Critique [attention spoilers majeurs]
Martin, le fils d'un critique gastronomique est enlevé par une secte anthropophage ; pour le récupérer Charlie devra se soumettre aux rituels barbares exigés par son intronisation. Autant entrer directement dans le vif du sujet : voici un résumé prometteur et malheureusement, un poil mensonger.
L'intrigue tient en deux parties. La première nous permet de présenter les personnages et notamment, de découvrir la secte des Célestins. Je l'ai trouvée longue, parfois peu crédible, et elle m'a surprise. En effet, comme mentionné plus haut, on ne retrouve pas les éléments du résumé. Par exemple, 1) le fil ne se fait pas enlever, il rejoint la secte de plein gré et refuse de la quitter. 2) Charlie n'essaye pas d'intégrer la secte (pas avant 300 pages, du moins) et les rituels insoutenables auxquels il doit se plier ? Il n'y en a qu'un, puisque papa se fait démasquer dès la première épreuve. J'ai donc été un peu déstabilisée, ce n'était pas la lecture palpitante à laquelle je m'attendais.
La deuxième partie suit Charlie et Robyn (journaliste et alliée) qui cherchent à soustraire Martin de la secte – et oh, voilà une partie beaucoup plus intéressante, de mon point de vue, car ponctuée d'actions, de rebondissements et de scènes horrifiques fort sympathiques (ex : l'accident de voiture ou le chien en feu). Si je comptais mes pages au début du livre, elles ont finalement défilé bien vite pendant cette deuxième moitié. Je voulais des réponses et savoir comment tout cela allait se finir. Récupéreraient-ils Martin ? La secte resterait-elle intouchable, jusqu'au bout ? Allait-elle répondre de ses crimes ou continuer son carnage ? Comment s'y prenaient-ils pour rendre les disciples si obéissants et prompts à s'auto-dévorer ? L'histoire prendrait-elle un tournant fantastique ou resterait-elle douloureusement réaliste ?
Eh bien, mon excitation est rapidement retombée. La fin nous présente un deus ex-machina, intervention divine qui résout tout problème. Une fin, à mon goût, facile, un poil ridicule (l'aura lumineuse ? La voix de Jésus-Christ et son dialogue avec Charlie ? Non merci.), même si j'ai un peu plus accroché à la deuxième
apparition (comment résister au charme vaudou, hein?). de plus, zéro explication du fonctionnement intérieur de la secte, à part « on réussit à convaincre des fugueurs de se manger les pieds dès le premier jour et absolument tout le monde est au courant mais personne ne dit rien parce que... attention... c'est une conspiration mondiale TADAM ». J'aurais aimé comprendre pourquoi Martin a choisi les Célestins, pourquoi il était prêt à se dévorer. Au début présenté comme un adolescent révolté mais sympathique, il ressemble à une coquille vide, à un drogué en plein trip tout le reste du livre. Bien sûr, on peut se dire « eh, abandonné par son papa, il a décidé de se trouver un but dans la vie et ce sera la religion », mais pourquoi maintenant ? Qu'a pu lui dire le 'nain' pour le convaincre ? Se manger est extrême, même pour quelqu'un de désespéré. Même si on te dit que ça va te rendre spécial aux yeux de tous, je dis NON. Sans compter que, dès qu'il sort de l'église à la fin, il redevient le fils aimant – il n'a pas de regrets, ne cherche pas à expliquer ses choix. Il reste vide, ce qui est vraiment dommage.
Un autre point faible : je n'ai pas toujours accroché aux personnages, car incapable de m'attacher à eux (comment rester attaché à un personnage comme celui de Martin, qui est ballotté de main en main sans que jamais il ne réagisse ?). Si, j'aimais bien Bob et Eric. J'avais également envie d'apprécier Robyn, mais à plusieurs occasions, elle m'a donné l'impression de n'exister que pour contenter et suivre Charlie. Dommage (again).
Pour conclure, c'était une lecture mitigée. Une bonne deuxième partie, coupée dans son élan par une fin religieuse qui ne m'a pas convaincue. Je ne parle même pas de l'épilogue où notre méchant préféré (lui aussi, loinnn des croyances revendiquées par les Célestins, au final) refait une
apparition miraculeuse de film d'horreur – grande fan du genre, j'ai toujours trouvé que ces fins, cherchant à provoquer une peur facile, faisaient retomber la tension apportée durant le reste de l'histoire. de plus, les lecteurs et spectateurs de ce genre sont habitués à ces fins, il n'y a plus de surprise, ni d'impact.
Le procédé fonctionne encore moins bien avec
Rituel de Chair : le nain était mort, ils l'ont tous vu flotter pendant dix bonnes minutes ET Charlie, béni par le fils de Dieu, retombe dans la violence (qu'elle soit méritée ou non), alors que... bon, c'est déjà fini, coco, t'as pas remarqué ? Ils sont tous en train de brûler. Well. Tant pis. Un peu dur de ma part, mais pour moi, la conclusion de ce « grand classique de l'horreur » a été bâclée. Ce qui est frustrant, parce que la plume de l'auteur est un délice à lire et que l'idée de base était excellente. Je retenterai tout de même un
Masterton – affaire à suivre !