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Plonger dans un livre de Mcewan, c'est aller vers un texte à l'intelligence affirmée mais aussi vers un récit dont le thème, le style, la légèreté sont extrêmement variables. McEwan fait partie de ces auteurs qui se renouvèlent constamment, mais toujours avec une grande finesse et une qualité insoupçonnable. Un peu comme Gainsbourg en musique.
Ici , on se pose dans l'Angleterre de 1982, en pleine guerre de Malouines , où Margaret Thatcher a du mal à imposer sa politique. Mais le 1982 de McEwan n'est pas celui que l'on a connu. On ne sait pas si Harald Schumacher va commettre le plus gros attentat du football depuis la création de ce sport un maudit 8 juillet à Séville, mais par contre on apprend qu'Alan Turing est toujours vivant. Ce qui a permis à la technologie de progresser rapidement. Les téléphones portables existent déjà et même des robots , fondés sur le deep learning (intelligence artificielle qui permet à la machine d'apprendre d'elle même et des connaissances qu'elle peut assimiler).
Dans ce monde, Charlie, féru de nouvelle technologie, va engager tout l'héritage de sa mère dans l'acquisition d'une telle machine. Parallèlement, il se met en couple avec sa voisine Miranda. L'arrivée d'Adam, c'est le nom de la machine, va bouleverser la vie du couple ...dans tous les sens du terme.

Ce livre est à nouveau un coup de maître de l'auteur anglais. L'idée initiale de construire un monde nouveau dans le passé et d'avoir fait survivre Alan Turing au procès qui lui a été fait au début des années 50 (pour homosexualité) est géniale. Page après page , on découvre un nouveau monde qui semble aller plus vite.
L'idée centrale du livre , la coexistence d'une I.A. et des humains , est remarquablement traitée.
En informatique , le produit fini est tributaire de son concepteur. L'algorithme impliqué, les choix de programmations influent sur le résultat final. A ce titre, aujourd'hui le monde informatique se pose des questions quand à son éthique , les concepteurs de programmes , en particulier les fameux GAFA, sont majoritairement des blancs de classe élevée.
Donc ici, on est confronté à un robot qui a été programmé avec des biais incompatibles avec le comportement de l'humain. C'est la question centrale du livre, traité très habillement par l'auteur.
Parallèlement, on est plongé dans la situation de l'Angleterre des années 80, l'IRA, la pool tax, les grèves , la guerre des Malouines et...la sortie de l'union européenne :)!
Mon manque de culture sur ce sujet a engendré quelques longueurs sans doute exacerbées par la période anxiogène.
Il n'empêche que ce McEwan est un bon cru, ne serait que pour avoir prolongé la vie d'un des plus grands du XXème siècle, Alan Turing.

Je ne peux m'empêcher de raconter une anecdote sur Turing. Après son procès où la castration chimique lui était proposée, il s'est suicidé , en croquant dans une pomme empoisonnée. la légende voudrait qu'Apple ait repris cette image pour en faire son logo .

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Humh...je sens que ce livre plaira à beaucoup de lecteurs. Pour son écriture fluide et sans ambages qui fait que l'on le lit d'une ou deux traites. Pour un suspens qui sommeille doucement et prend de l'altitude à la fin. Pour des personnages attachants, y compris Adam l'humanoïde. Pour son sujet : un futur qui se rapproche à une vitesse vertigineuse, admirable pour certains, glaçant pour d'autres.

Charlie, la trentaine, célibataire et légèrement désoeuvré, fait l'acquisition d'un humanoïde après avoir hérité d'une belle somme d'argent. Aidé de sa voisine Miranda à qui il avouera son amour, ils paramètreront les préférences qui donneront naissance à la personnalité de leur robot à forme humaine, prénommé Adam. Petit à petit, ils formeront non plus un couple, mais un trio dans lequel on se demande qui décide, qui domine.
Nous sommes à Londres, en 1982. Sur fond de la Guerre des Malouines et d'une situation politique problématique, l'auteur approfondit, dans une histoire très vraisemblable, l'avancée technologique de l'intelligence artificielle, le rapport ambigü homme-humanoïde, les notions de conscience, de mensonge et d'émotion qui font changer notre perception par rapport à une machine et font tanguer la limite fragile qui sépare l'homme de son invention.

