ramasser Cromwell Stone sur 3 tomes, les deux premiers étant exceptionnellement denses du point de vue de l'intrigue, alors qu'il a pris tout son temps avec « Arq », pour que l'intrigue se dévoile petit à petit. Deux approches dans lesquels Andréas se révèlent également à l'aise, ce qui démontre une fois de plus ses extraordinaires aptitudes de raconteur d'histoires.
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Cette splendide intégrale regroupe les trois tomes (parus à dix ans d'intervalle) de la trilogie de Cromwell Stone (Cromwell Stone en 1984, le retour de Cromwell Stone en 1994 et le testament de Cromwell Stone en 2004).

À l'instar de Rork, Capricorne ou Arq, Cromwell Stone est l'un des personnages emblématiques de l'oeuvre d'Andreas. Ce héros nous emmène dans un récit fantastique où il est question de créatures anciennes venues d'ailleurs et de clés permettant de lever le voile sur certains mystères. Si le héros est au centre de la première histoire, il semble néanmoins déjà dépassé par les événements et son rôle devient plus secondaire lors des tomes suivants. Il est donc déjà beaucoup moins présent lors du deuxième récit, qui prend une orientation plus fantastique/mystique, et seul sa mémoire est encore présente lors du troisième volet. Si l'histoire de fond se dévoile au fil des tomes, chacun des récits parvient à relancer l'enquête, tout en apportant plus de réponses.

Si cette saga qui permet à l'auteur de nous livrer une vision intéressante du monde et de sa création est finalement assez complexe (comme la plupart des oeuvres d'Andreas), elle est surtout visuellement très impressionnante. Son trait hachuré donne aux planches des allures de gravures et installe une ambiance oppressante qui colle parfaitement au scénario. La composition des pages est également d'une grande inventivité, avec un découpage, des cadrages et une utilisation des espaces qui sont totalement au service de la narration. Sans oublier les décors, qui sont une nouvelle fois d'une grande richesse.

Une trilogie lovecraftienne qui ravira les fans du genre !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Atar-Gull, Randolph Carter, Solomon Kane… Cromwell Stone, il y a des noms dont la sonorité inspire le mystère, l'aventure et met l'imaginaire en ébullition. Intellectuel oisif, curieux, mais pas téméraire, qui va se transformer en investigateur de l'Indicible, Cromwell Stone concentre toutes les caractéristiques du héros cher à Lovecraft, cité en ouverture du récit. Difficile d'évoquer son histoire sans risquer de déflorer le charme de la découverte. Disons simplement qu'il est question ici d'une sombre malédiction, de morts inexplicables, de naufrages, d'une maison hantée, d'une clef, de peur, de folie et de vieilles horloges. Rien de neuf sous le soleil se plaindront certains… Andreas avoue lui-même que tout ayant déjà été raconté, ce qui importe, c'est le traitement. Et l'auteur d'appliquer ce précepte à l'ensemble de ses créations avec une rigueur, une alchimie fond/forme et une maîtrise du découpage qui forcent le respect. Avec Cromwell Stone, il propose une BD aux influences expressionnistes revendiquées, sur laquelle plane l'ombre de Bernie Wrighston et qui, par extension, s'inscrit dans la tradition du cinéma allemand des années 20 (Wiene, Murnau, Lang…) et des romans graphiques publiés à la même époque par des artistes comme Frans Masereel ou Lynd Ward, sans texte et composés à partir de gravures sur bois. Un joyau noir que le temps (bientôt 35 ans au compteur !) n'a pas entamé. . Et une B.O imparable quoique peu commune pour accompagner ceci au mieux: http://bobd.over-blog.com/2015/09/fear-my-oldest-friend-cromwell-stone-vs-caligari.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Stone ! Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous avez l'air essoufflé ! Asseyez-vous ! Reprenez vos forces, mon vieux ! Vous avez couru ?
- Oui... Je... Depuis trois jours, ils me poursuivent !
- Ils ?

Cromwell Stone
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