Alix - HS, tome 6 : La Voie d'Alix

Qui n'a jamais rêvé de s'enfoncer plus avant dans l'oeuvre passionnante de Jacques Martin ?
Avec "la voie d'Alix", Michel Robert, fort d'un privilège de voisin, nous offre un ouvrage à la fois intimiste et très complet, autant documenté qu'illustré et aussi proche de l'homme que de l'auteur.
Jacques Martin est un géant de la bande-dessinée.
Il a, avec Hergé, Edgar P. Jacobs, Bob de Moor et Vandersteen, été de "l'École de Bruxelles, de celle qui a fait "la ligne claire" et le style du journal de Tintin.
C'est dans de vieux numéros du journal des jeunes de 7 à 77 ans qu'encore enfant, j'ai fait connaissance avec Alix.
Tentant de déjouer un complot contre César, il y était aux prises avec des légions perdues, à la recherche de la légendaire épée de Brennus.
Il y faisait la connaissance de Porius, la terreur de l'Étrurie, en même temps que d'un loup sauvé d'un piège.
Depuis le charme n'a jamais cessé d'opérer ...
"La voie d'Alix" est un livre d'entretien.
Mais pas seulement.
Il est aussi un éclairage, un magnifique hommage.
C'est un bel album, témoignant d'un véritable soin de réalisation.
Il est divisé en trois parties :
La première, "l'oeuvre de Jacques Martin" évoque ses débuts, ses motivations et l'ensemble de ses différentes créations.
La seconde raconte son parcours, son entrée à Tintin en 1948, la création, vingt ans plus tard, de sa propre maison d'édition.
La troisième est une longue conversation où Jacques Martin livre quelques confidences et fait part de ses considérations sur la société ...
Vif d'esprit, moderne et doué d'une force étonnante de travail, l'homme se révèle aussi passionnant que l'auteur.
"La voie d'Alix" est un moment de lecture privilégié.
C'est aussi "plaisir" des yeux ...

Je trouve toujours passionnant de suivre les méandres de la création. Dans ce livre, on approche (on ne saurait jamais les saisir complètement) les processus qui ont donné naissance à la célébrissime série Alix mais aussi à d'autres moins connues (Lefranc, Jhen...)
Jacques Martin restera un monstre sacré de la bande dessinée auquel son homonymie avec un présentateur de télévision aura sans doute valu une ampleur de renommée inférieure à ses mérites.
Ce personnage exigeant qui a collaboré avec Hergé pour une part importante dans certains albums de Tintin, a fait le choix inverse de celui de son maître : il a tout organisé pour que ses personnages restent vivants après lui. S'effacer devant sa création est une belle qualité d'artiste : Jacques Martin est de cette trempe-là.