J'ai eu l'occasion de voir récemment sur le net une vidéo sur des robots-guerriers étudiés par une société high tech privée; elle m'a fortement marquée. Ces robots sont programmés pour marcher, courir, tirer sur des cibles ou pointer leur fusil sur les visages d'hommes ligotés (des vrais hommes). de manière exprès, l'instructeur frappe violemment le robot jusqu'à le faire tomber. A chaque fois, le robot se relève et reprend sa posture face aux hommes, jusqu'à ce qu'il se redresse et pointe son arme, non plus sur les cibles, mais sur le visage de l'instructeur qui l'a frappé. Est-ce une réaction programmée ou a-t-il fait preuve d'une conscience qui l'a entraîné à faire un choix ?
Vous pensez qu'on en est loin ? Je vous invite à regarder sur le net les chiens jaunes de Singapour ou mieux, le robot Atlas, la nouvelle génération d'humanoïde. Bientôt, on ne dira plus "génération", mais "l'enfant de"...

Pour en revenir au livre, l'auteur dénonce le même sujet mais sur fond d'une romance, puisque l'humanoïde tombe amoureux.
Tout en ayant fort apprécié ma lecture, ce roman m'a fait froid dans le dos !
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Je suis amoureuse du cerveau de Ian McEwan. C'est sans doute pour cela que parmi ses écrits, celui que tout le monde cite en parlant de lui, Sur la plage de Chesil est très loin d'être mon préféré. Car ce que j'aime par-dessus tout chez cet écrivain, c'est l'intelligence qu'il déploie pour positionner les couches successives qui constituent ses intrigues les plus puissantes et les plus stimulantes pour mes petits neurones qui frétillent ainsi de pur bonheur. Son humour noir se nourrit des failles de l'espèce humaine qu'il se plait à décortiquer avec la méticulosité d'un médecin légiste. Et il atteint ici des sommets, venant presque détrôner Expiation dans mon palmarès tout personnel de la collection McEwan.

"Le présent est la plus fragile des constructions improbables. Il aurait pu être différent. En partie ou en totalité, il pourrait être tout autre."

Oui, tiens. Alan Turing aurait pu ne pas se suicider en 1954, ses recherches permettre d'énormes avancées scientifiques et sociétales. Il pourrait vivre tranquillement, à Londres en 1982 avec son compagnon, admiré et respecté par la communauté mondiale pour avoir permis la création de l'Internet, ouvert la voie à la guérison de nombreuses maladies grâce aux travaux sur les cellules souche et mis sur les rails les progrès de l'intelligence artificielle. Progrès grâce auxquels Charlie, jeune homme oisif, boursicoteur à ses heures et passionné d'anthropologie et de technologie fait l'acquisition de l'un des 25 "androïdes" à l'image de l'homme tout juste mis sur le marché britannique. Paramétré par Charlie et Miranda, sa petite amie et voisine, Adam prend sa place dans le foyer, capable de faire la conversation, d'assumer les tâches ménagères ou de servir d'encyclopédie. Tout comme de composer des poèmes ou de faire l'amour à Miranda, ce qui n'est pas sans créer une situation inédite rapidement évacuée par la jeune femme ; juste "une putain de machine" explique-t-elle... Et puis ceci est vite oublié lorsque Adam prend la main sur les opérations boursières de Charlie et commence à lui faire gagner des montants qui lui permettent d'envisager de sacrément élever son niveau de vie. Sauf que. Ce n'est pas si simple. Plus Adam explore l'activité humaine, plus il apprend plus son mal être affleure. Programmé par l'homme pour être parfait, comment doit-il réagir face au mensonge et aux nombreuses turpitudes, faiblesses, imperfections qui symbolisent justement l'espèce humaine ? Et dont Miranda et Charlie sont loin d'être exempts.

