La Haine ordinaire : Des vies percutées par le racisme

La haine ordinaire, c'est vraiment ce que raconte ces témoignages, rassemblés par Médiapart. Treize récits où les ou la victime sont des "étrangers" . Noirs, "Arabes", Sans-papiers, musulmans, asiatiques, juifs, roms... tous sont la cible de personnes qui n'ont que la haine comme argument.
Chacun a sa vision, son explication pour ceux qui hurlent avec les loups... mais les histoires sordides s'enchaînent et on est en 2022 pas au siècle dernier. Et comme les racistes sont décomplexés, "grâce" aux réseaux sociaux en général et à l'audience de Zemmour et sa clique écoeurante les événement prennent une ampleur inquiétante. Les matraquages de l'extrême droite portent une parole que beaucoup ne demandent qu'à croire.
Quant aux victimes elles se racontent et Médiapart complète en s'appuyant sur des analyses et des entretiens de nombreuses personnalités. Historiens, spécialistes, intellectuels... Pour ouvrir un débat nécessaire mais qui semble perdu d'avance.
Témoignages utiles et poignants on se dit qu'il y a encore du chemin à faire. Ne serait-ce qu'en lisant les commentaires haineux sur le net. Avec ces vies broyées par le racisme on découvre un pire que l'on n'imaginait pas et de quels façons des évènements brisent des vies.
A lire pour nourrir le débat et prendre conscience - si besoin - que le pire est à venir avec cet extrême droite qui se sent pousser des ailes avec leur 88 députés rances.

merci à babelio et au Seuil pour cet envoi masse critique. Collection " enquête de sens" Un joli nom.

Pour le coup, on aurait préféré qu'il s'agisse d'une oeuvre fictionnelle …

J'ai aimé lire cet ouvrage documentaire qui rapporte des faits de société qu'on pourrait qualifier de faits divers. Sauf qu'en fait, ici c'est la diversité qui se trouve menacée.

Le racisme ne date pas d'hier. En revanche l'antiracisme tend à s'essouffler et alors que les logiques suprémacistes appartenaient hier à des groupes et même plutôt des groupuscules d'extrême-droite, c'est aujourd'hui la classe politique française dans son ensemble, pour ne pas dire sa totalité, qui s'empare de cette énergie destructrice et donne une direction morale voire mentale aux citoyens qu'elle gouverne.

Il en ressort un discours et des actes qui montrent à quel point cette façon de penser est devenue presque consensuelle.

Chacune des dix histoires de ce livre est écrite par un journaliste qui a cherché à rencontrer les différents protagonistes: victimes, témoins et agresseurs. Ce qui m'a marqué et ce que je vérifie au quotidien (ma famille étant presque une caricature de ce qui peut se faire de mieux (ou de pire aux yeux de certains) pour ce qui est de contenir des minorités mises à l'index), c'est que la même litanie revient comme une réponse évidente : « Ce n'était pas méchant, juste pour plaisanter. »

Non. Je tiens à le redire avec force : le racisme c'est méchant et ce n'est pas drôle du tout ! Et que les choses soient claires : on ne peut pas être raciste à bon droit !

Ceci n'est pas une opinion politique. C'est une évidence.

Évidemment, La haine ordinaire n'est probablement pas de nature à faire bouger les lignes.

Les coeurs sont à réformer, bien plus que les institutions, et les gens qui liront ce livre auront déjà une sensibilité particulière, ainsi que ceux qui le critiqueront sans doute.

Ceci dit, il est bon d'être informé et j'ai beaucoup apprécié que chaque fait soit suivi d'une analyse autour de la problématique particulière qu'il fait ressortir (antisémitisme, islamophobie, antitsiganisme, suprémacisme blanc, etc.).

Bien que le fait de posséder un bagage universitaire ne suffise pas à bénéficier d'une intelligence supérieure, j'avoue être plus prompt à écouter les explications d'une chercheuse du CNRS qu'à lire des commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

Chacun ses sources.
Lien : http://cequejendis.fr/2023/0..

Ce livre m'a immédiatement attiré lors de sa parution pour deux raisons : la première à cause d'un débat autour d'une table avec des amis sur le racisme ordinaire et systémique français (qui selon mon interlocutrice n'existe pas) qui m'a donné envie de renforcer mon arsenal argumentaire et d'exemple. La seconde parce que c'est tout simplement un travail de médiapart et que je trouve qu'en terme de journalisme (et donc de professionnalisme) on fait difficilement mieux aujourd'hui en France.
J'ai eu la chance de l'obtenir via une masse crique donc merci beaucoup à Babelio et à la maison d'édition.
Je n'ai évidemment pas été déçue du travail mené bien que régulièrement éprouvée par la tristesse voire l'horreur que représentent ces témoignages. Face à la montée des extrêmes en France il est plus que nécessaire que ce genre de travaux soient faits et publiés pour démontrer une vérité que beaucoup de Français préféreraient voir rester sous le tapis à savoir que nous vivons dans un pays profondément raciste bien loin de l'idéal des droits de "l'homme"que nous nous en faisons (c'est pas un scoop pour moi mais bon) c'est une alerte, un travail à partager et à offrir, une mise en garde face à l'avenir qui nous attend si nous nous obstinons à sombrer dans la haine.