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EAN : 9782840490562
55 pages
Seguier Editions (01/07/1995)
0.5/5   1 notes
Résumé :
Autre extrait du « Noble art de se faire des ennemis », précédemment mentionné, où l’on voit Whistler rivaliser d’esprit et d’amabilités perfides avec l’intrépide Oscar Wilde, et régler ses comptes avec la critique d’art de l’époque.
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Alors... Je ne sais pas très bien comment débuter cette critique sans avoir l'air d'une écervelée qui se fiche de ce qui se passe en Europe actuellement (à l'évidence, il se passe plein d'autre choses ailleurs tout le temps - citons au hasard l'Afghanistan et le Yemen, parmi tant d'autres régions du monde -, mais il faut bien avouer qu'on se sent moins en général moins concerné dans ces cas-là quand on est Européen, ce qui n'est certes pas très glorieux). Disons seulement que j'ai changé de sujet de chronique au dernier moment et que j'ai fait le choix de la clownerie, non pas que ça puisse aider en quoi que ce soit les Ukrainiens (ou les Moldaves, qui ont des raison de s'inquiéter plus que nous autres), mais parce que... Ben parce que vous me connaissez, quoi, et que faire le clown en parlant d'un livre - pardon, je voulais dire "d'une aberration éditoriale" en fait -, c'est quasiment devenu chez moi une seconde nature. Donc... voilà.


Je pense sérieusement à concocter une liste "Curiosités éditoriales : quel public ?", dans laquelle rentrerait sans problème ce livre, au titre trompeur. Déjà, je vais vous éviter une perte de temps, au cas où le nom de l'auteur ou le titre auraient titillé votre curiosité : ne lisez pas ce bouquin, il est d'une inutilité criante. J'en parle en connaissance de cause, vu que, sans savoir de quoi il ressortait, je l'ai emprunté à la bibliothèque afin d'effectuer quelques recherches sur le peintre James Mc Neill Whistler. Mal m'en a pris.


Je ne vais évidemment pas présenter Oscar Wilde, et je vais aller vite à propos de Whistler pour ceux qui ne sauraient pas qui il est. Whistler est un peintre de la fin du XIXème siècle officiellement américain, bien que vu comme anglais (même s'il a pu se dire russe pour des raisons futiles, mais de toute façon il aimait bien faire le malin en disant ceci ou cela). En gros, en France, on le voit comme un peintre anglais et il a souvent été exposé avec d'autres artistes anglais. Plus important, il fut un peintre très novateur (et donc qui essuya en son temps des critiques outragées et peu éclairées), peintre qu'on rapproche souvent de Turner ou de l'impressionnisme, voire de l'abstraction (ce qui pour le coup est aller un peu loin, à mon sens). Wilde et Whistler furent amis, mais la renommée De Wilde, de vingt ans le cadet de Whistler, agaça beaucoup ce dernier. Whistler considéra donc que Wilde le "copiait", ce qui n'est pas évident à comprendre vu que Wilde n'était absolument pas peintre. le fait est que les deux hommes partageaient un goût certain pour le flamboyant et, disons, l'excentrique. Bref, ils aimaient bien s'habiller de façon soignée et voyante, mais aussi faire les malins et jouer les langues de vipère, et ils se sont adressés des mots doux via la presse écrite dans les années 1880-1890. Pourquoi, dans le bouquin que j'ai devant les yeux, on n'explique quasiment pas au lecteur le contexte de ces échanges dans la presse, dont des extraits constituent une part de l'ouvrage, voilà une question intéressante. Pourquoi nous fait-on croire avec la couverture que l'essentiel de ce bouquin est consacré aux relations de Whistler avec Wilde, voilà une autre question tout aussi intéressante.


Ce livre est de format riquiqui et contient moins de 60 pages, dont à peu près vingt se rapportent aux échanges De Wilde et de Whistler (sous forme d'extraits, je le redis). Eh oui, le véritable titre se trouve être : "Mon ami Oscar Wilde... Suivi de : Les critiques, et mes propositions", mais pour savoir ça, encore faut-il déjà tourner quelques pages. Par honnêteté éditoriale, ce livre devrait plutôt s'intituler "Les critiques, et mes propositions, précédé de Mon ami Oscar Wilde" (il est évident que ça aurait été un titre beaucoup moins vendeur que celui choisi), mais passons. Passons aux vacheries que s'envoyaient par voie de presse Whistler et Wilde : c'est ennuyeux, pas drôle, sans intérêt aucun. Et c'est sans compter certaines allusions incompréhensibles que l'éditeur (Séguier, en l'occurence) n'a pas jugé bon d'expliciter. Bref, vingt pages pendant lesquelles on s'emmerde. Il y a peut-être une petite phrase De Wilde qui fait sourire, et ça s'arrête là. Vous n'apprendrez rien sur Whistler ou sur Wilde par ce biais.


