J'ai découvert
Patricia Tourancheau avec
le grêlé, cette incroyable histoire de gendarme serial killer qui m'avait tenue en haleine au fil de ses pages, ce d'autant plus qu'une partie du récit se déroule dans le quartier voire en face de l'immeuble où j'ai vécu 18 ans. Ce nouvel opus m'a donc immédiatement sauté aux yeux lors de la dernière masse critique, et j'étais heureuse qu'il me soit attribué. J'en remercie d'ailleurs Babelio et Seuil.
Je veux préciser que ce n'est pas un roman, mais un récit de l'aventure ubuesque de ces demi-sels de la cambriole qui, au guidon de leurs vélos, ont entrepris de dévaliser Kim Kardashian, la Barbie refaite qui s'étale sur les réseaux, lors d'un de ses passages à Paris. L'aventure m'avait fait rire à l'époque. Je ris moins après avoir lu ce livre. Car, si je n'ai toujours aucune compassion pour cette bimbo siliconée et ce qu'elle représente, je n'en ai plus aucune pour ces caves qui ont voulu améliorer leur retraite de bons à rien. Pourquoi ? Eh bien parce que la seule vraie victime de cette foirade est la seule personne digne du récit, la seule qui fasse preuve de valeurs comme le travail, l'intégrité, l'honnêteté et le courage, la seule aussi qui a tout perdu à la suite de cette histoire. Et la seule qui est aux antipodes de ce monde débectant de paillettes, de faux-semblants, de faux sentiments, et d'argent facile. Je veux parler du veilleur de nuit de l'hôtel, Abderrahmane Ouatiki, chassé du territoire français après y avoir vécu, travaillé et étudié durant 13 ans. Et sans espoir de retour pour y concrétiser les rêves qu'il y avait conçu à force de persévérance et de travail.
Et rien que pour ça, s'ils sont toujours en vie lors de leur procès prévu pour fin 2024, j'espère que ces papys braqueurs –et surtout ceux qui ont su tirer profit de leur méfait via les livres qu'ils ont commis- vont prendre cher, très cher.
Pour en revenir à ma lecture, j'ai, une nouvelle fois, beaucoup aimé la plume de
Patricia Tourancheau, la façon dont elle déroule l'histoire. Son style est fluide, prenant. J'ai eu quelques réserves, dans les débuts, sur l'emploi un peu excessif de termes argotiques renvoyant au lexique en fin d'ouvrage. La plupart sont passées dans le langage courant et ne nécessitait pas, selon moi, de renvoi particulier vers un glossaire pour les lecteurs de noir, d'autant moins que, souvent, leur signification en bon français entre tirets ou virgules suit immédiatement le mot concerné. Quant aux néophytes dans le genre, qui ne les connaitraient pas, je crains que ces allers-retours incessants ne les lassent. Ces mots d'argot se font plus rares à mesure que l'histoire se déroule, ils s'y intègrent mieux, ma réserve a quelque peu fondu, du coup.
Peut-être est-ce pour être plus accrocheuse ou percutante que ce parti pris a été utilisé par l'autrice ? Ou pour mieux faire sentir ce milieu quasi révolu auxquels appartiennent ses personnages ?
Patricia Tourancheau n'en a nul besoin. Elle a un vrai talent d'écrivain, elle sait nous embarquer passionnément dans ses récits avec sa plume simple, agréable, et documentée.
En conclusion, c'est une lecture que je recommande à tous, que vous soyez amateurs de faits divers, d'histoires policières ou non. Et qui vous permettra d'appréhender totalement et en connaissance de cause le procès dont on parlera sans doute en son temps. Paraitrait d'ailleurs que la Kardachiante s'impatiente….