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Brian McDonald (Autre)Grégoire Ladrange (Traducteur)
EAN : 9791096997121
320 pages
Omblage Editions (07/10/2020)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Nommées d'après le quartier "Elephant and Castle" où elles opéraient, les Quarante Eléphants furent uniques dans l'histoire du crime britannique : la seule organisation criminelle constituée uniquement de femmes. Dans le Londres du début du 20e siècle, elles arrivaient dans les grands magasins, élégamment vêtues, en taxi ou en limousine, et repartaient alourdies de butin dissimulé dans leurs vêtements. Fondées par la "reine des voleuses", la modèle de peintre Mary C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Historien spécialiste de la pègre londonienne du début du XXe siècle, Brian McDonald a vu sa famille impliquée, par le biais d'une de ses tantes, dans le gang des Quarante Éléphants, dont il connaît par conséquent très bien l'histoire étonnante.

Au XIXe siècle, à Londres, la rive nord de la Tamise abritait, en dehors des grandes demeures et des vastes parcs, les banques et les grands magasins de luxe. Une tentation pour ceux de la rive sud, populaire et réservée aux plus pauvres, surtout pour les voleurs, les faussaires et autres receleurs habitant autour d'un carrefour appelé Éléphant & Castle, du nom d'un ancien relais de poste. Des voyous organisés en gangs qui au fil du temps firent des émules parmi les jeunes femmes de leur entourage, désireuses de s'affranchir de l'autorité masculine et profiter des biens inaccessibles du fait de leur condition de pauvres, qui se sont à leur tour regroupées pour voler à l'étalage.

N'ayant peur de rien, habillées en clientes bourgeoises, ces voleuses entassaient à l'intérieur de grandes jupes longues à la mode toutes sortes de biens de valeur, tels des manteaux de fourrure ou des bijoux. Après quoi leur fuite était souvent assurée par leurs voitures rapides. Ces femmes, difficiles à intercepter et, même si elles étaient arrêtées, protégées par leur statut de femme présentant bien qui les mettait à l'abri de peines lourdes, avaient à leur tête une Reine, en charge notamment d'organiser les vols et de repartir leurs butins. Impitoyable, intelligente et organisée, Alice Diamond, pendant de nombreuses années Reine des Quarante Éléphants, fut certainement la plus parfaite incarnation de ce personnage central des gangs féminins.

Mais si la police a manqué de moyens au début pour faire baisser la criminalité des gangs londoniens, peu à peu elle s'est organisée et équipée de moyens modernes. de leur côté les magasins ont engagé des détectives privés (qui toutefois faisaient très attention de ne pas accuser des clientes à tort) destinés à la surveillance des rayons. Pour les voleuses cela a signifié que la ville était devenue malsaine et qu'il fallait se rabattre par intermittence sur les villes de province.

Écrit à partir d'archives officielles et de témoignages personnels un document porté par des anecdotes vivantes et des personnages forts, sur un Londres excessif et criminel peu connu.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Aux 19ème et 20ème siècles, des gangs de rue ont particulièrement pullulé à Londres, conséquence de la misère "à la Dickens" dans certains quartiers.
Les femmes autour de ces gangsters, voleurs et receleurs, ont été entrainées sur la même voie, notamment avec les tentations étalées dans les nouveaux grands magasins. Elles pouvaient être très habiles pour soustraire les objets convoités, elles mirent au point de nombreux stratagèmes.

"Les observateurs du crime de l'époque racontent que les Quarante faisaient des raids sur quatre ou cinq magasins en un jour, se chargeant de fourrures, de bijoux et autres accessoires de mode coûteux, qu'elles enfonçaient dans des poches profondes, dans des manchons, dans leurs sous-vêtements, sous leur chapeau, ou qu'elles pendaient aux crochets d'une ceinture en filet sous leur robe. Tous disent qu'elles s'élargissaient beaucoup avant de déposer leur butin et de recommencer dans un nouveau magasin." P 152

Le gang des quarante voleuses fut le premier à s'organiser à grande échelle, bientôt appelé "les quarante éléphants" en référence à "Elephant & Castle", le quartier d'origine de la majorité des filles, mais aussi clin d'oeil aux volumes qu'elles pouvaient avoir pris à la sortie des magasins.
Alice Diamond en fût la reine à dix-huit ans, elle mesurait un mètre soixante-quinze quand la moyenne des hommes de l'époque s'établissait à un mètre soixante-cinq. Forte et intelligente, elle mit au point le "code des voleuses", liste des attentes et obligations attendues des membres du gang. Les butins étaient répartis en parts égales avec un fond commun réservé pour payer les cautions ou les avocats de celles qui étaient arrêtées.

