Par principe, j’adore toutes les femmes en général et n’en aime aucune en particulier. Et comme le célibat a trop de charmes pour que je le sacrifie à une houri quelconque, fût-elle, chose impossible, plus jolie que vous-même, je me garde bien de flirter sérieusement avec une vraie jeune fille.
Cette enfant riche, prenant sur son sommeil pour habiller un petit miséreux, n’était plus l’Yvette moqueuse et espiègle que j’avais coutume de voir. Sous son enveloppe légère, elle m’apparaissait soudain transformée, grandie, embellie. Ce n’était plus une enfant que j’avais devant moi : non. C’était une femme avec un cœur capable de comprendre et de soulager le malheur… un cœur susceptible de dévouement !
Une femme, un intérieur, des enfants, tous les poètes ont chanté cela ! En pratique, c’est généralement moins agréable. La femme n’est pas toujours aimable, les enfants sont grognons et l’intérieur, par suite, est un véritable enfer.
Elle est coquette instinctivement. Qui donc saura jamais ce qu’elle pense ?… Est-ce déjà une femme ou une enfant ?… Elle est irritante avec ses changements de décors presque instantanés ! Moi qui croyais être obligé de régler ses écarts d’imagination, je m’aperçois que je suis attristé de son indifférence !…
A quoi bon chercher le fond ? Contentons-nous de l’enveloppe qui est charmante !… Tant de gens ne regardent que la surface ! Pourquoi vouloir trouver autre chose ?