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sur 1030 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ma série de chronique continue avec Sur la plage de Chesil de Ian McEwan. Après l'inavouable ou l'inacceptable de mes précédentes chroniques, Les corps conjugaux de Sophie de Baere et Les inséparables de Julie Cohen, on explore ici les non-dits.

En résumé
Nous sommes en 1962 en Grande-Bretagne. Ils viennent de se marier, commence leur nuit de noces…

Ce que j'en pense
A la lecture de ce livre j'ai été prise entre deux sentiments, l'envie de rire et l'envie de bousculer les deux protagonistes.

Un jeune couple vient de se marier, nous les retrouvons dans leur chambre d'hôtel. Il y a le « protocole » du repas, la gène, l'impatience de l'un, l'appréhension de l'autre. Tout en se parlant à peine. On ressent leur fébrilité, leur anxiété, à l'approche de ce qui devrait logiquement arriver, de l'inévitable sensé changer le statut de ces deux jeunes gens encore vierges. Cela crée un suspens, ce que je trouve plutôt drôle pour une histoire de nuit de noces. Les pensées présentes des protagonistes sont entrecoupées par l'histoire de leur couple, la rencontre, la vie du couple, ne faisant qu'augmenter la tension, l'impatience. Comment le récit d'une nuit de noce devient un huis-clos oppressant.

Le repas terminé, le jeune couple passe finalement dans la partie nuit. Leur gaucherie est touchante. Et la suite totalement inattendue. Drôle dans un premier temps et puis, on a envie de leur crier : « mais enfin parlez, vous n'en serez pas moins ridicule ». Vous l'aurez compris cette lecture ne laisse pas insensible parce qu'elle est troublante de réalité, cette époque a vraiment existé, existe encore? Une époque de mariage sans en connaître la nature, de mariage arrangé, une époque sans éducation sexuelle, une époque pas si lointaine que ça… Il ne faut pas non plus en faire une généralité, tout le monde n'a pas été aussi peu informé, mais j'ai aimé le jusqu'au-boutisme de l'histoire, jusqu'où peut-on aller à cause de quiproquos, de malentendus, de non-dits. le bonheur était à bout de main, de mots! Il y a des silences qu'il faut garder et d'autres non.

Le mot de Maude
A lire. Texte court, sensible et sensuel.
Lien : https://deslivresetmaude.wor..
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Sur la plage de Chesil (On Chesil Beach), Ian McEwan, Éditions Gallimard

***

Sur la plage de Chesil est un roman du silence de deux solitudes électives. Une jeune violoniste des années 60 empêtrée dans la raideur des convenances d'une éducation bourgeoise, et pour qui il est de bon ton d'avoir des idées progressistes sans jamais s'être confrontée à la vie, s'ouvre une fenêtre de transgression sociale en s'amourachant d'un jeune provincial. C'est un historien érudit, rêveur assumé à qui l'on entrevoit un avenir prometteur s'il arrive à se départir de ses manières brusques. L'histoire d'amour suit son cours jusqu'à la nuit de noces, douloureusement étirée par la maladresse et l'effroi du mari et de la jeune épousée, dans une vieille auberge du Dorset où la charge émotionnelle longtemps tue devient assourdissante.

Le mutisme de l'Angleterre d'avant la révolution sexuelle trouve un mode d'expression confidentiel par le truchement d'un narrateur hétérodiégétique qui dissèque les minutes jusqu'à en faire des heures d'analyse psychologique et la chronique de l'échec de la préconjugalité et des malhabiletés érotiques qui conduisent droit au fiasco.

Cet échec cuisant de la parole, trop policée, insuffisante, biaisée annonce donc naturellement l'échec des corps à pouvoir créer une intimité conjugale décrétée artificiellement huit heures plus tôt par les apparats d'une célébration nuptiale.

Les fulminations, les fantasmes, les répugnances, les appréhensions inavoués paralysent : il ne se passe rien, mais c'en est trop. Si bien que l'amour conceptuel qui a longtemps primé sur sa matérialité se révèle trop chimérique pour sauver les égos de l'humiliation, du sentiment de culpabilité, de la faute rejetée.

