Face Cachée, tome 1

7h30, une foule compacte s'engouffre dans le métro de Tokyo. A son bord, Satoshi, un jeune homme, costume-cravate, se rend à son travail. Analyste financier dans une grande entreprise et ce, malgré des études de journalisme, son boulot l'accapare et le tient éloigné de sa famille pendant la semaine. Aussi passe-t-il la plupart de ses soirées au cyber-café, quand le patron n'organise pas des soirées karaoké alcoolisées, d'où il envoie des messages à sa femme et sa petite fille. Il leur parle beaucoup de son boulot, de son collègue Junichi qui le jalouse mais pas la jolie secrétaire Mayumi qui fait souvent appel à lui pour l'aider dans son travail. Amoureuse de lui, elle se confie à sa meilleure amie qui réprouve ses sentiments envers cet homme marié. Préoccupée par le divorce des ses parents, elle esquive ces soirées entre collègues...

Lorsque deux français s'attaquent au manga, cela donne une impressionnante reconstitution des us et coutumes du pays du soleil levant. Là aussi, tout est dans la contemplation, très peu dialogues parmi ces nombreuses planches muettes. L'on suit le quotidien de cet analyste financier entre boulot, soirées karaoké et nuits dans une sorte de bulle-hôtel. Mais, sa relation avec la secrétaire risque bien de ne pas rester secrète bien longtemps. Lui-même ne se dévoile que très peu dans cette société où les apparences priment. Malgré cela, les personnages sont attachants. le scénario est d'une grande subtilité et sensibilité, le dessin n'est pas en reste tant le coup de crayon d'Olivier Martin est à la fois poétique et aérien. Jouant sur des nuances de gris très pâle, l'on est bercé par ces aquarelles exquises.

Face cachée... côté pile...

Aussi simple que de reconnaître sa main droite de la gauche, sur la main droite , le pouce est à gauche ....
La face cachée c'est donc le coté sex appeal !

Dans les bureaux à Tokyo
Faces débridées, voire déridées
et Pile à l'heure, coté ponctualité
pour être honnêtes, furent trop polis
Prouesse encore de FuturOPOLIS.

Face cachée (t.1)
Sylvain Runberg, récit
Olivier Martin, dessin
manga
Futuropolis, 2010, 152p


C'est une histoire qui se passe au Japon, dans la capitale. Les dessins montrent la foule dense, le métro, les toutes petites chambres d'hôtel, les Love Hotels, le grand bouddha, 13,35m de Kamakura, où vivent la femme et la fille de Satoshi. On entre dans un bureau d'affaires financières où l'on entend frapper les claviers des ordinateurs. Trois personnages prennent du relief, mademoiselle Mayumi Watanabé, qui demande conseil au moindre souci, parce qu'elle en pince pour lui, à monsieur Satoshi Okada, bel homme, le premier de sa promo, que son patron estime, et Junichi, balourd et fayot, dont se moque Satoshi. Il y a le patron, monsieur Oka, un homme à la carrure imposante, tyrannique, qui oblige ses employés à sortir un jour par semaine avec lui . On pense à ce que raconte la narratrice de Stupeur et tremblements. Mayumi ne peut se rendre à l'une de ses soirées, elle va voir sa mère qui vient de divorcer et veut jouir de sa nouvelle liberté. Son père, qui semble violent, ne supporte pas que sa mère le quitte.
Il couche déjà avec Mayumi qui caresse les cicatrices qu'il a dans le dos et sur le ventre, ce qui ne plaît pas à ce dernier, et, alors qu'ils viennent de faire l'amour, le découvre en train de parler au portable à sa femme et à sa fille, alors qu'il a dit à celles-ci qu'il ne pouvait rentrer le week-end à cause de son travail. Elle s'en va.
Un jour de gueule de bois, Satushi perd ses papiers, et l'on découvre qu'il consulte un psychiatre. Son patron le met à l'épreuve : il doit chanter lors d'une soirée karaoké alors qu'il déteste chanter. Il est incapable de chanter. Son patron le ramène à son hôtel. Il pleut. Un dessin montre le patron en train de supplier Satoshi. Que lui a-t-il dit ?
Les relations sont alors distantes entre Satoshi qui prend du champ et Mayumi, à qui il dit qu'il rentre voir sa femme et sa fille. Or...
C'est une histoire qui tient en haleine. le titre fait qu'on se pose des questions : la face cachée de qui et pourquoi cachée ? le fayot a des blessures d'amour-propre, Mayumi veut avoir cet homme marié, ses parents sont animés par la colère, Satoshi trompe sa femme, quelles sont ses relations avec le patron ? le Japon paraît hostile, les gens ne sont pas chaleureux, l'ambiance au bureau est inquiétante. Les dessins en grisaille ajoutent à l'incertitude concernant la loyauté des personnages.

On se saurait cru dans un roman graphique de Taniguchi avec cependant en l'espèce un côté un peu plus osé. C'est étonnant de voir que les européens sont capables de transcrire totalement les codes du mangas. En tout cas, c'est intéressant comme approche. C'est un vrai manga français avec un trait semi-réaliste tout à fait élégant !

Le récit ne manque pas d'attrait mais on regrettera un grand nombre de pages où il ne se passe pas grand chose mais où les personnages sont décortiqués et connaissent alors une véritable épaisseur psychologique. le titre en révèle beaucoup trop également, ce n'est pas très subtil. Cette première partie s'achève sur une scène surprenante mais c'est amené de façon bien trop maladroite. Quelques petites imperfections par conséquent.

Famille en crise, hiérarchie et travail prenant : tout les ingrédients d'un drame psychologique. le second tome va clore cette histoire de manière brillante. le scénariste Sylvain Runberg avait tout mis en place. Cela sera le temps des révélations après les fausses pistes disséminées ici et là. C'est pas mal !

Banal...

C'est le mot qui me vient à l'esprit en terminant la lecture de ce premier tome. Nous suivies des personnages aux vies banales, qui font preuves de réactions banales, face à des situations banales...


Les graphismes ressembles à des croquis exécutés au crayon, sans couleur, ce qui rend le tout moins travaillé et quelque peu grossier.

L'intrigue peine à prendre, et j'avoue que même la fin ne m'a pas convaincue.

Reste à savoir si je tenterais de lire la seconde partie afin de connaitre le fin mot de l'histoire.

Bonne lecture à tous.