Tout d'abord merci à Babelio pour son opération Masse Critique et aux éditions Tanibis pour l'envoi du livre.
Au premier contact avec le livre j'ai été étonné de voir un si petit format (10 x 13 cm), assez inhabituel pour une bande dessinée. Ceci dit, l'éditeur est connu pour publier des ouvrages un peu décalés et originaux. Au fil des pages, difficile aussi d'y voir une BD traditionnelle, car chaque page est composée d'une illustration pleine page à la craie et le texte n'est pas dans des phylactères. Cependant, ce n'est aucunement dérangeant, la lecture reste fluide.
Premièrement, un mot sur l'auteur.
Mehdi Melkhi signe avec «
Qu'est-ce qui arrive ? » son premier livre. Peu d'infos sur lui, donc, c'est encore un parfait inconnu dans le monde de la BD. On peut tout de même suivre son actu (car il compte bien publier d'autres livres !) sur son blog : http://mehdimelkhi.blogspot.fr/
Cet album raconte l'arrivée d'un petit homme devant la porte du logement de sa vieille mère. Quand elle ouvre, stupeur ! L'homme ne reconnaît pas sa mère dans la forme étrange et flasque qui lui ouvre (pour ne pas dire carrément monstrueuse). Mais la mère le rassure, si si, c'est bien moi, je vais te raconter. Elle l'invite donc à s'asseoir pour boire le thé, et se met à lui raconter sa métamorphose depuis la mort de son mari. Elle semble s'accommoder de ce nouveau corps, verse le thé dans la tasse (certes, un peu maladroitement) et son fils l'écoute attentivement, et finit par accepter la nouvelle « forme » de sa mère, sans amenuiser l'amour qu'il lui porte.
L'utilisation des seules couleurs noir / marron / ocre m'ont un peu semblé noircir le propos, lui donnant un côté un peu glauque, renforçant la monstruosité de la mère. On peut bien sûr voir le livre et surtout cette transformation de la mère comme une métaphore du deuil, la souffrance de la perte d'un être cher qui transforme la vie de celui qui reste mais je n'ai pas vraiment adhéré à cette utilisation assez noire, je trouve, du surnaturel…
Je suis d'autant plus surprise que j'ai lu sur le blog de l'auteur qu'il avait au départ conçu le livre pour les enfants, afin d'évoquer le deuil pour les plus jeunes. Mais les éditeurs l'ont trouvé trop dur. Je partage cet avis. Il me met déjà, moi, mal à l'aise, alors je me demande comment réagiraient des enfants à sa lecture… Malgré tout, le surnaturel est accepté par les deux personnages, qui discutent et réagissent normalement à cette situation presque kafkaïenne (la mère n'est pas devenue cafard mais sa peau coule peu à peu et se fige dans cet état de semi liquéfaction qui finit par se rigidifier…). le livre est plein de mélancolie et de tristesse, le fils parle peu et la mère semble vouée à une mort inéluctable si son corps continue de changer ainsi, l'étouffant et l'handicapant progressivement. Mais le propos en lui-même, ainsi que les illustrations, sont vraiment peu prolixes. C'est plus une évocation qu'une réflexion ou une introspection dans les ressentis des personnages. Et c'est peut-être ce manque de mots ou d'images qui ne me convient pas. Mon imagination ne me transporte pas là où l'auteur voulait probablement qu'aille le lecteur… Je n'ai pas su capter l'essence de ce livre, et j'en suis fort frustrée. J'ai malgré tout hâte de découvrir son futur travail !
Chacun ressentant les livres différemment, n'hésitez pas à découvrir ce petit album de BD pour vous faire votre propre idée !