Malgré de nombreux séjours en prison, ces femmes avaient trouvé un moyen d'être indépendantes… elles furent quelques unes à s'intégrer aux mouvements des suffragettes.

"Ces nouvelles libertés s'accompagnèrent d'une volonté de changement, Les filles qui avaient vu leur mère battue par leur père décidaient de ne pas souffrir ainsi. En grandissant, beaucoup apprirent à se battre, pas seulement pour défendre leur honneur et éviter une grossesse, mais aussi pour tenir tête à des hommes violents. Elles se battaient aussi contre les policiers et contre les vendeurs quand c'était nécessaire. […] le butin des expéditions de vol à l'étalage amena de meilleurs vêtements, et les femmes s'habituèrent bientôt à un style de vie qu'elles n'abandonneraient pas sans se battre. Certaines, qu'on avait envoyées en "écoles industrielles" pour les redresser, étaient résolues à ne pas y retourner et se battraient bec et ongles pour rester libre. " p 60

Le début de ma lecture fut laborieuse, pas fluide du tout car trop souvent interrompue par de nombreux détails pour une grande quantité de nouveaux personnages (plus de 700 en index qui peuvent être mentionnés plusieurs fois).
J'ai bien fait de ne pas abandonner ma lecture, car, dès que la narration oublie un peu de nous submerger de données, l'histoire de ces organisations criminelles et ses anecdotes deviennent vraiment intéressantes. Entre le sordide et le glamour, ce fut une agréable découverte.
Finalement, un sincère merci à Babelio et aux éditons Omblage pour l'envoi de ce livre.
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Si j'ai été un peu surprise au début de lire une étude historique sur le gang des Quarante Éléphants et non pas, comme je le croyais, un roman sur l'histoire de ces femmes célèbres pour avoir dévalisé Londres, je fus vite conquise par cette découverte. J'avoue avoir navigué dans le livre grâce aux chapitres, pour trouver la fameuse Alice (chapitre 7).
En effet, l'histoire commence en 1585 avec Mary Frith, la pionnière, dont le pseudonyme fut Moll Cutpurse, soit Moll Coupe-bourse. Tout un programme ! Elle fut suivie par de nombreuses autres femmes, qui connurent parfois une fin désolante, pendues haut et court. En 1896 Mary Carr est la première Reine du gang des Quarante Voleuses.
Ces femmes vivaient dans les bas-fonds londoniens une existence extrêmement difficile. Toutes ne furent pas voleuses, mais celles qui le furent étaient celles dont les caractéristiques personnelles – dynamisme, vitalité, intelligence, esprit de rébellion – correspondaient peu à l'image que la société dans son ensemble voulait avoir des femmes. Ces voleuses vivaient comme des garçons manqués et d'une certaine façon revendiquaient l'autonomie féminine et refusaient une vie misérable. D'ailleurs, on trouve dans leurs rangs des suffragettes, telle Annie Burnup.
J'ai eu un coup de coeur pour la divine Lilian Rose Goldstein qui sema la terreur dans les années 1920. Excellente conductrice – remettons l'information dans le contexte machiste de l'époque – elle se servait de sa voiture comme d'un bélier pour éventrer les vitrines des boutiques que des complices hommes dévalisaient. Ces femmes étaient issues de dynasties criminelles et le gang féminin des Quarante Éléphants travaillait en famille, associé à d'autres gangs masculins comme l'Éléphant Gang ou le Gang Girdle.
J'eus enfin la surprise de comprendre que cette activité fut opérationnelle jusque dans les années 1960 où Shirley Pitts était Reine.
J'ai noté encore un détail délicieux : Brian Mc Donald, dont la tante Ada Johnston fit partie du Gang des Quarante Éléphants, appartenait dans les années 1950 à un groupe de jeunes nommé les Éléphants Boys. Tous ces noms viennent du quartier Éléphant & Castle, longtemps resté dans une pauvreté endémique. A cette époque, l'auteur, futur historien, ignorait qu'Alice Diamond vivait encore dans les parages.
Le récit est tellement foisonnant en portraits hauts en couleurs, il illustre de façon si précise les époques où vécurent ces femmes, qu'il ne peut y avoir qu'un conseil à donner : lisez-le. Une table des matières très précise sera votre guide et en prime, vous aurez une liste nominative des personnages et de leurs faits, et quelques magnifiques photos-portraits.