Quant aux très courts texte suivants regroupés sous le sous-titre "Les critiques, et mes propositions", ça n'est pas plus passionnant. Notons au passage que ces deux regroupements de textes très brefs (car ce n'est que ça, il ne s'agit aucunement d'extraits d'une correspondance suivis d'un essai) sont issus d'un livre plus gros, The Gentle Art of Making Enemies, où, entre autres, Whistler parlait de son procès contre John Ruskin. Oui, parce qu'avant d'envoyer des piques à Oscar Wilde et à certains critiques, Whistler s'était déjà légèrement emporté contre John Ruskin, écrivain, critique et peintre, ayant beaucoup influencé les Préraphaélites qui - et je ne m'avance pas beaucoup en disant ça - ont laissé un peu plus de traces dans l'histoire de l'art que Ruskin lui-même... Revenons donc à Whistler et Ruskin : Ruskin avait sorti un truc bête et méchant sur un tableau aujourd'hui très célèbre de Whistler, Whistler s'était énervé plus que de raison et avait intenté, contre tous les conseils de ses amis, un procès à Ruskin, procès ayant presque réussi à ruiner ledit Whistler. Et pour en revenir à notre livre, il se trouve que la maison d'édition Séguier avait publié en 1995, en même temps que Mon ami Oscar Wilde..., un autre extrait de The Gentle Art of Making Enemies traduit en français, consacré à ce procès entre Whistler et Ruskin et intitulé (de façon extrêmement extravagante) : le Procès contre Ruskin. Étonnamment, ces deux livres de chez Séguier ont été réédités depuis 1995 ; j'ai beau chercher qui pourrait bien dépenser de l'argent pour acheter des extraits d'un texte que les passionnés de Whistler vont plutôt lire dans son intégralité et en anglais (car peu de livres intéressants sur Whistler existent en français), je ne vois pas... Pas encore, du moins.


Donc, "les critiques, et mes propositions". Déjà, ça commence avec un texte de Baudelaire qui chante les louanges de Whistler, et là je dis : non. Non. Non non non. Whistler ne pouvait évidemment pas savoir quand il a publié son bouquin (et il n'en aurait eu cure, je pense) qu'on allait endoctriner le public des musées français pendant des décennies avec les critiques d'art de Baudelaire. Mais moi, je le sais pour l'avoir beaucoup vécu. Et que je te cite Baudelaire (ainsi que Théophile Gautier, qui pose un autre problème) à toutes les sauces dans les visites thématiques des musées, et que je te publie les critiques de Baudelaire en livre de poche, en faisant croire que les platitudes de Baudelaire sont d'une acuité extraordinaire. Stop ! Lisez Les Fleurs du Mal ou je ne sais quoi d'autre si vous aimez Baudelaire, mais arrêtez de nous le présenter comme un critique d'art pointu, ce qu'il n'était pas, ce qu'il n'a jamais été. J'en veux pour preuve ce qu'il a pu dire sur la photographie - là-dessus, d'ailleurs, Whistler était à peu près aussi peu visionnaire que Baudelaire. Ce n'est pas parce que Baudelaire a été un grand poète que chaque phrase qu'il a écrite ou prononcée était intelligente, loin s'en faut. Bref. Bon, ben "Les critiques, et mes propositions", c'est sans intérêt. Parfois Whistler essaie d'être drôle (or l'humour, c'était visiblement pas vraiment son fort), parfois il s'énerve et explique ce que l'art est pour lui (et malheureusement, c'est très court et donc très insuffisant), parfois il dit des sottises (sur la photographie, notamment), et parfois (et c'est seulement là qu'on trouvera le livre un peu drôle), il donne à lire des extraits d'articles écrits par des critiques décérébrés qui, à l'évidence, ne comprenaient rien à la peinture de Whistler.


Je le répète : ne lisez pas ce livre. Que vous soyez intéressés par Wilde ou par Whistler, ou par les deux, vous trouverez forcément mieux ailleurs. J'avoue que le monde de l'édition française ne cesse de me surprendre. Ainsi que le monde des bibliothèques. Pourquoi ce livre, qui va bientôt avoir trente ans, n'a-t-il pas disparu des collections de ma bibliothèque municipale, alors que des tas d'autres bouquins de qualité sont soit désherbés, soit jamais achetés ? Pourquoi et pour qui publie-t-on ce genre de livres ? Pas pour les passionnés De Wilde et de Whistler, qui iront voir ailleurs. Pour des snobs qui aiment à faire les malins en brandissant une niaiserie pas chère (si l'on considère que 7,50 euros pour un livre pareil, c'est pas cher ; selon moi, c'est du pur et simple vol) signée Whistler ? Probablement. Il y eut en 1995 une rétrospective Whistler au musée d'Orsay à Paris, donc on comprend bien que ce genre de fanfreluche a dû se vendre comme des petits pains à la boutique du musée cette année-là (les boutiques de musées sont des machines à arnaquer les visiteurs, ce n'est plus à démontrer). Que le même livre ait été réédité depuis, voilà qui laisse davantage songeur.
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"White has a dark side."
Featuring: Symphony in White, No. 1: The White Girl by James McNeill Whistler, 1872
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