Vous voici, dans un village du nord de l'Australie, un « Ghost-town » vidé de sa substance après l'exploitation abusive du coton.
De nos jours.
Dans une ambiance apocalyptique hein, car le chaos est en cours.
Près d'une vingtaine d'habitants végètent dans cette zone devenue désertique ; tous soumis à l'autorité d'un shérif corrompu.
Des individus déjantés, des primitifs, qui se rentrent dans le lard pour un rien, pour une parole mal placée ; ou juste pour des pulsions violentes ou des besoins sexuels à satisfaire sur presque tout ce qui bouge, baignés dans l'alcool et dans la drogue… ; c'est un véritable carnage qui s'approche, de la folie qui devient incontrôlable dans un endroit isolé.
Dans cette fournaise au relent diabolique, comme si cette décadence ne suffisait pas, des animaux attaquent, en nombres !
Tout est art.
Le titre est une figure de style, l'ironie.
Une antiphrase, pour dire « bienvenue à… » dans le sens : « vous n'êtes clairement pas la bienvenue… ».
Ou bien si, mais vous y pénétrez à vos risques et périls. Une bienvenue au sourire carnassier.
Les lecteurs qui ne connaissent l'auteur que depuis sa médiatisation plus importante, en l'occurrence ont-ils déjà pris connaissance des polars noirs comme «
Sale temps pour le pays » et les deux autres tomes de la trilogie anglaise, ou encore de son récent polar historique « La voie secrète » ; d'aucuns s'étonneraient de l'orientation choisie cette fois-ci.
Quelque chose avec un air de fantastique.
Vous comprendrez que l'auteur aime varier les plaisirs.
Toutefois faut-il préciser aussi qu'il avait déjà, dans ses débuts d'écrivains, attaqué la frontière SF avec deux de ses premiers livres peut-être moins connus «
Maison fondée en 1959 » (2012) et «
le rhume du pingouin » (2008) !
Dans son genre surréaliste, on y décèle des influences ou un rappel au premier coup d'oeil d'une version gore de la révolte des animaux dans « Animal Farm » de
Georges Orwell ; avec des oiseaux Hitchcockien, ou ceux de « La part des ténèbres » kingienne… et... de toute manière, se dévoileront autant de références qu'il y aura de personnes qui approcheront ce texte. Et bim ! La facilité.
La référence à
Jackson Pollock le peintre : "Man, Bull, Bird, » (1938-41)", une oeuvre surréaliste dont il ressort des dominances de couleurs vives et frappantes, rouges, jaunes, oranges, au teint désertique et sanglant ; influencé par la culture amérindienne et le chamanisme. Et l'alcool. Ce sont exactement ces couleurs et la vivacité qui ressortent du livre parfois abstrait, mais d'une cohérence pointue.
En parlant de ville fantôme, connaissez-vous l'autre Pollock, l'écrivain américain, Donald Rey , révélateur de la noirceur d'une ville reculée comme Knockemstiff (bute les raides) !
Comment ne pas apprécier ?
Il y a là une belle prise de risque, une tentative victorieuse de créer une oeuvre artistique dans son entièreté, l'usage de l'extravagance pour définir une réalité humaine souillée, la cruauté des actions, les tons coupant, rythmé, rapide et agressif ; parfois avec des mots sonnant comme des haïkus crachant haine, sang et réalisme déchirant ; pour tout cela et la démence dans laquelle le lecteur sera bousculé, de par son originalité fine ; ce travail psychédélique hallucinogène provoque jubilation et réflexion !