J'ai eu l'honneur de recevoir à la dernière Masse Critique Graphique de l'année 2021 un charmant roman graphique dont la couverture est, ma foi, bien agréable à regarder, et bien vite j'ai pris plaisir à l'avoir en main. Bravo aux éditions Sarbacane pour ce beau livre ! Je commençai donc sa lecture avec un très bon feeling.
J'avoue avoir été fort surprise par le style du dessin en général, sans non plus être rebutée puisqu'il attisait surtout ma curiosité. Comment ? En me plongeant dans cet univers urbain de Chogsu Siti avec une efficacité monstre : j'avais la sensation d'y être, de respirer son air pollué, d'arpenter ses ruelles. Ce sont ensuite les couleurs qui m'ont particulièrement marquée : je les trouvais surprenantes par leur douceur alors que les scènes illustrées pouvaient être violentes par moment. Des couleurs parfois pertinentes par leur absence puisque
Kill Annie Wong alterne des planches en couleur et des planches en noir et blanc qui vont intelligemment permettre des ruptures chronologiques sans causer aucune incompréhension chez le lecteur. le noir et blanc sert aux flashbacks qui nous apprennent l'histoire d'Enzo enfant pour mieux comprendre Enzo le tueur à gage dans le récit présent…
D'ailleurs Enzo mérite d'être évoqué tant son personnage est difficile à cerner mais auquel on ne peut que s'attacher au fur et à mesure. C'est à la fois un fils aimant sa maman de façon inconditionnelle, un homme au physique impressionnant mais rêveur et solitaire, un tueur à gage d'une efficacité redoutable, un grand mélomane dans l'âme, et même un homme au grand coeur… Je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher au cours de ma lecture de penser à Léon, personnage éponyme du film de
Luc Besson avec
Jean Reno, tueur à gage lui aussi et qui prend sous son aile la petite Mathilda subliment jouée par la talentueuse
Natalie Portman (#grandefan). Et mon petit doigt me dit que c'était voulu. Bref. En tous cas Enzo va en quelque sorte rencontrer lui aussi sa Mathilda : Annie Wong. (Oui celle dont il est question de tuer. Intéressant, n'est-ce-pas ?) Annie est d'ailleurs un personnage tout aussi intéressant et incarne cette femme qui cherche à être libérée (et c'est pas si facile ! Vous avez la référence ?), voire peut-être délivrée (Désolée pour cette référence-ci mais sérieusement vous comprendrez ce choix de mot en le lisant…). Je n'en dirais pas plus de peur d'en dire beaucoup trop.
Pour finir, j'aimerais commenter l'intrigue, qui est tout simplement tout aussi prenante que le graphisme et les personnages qu'elle met en scène. Au programme : courses poursuite, assassinat, complots et corruption. Aussi, je pense ne pas beaucoup m'avancer en affirmant qu'il s'agit d'un excellent thriller urbain qui devrait convenir à tout amateur de polar. J'ai été pour ma part plus que convaincue, et je remercie grandement Babelio et les éditions Sarbacane pour l'envoi de ce livre et cette très belle découverte.