AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782203396050
134 pages
Casterman (10/11/2003)
3.87/5   47 notes
Résumé :

Un soir, un clochard s'enfuit de la maison de repos où il a été placé pour passer l'hiver. Pieds nus, en pyjama sous la neige, il traverse la campagne glacée à cause d'une infirmière qui lui a servi une soupe froide. Pour lui, c'est pire qu'une insulte. La soupe froide est tout juste bonne pour les chiens, pas pour un être humain. Humilié, il préfère risquer sa vie que rentrer dans cet hospice si peu ... >Voir plus
Que lire après Soupe froideVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 47 notes
5
2 avis
4
9 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Roger est un SDF. Atteint d'un cancer, il est actuellement en maison de convalescence. Mais, ce soir, à cause d'une infirmière qui lui a servi une soupe froide, il s'est enfui. Une soupe froide ! Même les chiens, on leur porte plus d'attention ! Tout le monde s'en fout des clochards ! Vêtu d'un simple pyjama, ses pauvres pantoufles ayant vite rendu l'âme, le froid, la neige qui se met bientôt à tomber et le vent lui glacent le sang. Mais, il faut vite sortir de cette forêt. Ne surtout pas s'arrêter s'il ne veut pas mourir gelé. Alors qu'il tente de rejoindre la ville, il repense à cette infirmière, à sa femme qui a refait sa vie, à sa fille qu'il ne voit plus. Comment en est-il arrivé là ?

Inspiré d'un fait divers véridique, Charles Masson, médecin ORL, donne la parole à Roger, cet homme qui avant de devenir clochard, avait une vie somme toute presque normale. Et on l'écoute nous raconter ses souvenirs, parfois décousus, et sa descente aux enfers. L'on compatit évidemment et l'on se prend d'affection pour cet homme devant lutter contre le froid et la faim. Tout ça à cause d'une soupe servie froide... Même si le propos est louable, empli de justesse et jamais larmoyant, l'ensemble manque parfois de profondeur et cette voix-off est trop répétitive. le trait hachuré et brut manque de finesse mais sied, tout comme le noir et blanc, au tragique de cette histoire.

Tout ça à cause d'une Soupe froide !
Commenter  J’apprécie          460
Y a pas, on n'est pas des chiens! Faut pas charrier, on a sa dignité!

Il marche et vitupère, marche et tempête, grelotte et maugrée, souffre et peste, trébuche et râle… Les pieds nus dans la neige, il s'emporte dans le vent, jure dans le froid. Vêtu d'un pyjama, il fulmine encore, déblatère toujours. le crayon noir parle la colère et zèbre la page blanche, trop blanche, trop propre pour lui.
Il crèvera sur la route mais ils pourront toujours l'attendre dans ce putain de foyer. Il avance un peu plus sur le chemin qui doit le conduire à l'hôpital. le cancer lui bouffe la mâchoire mais il ne fera pas demi-tour. Il mangera les trente kilomètres à grands coups de dents furibardes. Mètre après mètre, il plante sa colère dans les arbres, le sol, les cieux et chaque souvenir.
Il ressasse cette soupe froide dégradante. SDF c'est un statut social, ni plus ni moins. Un SDF est toujours un homme. Et un homme avale sa soupe CHAUDE. Ses pieds sales et gelés collent au froid mais avancent toujours. Sa colère s'alimente à l'humiliation qui lui a troué les tripes et l'âme, à ce cancer qui vrille douloureusement, à sa vie passée, à son présent qui grelotte. Tous des cons ou pas loin. "Pauvre Juju. L'était mort d'hypothermie qu'ils disaient. J'avais été voir le registre. le médecin légiste a écrit « Mort naturelle ». Ca lui paraissait naturel de mourir de froid à c't' enculé."

Et pendant qu'il déchire la nuit, qu'il accroche sa harangue aux branches, qu'il frotte son honneur bafoué sur les cailloux hostiles, qu'il maudit l'infirmière au potage vexant, un médecin s'est fait dessinateur de bande dessinée. Son trait pas tout à fait abouti sert le propos rageur de celui qui traine son statut d'humain dans la campagne déserte. Parce qu'un jour, alors qu'il exerçait, un homme a quitté le service. Cet homme venait de Lyon. Il s'en souvient. Muni du statut de mascotte du Dr Masson, l'homme bénéficiait d'une hospitalisation hivernale. L'accord se rompit pour une soupe servie froide.

