Je demeure dans une tour de Babel moderne, où les langues des occupants me rappellent des quatre coins du monde les endroits qu'il me reste encore à visiter.
Mon appartement ressemble à un bureau, tout propre et blanc et anonyme.
Je suis élégante, séduisante, en moyens, j'ai réussi ma vie.
La nuit je rêve que je me lève, cours vers la porte et l'ouvre... sur un mur de briques.
Finis les voyages en dehors du réel, au-delà du visible.
J'occupe entièrement la place qui m'est dévolue, comme la pièce petite, unique, nécessaire à l'achèvement d'un puzzle.
Je suis enfin arrivée au monde parce que je suis finie.
Dans «L'arrivée au monde», Carole Massé mêle prose et poésie.