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J'avoue être un peu déçu par ce livre de Brian McDonald, présenté comme un "historien du crime britannique". Je suis intéressé par cette période et le sujet était alléchant, mais je suis resté sur ma faim. L'auteur connaît son sujet, je n'en doute pas, il le prouve souvent. En revanche, il me semble qu'il n'a pas su, avec tous les éléments en sa possession, construire un récit à la mesure du sujet. Ce dernier méritait un traitement moins académique, certes non pas romanesque mais davantage "picaresque". Cependant, beaucoup d'éclairages et d'informations que je suis ravi de connaître. Ouvrage des Editions Omblage, reçu dans le cadre de la Masse Critique.
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Une histoire bien étonnante que celle de cette organisation unique que l'on prend plaisir à découvrir. le sujet est bien maîtrisé par l'auteur qui nous guide d'abord dans les méandres de Londres au début du XXe siècle et surtout dans ceux des esprits de ces criminelles. Une étude historique de qualité.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le vol à l'étalage est aussi vieux que les magasins, mais il ne devint un fléau social qu'à la création des grands magasins généralistes. Quand des grands magasins ouvrirent dans le centre des villes dans les années 1910, ils attirèrent des foules immenses - et ils devinrent irrésistibles pour les voleurs organisés. Auparavant, les biens étaient stockés derrière le comptoir, sur des étagères et dans des armoires, et ils étaient sortis pour être examinés et achetés. L'innovation consistant à présenter les produits sur des étalages était un changement bienvenu, et les clients appréciaient de pouvoir les examiner à leur guise. C'était plus rapide et plus facile : les clients aimaient la nouveautés et flâner dans les rayons.
C'était aussi une aubaine pour les filles de familles pauvres. Si elles ne pouvaient pas acheter quelque chose, la solution était simple : elles le volaient. Les magasins mettaient des objets de valeur dans des présentoirs ouverts tentants, laissaient les clients les soulever et les regarder, et ils étaient ensuite surpris quand les gens partaient simplement avec.
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Les hommes encourageaient leurs sœurs, compagnes et femmes à les rejoindre pour se « mettre au travail », et l’appartenance aux gangs devint une véritable affaire de famille. Les femmes, tout comme les hommes, complétaient leurs gangs avec leurs familles proches — il y avait moins de risque qu’un parent les dénonce.
Ces nouvelles libertés s’accompagnèrent d’une volonté de changement. Les filles qui avaient vu leur mère battue par leur père décidaient de ne pas souffrir ainsi. En grandissant, beaucoup apprirent à se battre, pas seulement pour défendre leur honneur et éviter une grossesse, mais aussi pour tenir tête à des hommes violents.
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L’histoire des Quarante Voleuses, plus tard connues sous le nom de Quarante Éléphants, ne peut être racontée sans donner une idée de leurs équivalents masculins. Le gang d’Elephant & Castle était un réseau de gangsters, de voleurs et de receleurs qui opéraient au sud de la Tamise. Beaucoup d’entre eux étaient les pères, compagnons, époux ou complices des « Quarante », et eurent une grande influence sur elles. Leurs tentacules s’étendaient à l’est, au nord et à l’ouest de Londres ... Le gang commença dans les années 1780 comme bande de voleurs de grand chemin qui se réunissaient dans la taverne d’Elephant & Castle, un relais de poste ...
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Alice Diamond fut une intrigante ingénieuse du sud de Londres qui voulait vivre aussi bien que ses congénères du West End. En épluchant les archives, j’ai trouvé un assortiment des femmes qui l’ont précédée ou suivie, ou furent ses complices, qui ont toutes osé défier la société et refuser de se soumettre aux hommes et à l’ordre établi.
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Vers 1890 ... [à Londres] Le crime était endémique. De mauvais logements, un chômage élevé, une alimentation pauvre, des vêtements usés, des loyers élevés et une intolérance sociale menaient beaucoup sur un chemin qu’ils n’auraient pas autrement choisi.
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