Je parlais plus haut des différentes strates qui nourrissent un roman de Ian McEwan et celui-ci en est particulièrement riche. D'abord dans la rencontre entre l'homme et la machine qui le renvoie à un face à face vertigineux avec un lui-même amélioré, qui pourrait le remplacer en tout. Ensuite dans le contexte revisité d'une année 1982 qui voit l'Angleterre de Thatcher battue par l'Argentine dans l'affrontement pour les îles Falklands, prémices d'une immense crise économique et politique dans un monde où l'on s'amuse de détails saupoudrés ici et là comme l'identité des présidents des Etats-Unis et de la France ou la présence des quatre membres des Beatles... C'est finement amené, fondu dans la narration, juste assez pour créer le décalage propice à déstabiliser. On pourrait aussi parler de la façon dont McEwan utilise les oeuvres littéraires comme matière d'étude accélérée de l'espèce humaine pour Adam, connecté à une base de données illimitée. "La religion et les grandes littératures du monde ont clairement démontré que nous savons bien nous conduire. Nous exprimons nos aspirations dans la poésie, la prose, les chants, et nous savons ce qu'il faut faire. le problème est la mise en pratique, persévérante et collective".

Ian McEwan trouve ici une façon brillante d'interroger le sens de la vie en mêlant ressources scientifiques et littéraires au service d'une réjouissante réflexion intellectuelle, aussi romanesque que cérébrale. C'est du très très grand art.

"Eh bien voilà, conclut Adam, il y a le cerveau et il y a l'esprit. Ce vieux problème, aussi insoluble chez les machines que chez les humains".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Dans un Londres dystopique du début des années 1982, Charlie friend fait l'acquisition d'un des vingt cinq premiers androïdes, Adam. Il confie le renseignement de la moitié des paramètres de base à sa jolie voisine, Miranda, avec laquelle il entame rapidement une liaison amoureuse. Ce jeune couple se forme autour et avec Adam, dont l'intelligence artificielle se forme et s'affirme tous les jours. Rapidement, un problème surgit quand Adam déclara sa flamme à Miranda, puis quand, quelque temps plus tard, il réagit violemment à la volonté de Charlie et lui casse le poignet.
J'ai trouvé ce roman vraiment bon et intelligent: sur la base d'une histoire traditionnelle: un couple hétéro en construction, le passé lourd de l'un des protagonistes qui le freine dans sa construction… du très classique sauf que cette histoire sert une problématique profonde et très actuelle (le livre a été écrit en 2019: ce n'est pas un roman de science-fiction!), Adam figurant l'IA qui se confronte au monde humain, avec ses secrets, ses mensonges, ses sentiments et ses douleurs. L'auteur fait également intervenir Alain Turing (vivant, et devenu un des plus grands scientifiques de la planète) pour faire avancer les arguments pro IA tandis que les personnages principaux en découvrent toutes les limites dans la vie quotidienne.
La problématique qui fait jour selon moi est dans la question: peut on réduire l'humain à son intelligence? L'auteur tente de répondre par la négative mais avec des nuances (ils touchent à la beauté, à la littérature, à la poésie, à l'amour et au suicide).
Ce roman est à rapprocher des « Animaux Dénaturés », chef d'oeuvre de Vercors, en ce qu'il pose la bonne question: « qu'est ce que l'homme? », thème cher à Kant.
À vous de vous faire votre opinion…
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Je suis une fois de plus bluffée par le talent de Ian McEwan qui réussit encore une fois à conjuguer, sur un sujet difficile car encore peu pensé faute de recul, une appréhension vaste et profonde de la problématique posée, sa restitution en un récit crédible, une plume d'une admirable tenue, le tout avec ce léger pas de côté qui donne toute sa force à la réalité fictionnelle qu'il propose.
Ce talent-là de romancier est en tout cas à mes yeux exactement ce qu'il me fallait pour aborder l'intelligence artificielle plus en profondeur que par les articles de presse et les documentaires, convaincue que je suis que le monde est devenu si complexe et l'avenir si plein d'inconnu que seule la fiction des bons livres peut nous en livrer quelques clés.
La rencontre que nous propose ce roman avec Adam, un androïde de toute première génération, est extrêmement troublante. L'auteur nous aura déjà subtilement désaxés en plaçant son récit dans un temps légèrement décalé, un 1982 où Margaret Thatcher ferme les usines mais perd la guerre des Malouines. Nous sommes pourtant très loin de l'univers de la science-fiction, mais bien dans le rythme lent d'une intimité dans laquelle McEwan brouille une à une les frontières entre Adam et Charlie son acquéreur, soulignant ici la supériorité de l'un et là la faiblesse de l'autre, les installant dans une relation très éloignée de la servitude homme - machine (Charlie et Adam se vouvoient, par exemple), interrogeant en profondeur ce qui constitue l'humanité et comment s'effacent ses limites.
Un roman passionnant que je m'en vais mettre de force dans les mains de mes proches.
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Un androïde ! Qui ne rêve pas d'en avoir un ? Charlie casse sa tirelire. Il faut dire qu'il est fan de technologies. Il vit d'expédient, se contente de peu, boursicote pour gagner sa vie. Il a vendu la maison familiale pour se le procurer. Ce sera un ADAM, toutes les EVES étant déjà vendu.