Comprendre cette histoire ourdie dans une difficulté à dire, à "se dire" à notre époque où presque tout le monde a quelque chose d'intérêt variable à dire c'est presque toucher du doigt un anachronisme. C'est aussi sans doute se souvenir que le calendrier de la révolution sexuelle nous a opportunément fait des lendemains affranchis de certains archaïsmes.
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« Just close your eyes and think of England »
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Un roman très troublant sur le manque de communication surtout et le poids d'un instant qui fait basculer les destins.
Je suis contente de l'avoir lu, mais je ne le relirai pas...
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J'en suis au tiers. Je bois cela comme du petit lait tant la narration est bien menée, la maîtrise des points de vue grande (et le passage de l'un à l'autre mené sans que je m'en aperçoive), me faisant rentrer à la fois dans une "vue des deux côtés" du mariage et dans le for intérieur des ces deux êtres.
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Un délicat roman sur la lune de miel d'un jeune couple dans une vieille auberge du Dorset. Tout le charme anglais !
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Dans ce bref roman, Ian MC Ewan nous raconte l'histoire d'un couple empêché par l'incommunicabilité en même temps que celle d'une société corsetée dans des principes trop rigides et des conventions surannées. Nous comprenons au fil des pages, par petites touches impressionnistes, ce qui dans le passé de Florence et Edward les a conduit là où ils en sont en ce soir de printemps, empêtrés dans leurs peurs et leurs contradictions. L'écrivain ne juge jamais ses personnages, et grâce à une alternance de points de vue, le lecteur est lui-même immergé dans cette histoire très intime (mais aux résonances collectives) où un geste et un mot peuvent faire basculer une vie. Sans doute un des meilleurs romans de la rentrée littéraire 2008.
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Une nuit de noces dans les années 60, sujet assez banal mais pas pour Ian McEwan. Par petites touches ciblant alternativement les deux protagonistes de l'événement, il entraîne le lecteur vers une fin qui pousse à la réflexion : comment un manque de réaction dans un moment critique peut changer toute une vie. J'ai bien retrouvé le McEwan de "Samedi" et je le lirai encore avec plaisir
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Le livre est plaisant et la narration principale l'est tout autant. Mais les digressions dans le passé des deux antagonistes n'apportent souvent que très peu. Beaucoup de détails sont donnés sans en voir trop l'intérêt.
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Florence et Edward s'aiment, ils viennent de se marier et sont arrivés dans l'hôtel de leur nuit de noce, au bord de la plage de Chesil. Mais ils sont jeunes et chastes et, en ce début des années 60, la prude Angleterre n'a pas encore inventé la mini-jupe. Tout ne va donc pas se passer comme chacun l'espérait…
La narration se concentre sur nos deux tourtereaux : le face-à-face qui précède la nuit de noce, les rappels de leur rencontre, leurs échanges, les idées que chacun se fait de l'autre, tout cela est narré de façon à ce qu'on passe subtilement de l'un à l'autre comme dans un duo de musique classique.

McEwan manie avec précision la fine pointe des sentiments humains, et il le confirme de façon magistrale ici : peur, espoir, honte, émerveillement, ennui, béatitude, colère, inhibition, orgueil, il sait exactement trouver les mots et les bonnes images pour coller au plus près de ce que ressentent ses personnages.
J'ai admiré comment il arrive à susciter notre intérêt pour tel ou tel personnage, en narrant des épisodes marquants de son passé. Je pense notamment à cette scène magnifique où le jeune Edward, à 14 ans, prend conscience de lui-même grâce à une révélation que son père lui fait à propos de sa mère. La cristallisation de sa personnalité d'adulte se fait à ce moment-là, parce que son père a su exprimer verbalement quelque chose qu'Edward sentait confusément depuis tout petit. Ce passage de l'enfant à l'adulte est bouleversant.
Il est aussi le romancier de la fatalité, du grain de sable qui vient enrayer la belle mécanique de l'amour. Les non-dits, une pudeur excessive, un clair manque de communication dans ce jeune couple qui plane dans les hauteurs, la fierté offensée également, il suffit d'un rien pour faire basculer l'histoire vers une issue que l'auteur ménage comme un chausse-trappe.
In fine, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que l'auteur avait amorcé une histoire très prometteuse et qu'il la clôturait trop brusquement, en queue de poisson, sous la forme d'une fable à la morale implacable. Ce déterminisme vaut à ce livre d'échapper à mon coup de coeur. Je n'ai pu m'empêcher non plus de penser que McEwan avait mis un peu de lui dans Edward. Et enfin, sur la plage de Chesil, je n'ai pu m'empêcher d'entendre la voix d'Yves Montand chanter : « …Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis… »
Lien : https://ellettres.wordpress...
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