Cette bande dessinée, je l'ai rangée au chaud. C'était le moins que je pusse faire. Ainsi qu'honorer cet homme avec un imparfait du subjonctif.
Commenter  J’apprécie          160
J'ai découvert Charles Masson avec Droit du sol, un récit sur l'immigration à Mayotte, avec ses expats et l'exploitation des migrants. Avec Soupe froide, Charles Masson me persuade définitivement de son grand talent de conteur.

Le sujet est simple... un SDF déambule dans la nature, en ruminant ses récriminations au sujet d'une soupe froide qu'on lui a servie. Il fait froid. Il y a de la neige. Il est légèrement vêtu. Et peu à peu Charles Masson, au gré du soliloque du SDF, lève le voile sur ce SDF. Il est parti de la maison de repos et de soin où il avait été placé, et il se dirige vers l'hôpital où il était soigné pour un cancer en phase terminale. Il a été marié. Il a une fille. Mais il est maintenant seul, occupé à haïr le monde et celle qui lui a servi de la soupe froide. Moins qu'un chien... il n'a même pas eu droit à de la soupe chaude...

Sur 130 pages, Charles Masson va raconter la société, les systèmes sociaux, les soins de santé, l'isolement, l'individualisme... C'est dur, inexorable, sans issue, cynique aussi. le dessin brut accentue l'oppression que peut éprouver le lecteur.

Vous ai-je dit à quel point Charles Masson m'a saisi, secoué? M'a capté et captivé? Oui, mais je le redis. C'est brillant. Et plus que tout... c'est une histoire vraie. A lire, relire, offrir, répandre, donner.
Commenter  J’apprécie          140
J'ai découvert récemment Charles Masson à travers la lecture de Bonne Santé. j'avais apprécié le style si particulier de ce médecin qui met en dessins des situations qu'il a vécu ou que vivent ses patients. Les thèmes traités m'avaient touché et j'avais adhéré au graphisme proposé.

Soupe froide est l'histoire d'un SDF atteint d'un cancer des voies laryngées en phase terminale. le médecin n'a pas pu le garder dans son service à l'hôpital et l'a fait transférer dans un centre de convalescence pour qu'il puisse être pris en charge pour le gîte et le couvert.

Notre homme, âgé d'une cinquantaine d'année, s'est enfui de la maison de repos en plein hiver. La raison est que l'infirmière lui servi une soupe froide. Pour lui s'est intolérable, car c'est ce que l'on sert à un chien pas à un être humain. Alors il décide de partir, dans la nuit, en pyjama, sans autre vêtement pour se protéger du froid.

Peu à peu, nous allons découvrir la vie passée de cet homme. Cela fait une dizaine d'années qu'il est dans la rue mais avant il avait une vie normale, avec un travail, une femme, une fille. Il n'a pas su conserver ce qui faisait son quotidien. Peu à peu, il a plongé dans la boisson, s'enfonçant de plus en plus dans cette dépendance et se soupant de plus en plus de ses proches.

Notre homme était de moins en moins présent chez lui, préférant flâner et errer au bistrot .. Sa femme finira par se lasser et demandera le divorce. Sa fille se détachera de lui et s'attachera au nouveau compagnon de sa mère, au grand dam de notre homme.

Charles Masson part d'une histoire vraie : un SDT, atteint d'un cancer qui revient mourir dans son service après avoir marché plus de trente kilomètres dans le froid et la neige car une infirmière lui servi une soupe froide. Charles Masson va essayer de comprendre et va rendre hommage à cet homme en imaginant ce qu'il a pu penser, ce qui a été sa vie et ce qui a motivé sa longue marche.

Charles Masson met son talent pour rendre une vie, une histoire à celui fait partie des personnes devenues sans nom. Mais on ne naît pas SDF, on le devient. Il y a eu une vie avant pour eux mais souvent il n'y en aura plus après.