Il a demandé à sa voisine, Miranda, qui deviendra sa compagne, de l'aider à le « programmer » :

« Là, le texte était limpide : préférences, paramètres de la personnalité. Puis une série de titres : Agréabilité. Extraversion. Ouverture d'esprit. Conscienciosité. Stabilité émotionnelle. Cette liste m'était familière. La théorie des cinq facteurs. Après des études en sciences humaines, je me méfiais de catégories si réductrices, même si je savais par un ami psychologue qu'à chacune d'elles correspondaient de nombreuses sous-catégories. Jetant un coup d'oeil à la page suivante, je découvris que j'étais censé choisir différents réglages sur une échelle de un à dix.
Je m'attendais à me faire un ami. J'étais prêt à traiter Adam comme mon hôte, comme un inconnu que j'apprendrais à connaître. J'avais cru qu'il arriverait préréglé. Les réglages d'usine : un synonyme moderne du destin.  »

Un ménage à trois, une présence qui peu à peu, s'impose. Une maltraitance d'enfant, une éventuelle adoption, un crime, des mensonges… Où se trouve la vérité ?

Pas facile de faire une critique de ce livre. Il est très dense, il pose bien des questions philosophiques, existentielles, humaines… Les Androïdes, une fois programmés ont la capacité d'apprendre. Ils apprennent très vite même, ce qui n'est pas sans poser problème. En effet, le mensonge fait parti de l'humain. Comment les androïdes vont-ils accepter cette imperfection et les autres dont sont pourvus les hommes ? Peuvent-ils s'adapter à l'humain ? Vont-ils se faire à l'ambiguïté de l'homme ? Peuvent-ils aimer ? Seront-ils pris au sérieux par les humains ? Comment réagir à telle ou telle situation ? Quel choix faire ? Et suivant le choix, quel impact celui-ci aura-t-Il ? Quel est le juste milieu ? STOP !!!! Ouf !

