Un flop, une déception :
Carole MARTINEZ n'a plus d'inspiration, et elle nous l'écrit , et le répète…
le style de
Carole MARTINEZ sauve, par quelques envolées poétiques, sa trouvaille des roses vénéneuses. Pour le reste, le compte n'y est pas : le filon des coeurs cousus est réexploité mais l'inspiration n'est plus là. Quant à l'histoire sentimentale de chaque génération qui revit en boucle les malédictions des générations précédentes, cela sonne creux et faux : peu importerait que ce soit totalement invraisemblable si l'invraisemblance était sauvée par un lyrisme poétique. Or, nous retombons régulièrement et lourdement dans les familiarités de l'auteure et de la postière, les coups de téléphone du mari, le tout décrit dans un style trivial qui plombe tout ce que le récit pseudo-fantastique aurait pu apporter.
Elle reprend le génial thème des coeurs cousus qui l'ont fait connaître et apprécier à juste titre.
Les femmes espagnoles avaient une tradition de coudre un coeur en tissu et d'y mettre des papiers écrits recelant tous leurs secrets. Ces coeurs sont transmis à la fille aînée qui brode et remplit, à son tour, le sien : ainsi s'accumulent plusieurs générations de coeurs mystérieux puisque personne ne les ouvre.
Dans cette nouvelle histoire, l'auteure en mal d'écriture part en Bretagne, à TREBUAILLE, au vu d'une carte postale montrant une silhouette de femme qu'elle imagine boiter. Elle est en panne d'inspiration et loue une chambre chez une habitante pour plusieurs mois, laissant mari et enfants.
Elle va à la poste et découvre que ce lieu est le lieu où se retrouvent quotidiennement toutes les pipelettes du village. La postière, Lola CAM est taciturne et très austère. Mais miracle : sur un compliment sur la bonne odeur du pot au feu, la postière envoie une invitation par message écrit à notre romancière : première des nombreuses invraisemblances. Elles deviennent immédiatement amies et boivent comme des trous, se tutoyant jusqu'à pas d'heure. Après quelques calvas, la postière, Lola dévoile ses cinq coeurs cousus dont l'un, très usé s'ouvre opportunément : et voilà les deux copines qui lisent l'histoire de l'arrière grand-mère maternelle de Lola, Inès Dolorés, bien sûr. Cette Dolorés vit enfermée chez son père, sa mère étant morte. Elle rencontre sur la route un très beau garçon agonisant qui regrette de mourir sans avoir fait l'amour. Donc, elle se dévoue et le mourant a deux orgasmes, le 2ème après sa mort. L'enfant qui, bien sûr, naît est donc l'enfant d'un mort. C'est une fille aux yeux bleus comme le mort. Sa mère va s'empresser de trouver un mari et de faire croire au mari que l'enfant est de lui, mais les yeux bleus rendent la chose peu crédible.
GENERATION SUIVANTE : la fille du sculpteur qui n'a pas le droit de sortir de chez elle a des roses très très envahissantes. Elles attirent dans le jardin un gitan à cheval. La fille tombe enceinte et le gitan est tué sur la route. Cette Dolorès élit domicile dans la tombe du gitan, et par la suite tombe dans les bras de tous les hommes et fait des filles partout, mais … un monsieur riche et comme il faut recueille l'enfant abandonnée dans le cimetière et les enfants suivants.
Comme le coeur décousu contenait opportunément des graines de rosiers fauves, les deux amies les plantent et voilà que les roses se développent et envahissent tout, attirant le mâle pour sa plus grande perte, dans un éternel recommencement.
GENERATION DE LA POSTIERE : elle est boiteuse et donc son père ne l'aime pas. Pourtant grâce à l'alcool et à sa nouvelle amie, elle se libère, dénoue ses cheveux, sort nue dans son jardin, ce qui fait arriver un acteur américain de cinéma qui tombe follement amoureux de la postière devenue désirable, si, si ! … Mais bien sûr, il tombe se blesse, et la malédiction va opérer… Il vient dans le jardin envahi des roses fauves… Tout ce récit abracadabrant dont « plus belle la vie » ne voudrait pas, est entrecoupé par les plaintes de l'auteure en panne d'inspiration, qui nous explique que son couple se délite en son absence…
Contente d'avoir terminé ce roman car, visiblement, l'auteure a autant souffert pour trouver une trame narrative que moi pour finir le livre : cela me peine pour elle.