Je ne connaissais pas
Alan Turing, sinon son décryptage des messages Enigma, et
Ian McEwan a réussi l'exploit de m'en dégoûter.
Je ne connaissais pas
Ian McEwan, et «
Une machine comme moi » ne me donne décidément pas envie d'en lire plus de cet auteur.
Lyon direction Marseille, plusieurs heures de train en perspective et seulement à 20 pages de finir le très bon «
Le Temps de l'innocence » d'
Edith Wharton. 30 minutes de correspondance suffisent à choisir dans le relais de presse ce livre dont le titre m'est inconnu parmi les rares ouvrages proposés qui ne me rebutent pas complètement . J'ai un vague souvenir d'avoir entendu le nom de l'auteur quelque part dans une vidéo Booktube quelconque, un jour.
Bref, lecture de 4e de couverture, la promesse d'une « construction magistrale [qui] fait monter une pression digne d'un thriller. Réjouissant », et en compostant mon billet, je me délecte à l'avance des thèmes qui seront sans doute abordés : qu'est-ce que l'amour, qu'est-ce qu'être humain, est-ce éthique de posséder un humanoïde ? (sur ce dernier point, je m'attend clairement au parallèle avec la question coloniale) Quel statut doit-il avoir, celui d'un enfant, d'un animal, … ?
Et bien non, que nenni, nada. Au lieu de ça, j'ai suivi le fil laborieux de cette uchronie dans l'attente des fameuses réjouissances et du climax qui me fera tourner les pages plus vite que mon ombre. le moment n'est pas venu. Ou plutôt si, la centaine de page finale est passée plus vite : par hâte de commencer un autre livre, mais également car j'étais résignée à lire les passages de crise sociale, qui n'apportent rien, en grosse diagonale bien sale.
La narration est poussive, l'histoire un fourre-tout d'intrigues secondaires inintéressantes, l'étalage de science et de lectures encyclopédiques des plus énervantes. Trop de personnages peu pertinents et inessentiels à la construction du récit, trop d'
Alan Turing à toutes les sauces, jusqu'à l'écoeurement. J'imagine que l'auteur a été enchanté par la lecture de la biographie du scientifique, et qu'il veut nous le faire savoir, quitte à enfoncer le crâne de ses lecteurs au marteau-piqueur.
Je ne m'attendais à presque rien et je suis quand même déçue. Un huis clos à trois aurait amplement suffit à développer une tension nécessaire, à disserter des questionnements existentiels avec subtilité, à faire monter la mayonnaise quoi. Là, on a droit à un beau gratin de restes, un gloubi-boulga indigeste dont on ressort en ce demandant ce qu'on doit retenir de ces 416 pages hétérogènes. Je n'en sais rien, mais ça pèse drôlement sur l'estomac !
En parlant des saveurs qui restent en bouche, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine amertume à ce que
le viol de Miranda… soit finalement une fausse accusation. Elle voulait effectivement venger un vrai viol dont une amie à elle a été victime mais bon, pas le sien quoi. On compatirait presque avec le vrai-faux criminel qui a été pris au piège...
Dans le bingo des antiféministes, c'est un classique qui rapporte toujours beaucoup de points, ça, les « fausses accusations » (pas loin derrière les « hommes battus »).
Bref, je ris jaune à lire ce genre de ressorts scénaristiques dans un roman de 2019, où les révélations du #MeToo sont passées par là. Pour le coup, l'impact de ce livre sera sans doute plus de confirmer aux hommes que les dénonciations de viols sont l'oeuvre de manipulatrices/hystériques/féminazies que de faire avancer le débat sur les enjeux éthiques liés à la robotisation effrénée de nos vies. Chapeau, je l'avais pas vu venir !
J'accorde quand même 1.5/5 pour le style pas trop pénible (merci à la traductrice ?) qui a rendu possible de m'accrocher au-delà des 50 premières pages, par delà les bercements du TGV.