Très intéressant. Il titille ce livre. Il va m'accompagner un bon moment.
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"Le présent est la plus fragile des constructions improbables. Il aurait pu être différent. En partie ou en totalité, il pourrait être tout autre."
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En effet. Bien sûr! On y croirait volontiers...Quoique.
A moins que le destin existe en effet et que tout soit écrit à l'avance... Qui pourrait avoir une telle certitude ?
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Ce postulat, sans autre forme de nuance et d'explication, et c'est peut-être ce qui m'a principalement gênée, est tout de même le point de départ au monde parallèle proposé par Ian McEwan. Un monde qui ressemble fortement à celui que nous connaissons avec de petites "touches uchroniques" que l'on croirait sorties tout droit des fantasmes personnels de l'auteur, les Beatles par exemple se sont reformés (une touche culture). L'Angleterre a une force armée qui domine l'Europe (contexte militaire et géo-politique qui est un poil plus développé que la "touche culturelle" des Beatles). Mais surtout, nous voici immergés dans une année 1982 dont le niveau de connaissances et d'expérimentations dans le domaine électronique et technologique est bien supérieur à "notre" 2019 (l'année où l'auteur a écrit ce roman) . La société de consommation est ainsi déjà bien en place dans les années quatre-vingts et avide du "dernier cri", sans cesse renouvelé.
Pierre angulaire de ce récit, Alan Turing, l'un des pères fondateurs de l'informatique, en réalité mort en 1954 d'un empoisonnement à 41 ans, est dans ce monde imaginaire toujours vivant. Il va collaborer en grande partie à la génèse d'Adam et Eve, en 25 exemplaires, des Intelligences Artificielles trèeees perfectionnées. Une réplique physiquement quasi parfaite d'hommes et de femmes, capables de réflexion, d'échange, pourquoi pas...Mais aussi de jugement, capables également de déclamer leur amour (envers leurs semblables ou des humains.). J'ai envie de dire "Ian, tu pousses le bouchon un peu loin!!". Deuxième (gros) bémol.
J'ai beaucoup souri du cynisme délicat et "so british" de certaines réflexions, je me suis identifiée au narrateur, au mélange d'ironie et de naïveté de ses desseins pendant le chargement des batteries de son "Adam". Et puis l'androïde a ouvert les les yeux et je n'ai cessé d'être un peu -trop- bluffée par ses aptitudes, au milieu d'un contexte gentiment uchronique. J'ai été impressionnée par le choix de ce contexte, au départ. N'aurait-il pas été plus "facile" que ce scénario se déroule dans le futur ?...Et puis au final ce qui m'avait semblé une richesse au départ s'est pour moi révélé une faiblesse, peut-être que l'auteur n'était en fait pas en mesure de créer un réel univers futuriste, mais que cette question des I.A lui tenant à coeur, il a crée une uchronie au rabais, un contexte finalement très peu exploité et très semblable à celui que nous connaissons, à quelques extraversions près.
.

le coeur des préoccupations de l'auteur sont des questionnements éthiques et moraux comme l'indique un épigraphe on ne peut plus révélateur de l'ensemble du livre :
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"Mais souvenez-vous, s'il vous plaît, de la Loi qui est la notre.
Nous ne sommes pas faits pour comprendre un mensonge..."
Rudyard KIPLING "Le secret des machines".
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L'auteur semble ainsi fasciné par un humanoïde dont la nature, selon lui par définition, ne serait ni corrompue ni par le mensonge ni par les bassesses humaines. Et paradoxalement crée par un humain, de ce fait aussi puissant qu'inconscient des risques qu'il prend à se mirer ainsi dans son propre reflet; quitte à accoucher d'une création qui pourrait lui échapper ou lui nuire.
le déroulement du scénario en est une belle démonstration, je le reconnais. Ce qui lie les trois principaux protagonistes: l'acheteur de Adam, sa voisine, et Adam est une sorte de huis-clos qui recèle son lot d'humour parfois cocasse, parfois noir, et une intrigue qui tient la route sans toutefois m'avoir réservé de grandes surprises. le tout baignant dans un contexte qui manque pour moi de crédibilité, tant par ce contexte uchronique, que par les aptitudes d'Adam, mais également par le fait qu'un individu "lambda" ait pu l'acquérir. Certes il a hérité d'une belle somme, mais des détails sur la façon dont il a eu connaissance de la création de ces humanoïdes et quel a été son parcours pour en arriver à en acquérir un eut rendue la situation un peu moins improbable. Imaginons de nos jours que de tels robots existent, en 25 exemplaires, je ne suis pas sûre malgré un prix exorbitant que l'offre s'adresserait à tout un chacun ayant une somme d'argent à dépenser. D'ailleurs, ils peuplent peut-être déjà les palais de Dubaï mais c'est top secret!!?
.