Le médecin dessinateur rend un hommage à ceux à côté de qui nous pouvons passer sans les voir ou sans vouloir les voir. Il s'intéresse à ces fractures parfois fatales et à travers ses traits, il cherche à rendre une dignité aux SDF mais aussi à comprendre ce qui peut les animer, ce à quoi ils se raccrochent pour ne pas sombrer encore plus. Charles Masson donne de la compassion sans pratiquer de voyeurisme.

Charles Masson nous propose une oeuvre sur un sujet très actuel malheureusement. Parler des SDF comme il le fait, leur rend une dignité d'homme.

À lire avec le coeur et pour regarder ses âmes errantes différemment la prochaine fois dans la rue.



Commenter  J’apprécie          80
L'homme est un SDF en phase terminale d'un cancer des voies laryngées. le service d'urgence l'a envoyé dans une maison de convalescence pour qu'il finisse ses jours à l'abri. Pourtant, il s'enfuit le soir même et revient, à pied et sous la neige, échouer à l'hôpital. Trop mal en point, il ne survit pas à la nuit.
Charles Masson est médecin ORL et pourtant il montre une maîtrise de la BD noir et blanc dont il n'a pas à rougir devant les professionnels. Agrégeant plusieurs histoires vécues dont il témoigne, il décide de donner la parole, supposée, hypothétique, à un homme que personne n'écoute plus et pour lequel une énième exclusion a été celle de trop. Il parvient à exprimer totalement ce que l'expression " être au bout du rouleau " peut signifier. le regard est critique, y compris sur le chirurgien urgentiste qui n'est pas rendu de façon très sympathique. le texte et le montage sont sobres mais percutants. L'homme cesse d'être un anonyme pour redevenir quelqu'un grâce à ce récit intimiste.
L'album m'apparaît comme la traduction graphique d'un dialogue de sourds, des vies qui se croisent mais sur des plans différents. Tout part d'un malentendu : parce que l'infirmière lui a servi sa soupe froide (on comprend dans l'épilogue que le micro-ondes est en panne), il décide de quitter le service d'accueil. Il n'a rien anticipé, il erre dans la forêt, mal vêtu, en pantoufles et en pyjama, il fait froid et il a faim, il est à bout physiquement. Il bougonne et on comprend peu à peu son schéma mental, le chemin de sa déchéance sociale mais son sursaut de fierté pour garder sa dignité d'être humain. Au cours de son escapade, il croise plusieurs fois des secours qui pourraient lui venir en aide, mais avec un poil trop d'écart pour que la rencontre ait lieu.
Soupe froide est paru chez Casterman dans la belle collection souple écritures.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
( à Dieu) :

- Non, je ne mourrai pas de froid ici.
JE T'EMMERDE !
J'ai encore des trucs à faire.
Et puis les toubibs, ils vont me retaper et ils vont t'enculer.
Dieu je t'emmerde.
J'en veux pas de ton éternité.
Commenter  J’apprécie          160
« En 2000, je suivais un autre patient que j’aimais beaucoup. On établit des liens privilégiés avec certains malades et ce patient était un peu ma mascotte. C’était un clochard de Lyon : il venait toutes les semaines à ma consultation et je le faisais hospitaliser dès que les grands froids arrivaient. Un soir, au début du printemps, il a voulu quitter le service avec toutes ses affaires et nous ne sommes pas parvenus à le convaincre de rester. Il avait été vexé : une infirmière lui avait servi une soupe froide. Pour lui, m’a-t-il expliqué, c’était une insulte : c’est aux chiens que l’on sert la soupe froide. »
Charles Masson
Commenter  J’apprécie          00
Pauvre Juju. L’était mort d’hypothermie qu’ils disaient. J’avais été voir le registre. Le médecin légiste a écrit « Mort naturelle ». Ca lui paraissait naturel de mourir de froid à c’t’ enculé.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai été voir le registre. Le médecin légiste a écrit "mort naturelle ".Ça lui paraissait naturel de mourir de froid à c't'enculé.
Commenter  J’apprécie          30
Me servir une assiette de soupe froide. Elle ne se rend pas compte que ça ne se fait pas à un clochard. Connasse d’infirmière. Quand on est clochard, le seul plaisir d’une soirée, c’est souvent seulement une assiette de soupe chaude.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Charles Masson (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Masson
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
+ Lire la suite
autres livres classés : sdfVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (81) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5236 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}