Voilà, l'intrigue est correcte, il y a de l'humour, de la réflexion morale, et c'est bien écrit. Malgré tout je n'y ai pas cru!
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Les romans de Ian McEwan font toujours beaucoup réfléchir car ils posent des problèmes moraux ou éthiques et philosophique très intéressants. En revanche, je trouve qu'il fait s'accrocher pour les lire.
C'est le cas ici. Nous sommes en 1982 au Royaume-Uni et Charlie, un trentenaire un peu loser, décidé d'acheter un androïde appelé Adam. Cela rappelle la série " Real humans". Adam ressemble énormément à un homme avec une intelligence augmentée ; ses attitudes ressemblent à celles des hommes mais il lui manque l'humour et la capacité à mentir.
Au départ, Charlie a acheté Adam pour l'expérience, pour faire le ménage et la cuisine mais celui-ci va prendre une place plus importante que prévue dans sa vie.
Un roman qui m'a intéressée malgré des digressions scientifiques un peu compliquées pour moi, des longueurs. Pas son meilleur roman mais ce n'est que mon avis !
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Attention, avis pas très objectif ! Je me répète très certainement, mais Ian McEwan, auteur découvert il y a environ vingt-cinq ans, avec L'enfant volé, n'a pas encore réussi à me décevoir. Sur la plage de Chesil, qui a beaucoup plu aux lectrices et lecteurs français, est loin d'être mon préféré toutefois, c'est l'insurpassable Expiation, bien sûr !
Il revient avec un roman sur l'intelligence artificielle, présenté un peu rapidement (ou pour attirer le chaland?) comme une histoire d'amour entre trois personnages, dont un androïde. Oui, bon, si on veut, mais ce roman est tellement plus que ça !
Imaginez un passé, dans les années 80, qui ressemble étrangement à notre présent, avec internet, véhicules autonomes, et réchauffement climatique… il y a même une petite minorité bizarre de Britanniques qui voudraient quitter l'Union Européenne ! Alan Turing est toujours vivant, alors que se prépare l'opération militaire britannique dans les îles Falkland décidée par Margaret Thatcher. le succès ou l'échec de cette opération aura des conséquences politiques qui ne sont pas forcément celles que l'on connaît. Voilà pour l'arrière-plan.
Charlie, un jeune homme qui a suivi des études d'anthropologie, et qui à part ça, vit d'un héritage et de placements boursiers, se passionne assez pour l'innovation scientifique pour faire l'acquisition d'Adam, un androïde plus vrai que nature. Il ne lui reste qu'à le paramétrer pour affiner son caractère. Tâche qu'il partage avec Miranda, la jeune femme dont il est amoureux.

Ce que les concepteurs n'avaient pas forcément prévu, c'est qu'Adam puisse tomber amoureux. Plus encore, le mensonge lui est incompréhensible, et il possède un sens de la justice qui n'a rien à voir avec celui des humains. Il s'ensuivra nombre de complications entre Charlie, Adam et Miranda, que je ne vous détaillerai pas, bien évidemment.
J'ai retrouvé avec plaisir le don de l'auteur pour décrire des « losers » qui restent cependant attachants dans leur médiocrité, et ne manquent pas d'autodérision. L'humour contribue ici à mener la réflexion sur l'intelligence artificielle, une manière de ne pas prendre au sérieux un sujet pourtant parfaitement réfléchi et étayé, qui me réjouit à chaque fois que je lis des romans de Ian McEwan.
Il excelle aussi à présenter des cas de conscience, demandant au lecteur de participer à démêler le point de vue du droit de celui du coeur. Et malgré l'humour, l'émotion réussit à pointer son nez, et voici un roman qui réussit à vous mettre la larme à l'oeil pour un épisode dont vous n'auriez pas pensé un instant qu'il puisse vous toucher ! Bref, vous l'aurez compris, une réussite pour moi !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Décidément, Ian McEwan est plein de ressources et de sujets divers et variés pour ses livres ! Cet auteur ne cesse de me passionner.
Dans "Une machine comme moi", Ian McEwan nous interroge sur les androïdes et l'intelligence artificielle. Cette uchronie se situe en 1982 et Alan Turing, toujours vivant, fait avancer la technologie à pas de géant.
L'auteur décrit avec beaucoup de sensibilité les sentiments humains mais aussi ceux d'Adam, ce robot plus vrai que nature et parfait en tout point. Justement, tellement parfait qu'il peut être compliqué pour lui de s'adapter à notre monde cruel et imparfait. Les défauts et imperfections des hommes sont ainsi mis en lumière, nous montrant les faiblesses de chacun, ces petits mensonges qui peuvent parfois être nécessaires pour vivre en harmonie. de nombreuses interrogations sont également posées tout au long du roman sur le côté éthique ainsi que sur le côté moral de l'intelligence artificielle.
Je recommande vivement cette lecture passionnante et enrichissante qui nous montre un passé peut-être futuriste !
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